Shahak Shapira, un artiste israélien vivant en Allemagne, tourne en dérision les visiteurs de ce lieu de mémoire qui se prennent en photo hilares ou dans des poses indécentes
Rien que le nom du projet interpelle : Yolocaust. Un artiste israélien vivant en Allemagne a lancé sur internet une campagne de photomontages choc pour dénoncer la mode qui consiste à prendre des selfies tout sourire au mémorial de l’Holocauste de Berlin. L’intitulé du projet de Shahak Shapira, artiste et écrivain satirique de 28 ans, est la contraction des mots Holocauste et de l’acronyme anglais “yolo” (“You only live once”, “On ne vit qu’une fois”).
Sur le site internet, on peut voir une galerie de ces clichés postés, selon l’artiste, sur les réseaux sociaux : une jeune fille faisant du yoga, une autre prenant une pose langoureuse ou un homme jonglant au milieu des imposantes dalles grises érigées à la mémoire des plus de six millions de Juifs assassinés pendant la deuxième guerre mondiale. Lorsque l’on passe sa souris sur ces images, le fond change pour laisser apparaître des photos prises dans les camps d’extermination. Résultat : les héros des clichés se retrouvent en train de piétiner des piles de cadavres ou devant des déportés décharnés.
Yolocaust: selfies taken at the Holocaust Memorial: Israeli author Shahak Shapira found a use for foolish and… https://t.co/z0xP9rus1A pic.twitter.com/2jayG2mCCA
— Maria T. Smith (@mariatsmith) 19 janvier 2017
Faire “honte” aux auteurs des photos
L’artiste revendique vouloir faire “honte” aux personnes qui figurent sur les photos et propose à ceux qui auraient des remords d’envoyer une demande de “désabrutisation” pour que leur photo soit retirée du site. Les photomontages de l’artiste, qui habite en Allemagne depuis l’âge de 14 ans, ont été mis en ligne mercredi 18 janvier et sont rapidement devenus viraux. Le site a même été momentanément indisponible jeudi en raison d’un trop grand nombre de visiteurs.
Shoah selfies: Israeli satirist shames Holocaust tourists who pose “on dead Jews” https://t.co/bXZPRHLpz2
— Haaretz.com (@haaretzcom) 19 janvier 2017
Certains internautes soulignent que l’architecte du mémorial, Peter Eisenman, avait insisté sur le caractère non funéraire du lieu, inauguré en 2005 en plein cœur de la ville. Il est constitué d’un musée et d’un vaste parvis grand comme trois terrains de football, recouvert de 2 700 blocs de béton de différentes tailles. Le mémorial est devenu l’une des principales attractions touristiques de la capitale.
Petit-fils de déporté
L’éditeur de Shahak Shapira explique que ce dernier est le petit-fils d’Amitzur Shapira, l’un des onze Israéliens assassinés aux Jeux olympiques de 1972 par un commando de militants palestiniens, et que son autre grand-père est un rescapé de la Shoah. L’artiste avait fait la une des journaux en 2015 après avoir été attaqué par de jeunes musulmans qui avaient entonné sur son passage des chants antisémites et n’avaient pas apprécié d’être filmés.
L’artiste dédie aussi son “Yolocaust” à un responsable du parti d’extrême droite AfD, Björn Höcke, qui a choqué mercredi en déplorant l’existence du mémorial, qu’il qualifie de “monument de la honte”, dans la capitale allemande.
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