Le plateau du Golan, joyau stratégique pour Israël

En reconnaissant « formellement », le 25 mars, une « souveraineté » d’Israël sur la partie du Golan syrien occupée en 1967 puis annexée par l’Etat hébreu, le président des États-Unis Donald Trump a rompu avec une constante de la diplomatie américaine et accédé à l’un des souhaits les plus chers du Premier ministre Benjamin Netanyahou. Il a également braqué les projecteurs sur un territoire hautement stratégique au cœur du Proche-Orient.

Un char de l’armée israélienne a été déployé sur le plateau du Golan, près de la frontière syrienne, le 1er juillet 2018. (Armée israélienne)

Enserré par Israël à l’ouest, le Liban au nord, la Syrie à l’est, et la Jordanie au sud, le plateau du Golan, un territoire de près de 1 200 km2, offre une vue imprenable sur la Galilée et le lac de Tibériade du côté surplombant Israël, et domine, du côté syrien, la route vers Damas et le sud de la Syrie. Sa situation au carrefour de quatre pays, est, selon les Israéliens, vitale pour la sécurité et la défense des frontières de l’État hébreu. Durant la première guerre israélo-arabe (1948-1949), l’armée syrienne avait transformé le Golan en un fortin militaire d’où elle pilonnait le nord de l’État hébreu en contrebas.

Château d’eau

En plus de sa situation géographique exceptionnelled’un point de vue militaire, vient s’ajouter une donnée hydro-politique qui laisse entrevoir l’importance stratégique de ce territoire long de près de 70 kilomètres environ et large de 25. Gorgé d’eau dans une région aride, le plateau du Golan abrite en effet d’importantes sources qui se jettent dans le Jourdain, l’une des principales alimentations en eau douce d’Israël, et le lac Tibériade, qui fournit le tiers de la consommation d’eau israélienne. La problématique de l’accès à l’eau fût à l’origine de nombreux contentieux entre la Syrie et l’État hébreu au milieu des années 1960, Damas accusant Tel Aviv d’avoir détourné plusieurs sources du Jourdain à son profit.

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Grâce à cette eau, le territoire, qui appartient à la Syrie depuis son indépendance en 1946, un fait et une frontière qu’Israël n’avait jamais contesté avant 1967, était réputé pour ses pommiers et ses vignes et ses élevages de bovins et d’ovins. Très fertile, le Golan était un fournisseur essentiel de légumes et d’agrumes des marchés de Damas.

Conquis en 1967, annexé en 1981

En juin 1967, pendant la guerre des Six-Jours, l’armée israélienne s’empare du Golan et des positions militaires syriennes. Selon les autorités syriennes, plus de 150 000 réfugiés ont dû quitter leurs villages après la conquête israélienne. D’autres sont restés dans la partie contrôlée par Israël où vivent aujourd’hui environ 20 000 druzes, dont la majorité refuse la nationalité israélienne.

Une portion supplémentaire du plateau a été occupée par Israël lors de la guerre d’octobre 1973, après avoir repoussé un assaut syrien. Une portion restituée en 1974 en vertu d’un accord signé à Genève entre les deux voisins, comprenant une petite partie des territoires occupés en 1967, notamment la ville en ruines de Quneitra.

L’accord de Genève, élaboré par la diplomatie américaine, a mis en place une zone-tampon démilitarisée et créé une force des Nations unies pour l’observation du respect du cessez-le-feu et le désengagement israélien (FNUOD). Malgré cet épisode, ce territoire disputé n’aura de cesse d’entretenir les tensions entre les deux pays, toujours officiellement en guerre, faute d’un traité de paix. Un territoire qualifié de « l’Alsace-Lorraine syrienne », par Fabrice Balanche, géographe spécialiste de la Syrie, maître de conférences à l’Université Lyon 2, dans son « Atlas du Proche-Orient arabe ».

Au fil des ans, les différents gouvernements israéliens y ont encouragé l’installation de colonies (plus de 20 000 colons y vivent aujourd’hui) et d’établissements agricoles, malgré les condamnations de l’ONU dès 1967. Ignorant les pressions internationales, Tel Aviv refuse de se retirer du plateau au nom « d’une menace stratégique permanente » que constituerait un contrôle syrien des hauteurs du Golan.

Cet argument est une constante de la ligne israélienne, défendue par les figures emblématiques de l’État hébreu, et aujourd’hui par Benjamin Netanyahou.

« Je connais personne qui, après avoir gravi les hauteurs de Golan, déclare qu’Israël ferait mieux de se retirer et de laisser les Syriens y installer leurs canons », affirmait Golda Meïr, Première ministre israélienne dans une interview accordée à la revue américaine Life Magazine, en 1969. En février 1974, s’adressant à des Israéliens installés dans le Golan, elle déclarait considérer ce territoire comme une partie inséparable d’Israël. « Chaque colonie du Golan est une partie intégrante de notre pays, je ne crois pas qu’Israël retournera derrière les lignes de cessez-le-feu de juin 1967 ».

En décembre 1981, l’État hébreu et le Premier ministre Menahem Begin franchissent une nouvelle étape en décidant d’étendre la loi, la juridiction, l’administration israéliennes au territoire syrien occupé sur les hauteurs du Golan. Une annexion que la communauté internationale n’a jamais reconnue, et que l’ancien président syrien Hafez al-Assad n’a jamais acceptée. À l’époque, les États-Unis condamnent une initiative qui constitue une « violation du droit International contraire aux résolutions de l’ONU ». De son côté, la Communauté européenne (qui deviendra plus tard l’UE) avait qualifié la décision de Tel Aviv de « nulle et non avenue ».

Théâtre d’affrontements

Une position occidentale unanime, jusqu’à la signature par Donald Trump du décret reconnaissant la « souveraineté » d’Israël sur ce territoire, toujours revendiqué par Damas, et déstabilisé ces dernières années par la guerre en Syrie.

Leversant syrien du Golan a été le théâtre d’intenses combats entre rebelles et régime syrien après le soulèvement de 2011, qui s’est ensuite transformé en conflit armé. Des casques bleus de la FNUOD ont parfois été pris à partie. Une instabilité qui a favorisé de fréquents tirs au mortier en provenance de Syrie sur le plateau, entraînant une riposte de l’armée israélienne.

En janvier 2015, dans un raid visant des membres du Hezbollah, déployés en Syrie en soutien du régime de Bachar al-Assad, Israël a tué des militaires iraniens dont un général. Mi-mars 2019, l’État hébreu a accusé le mouvement chiite libanais d’établir secrètement dans le Golan syrien, près du territoire sous son contrôle, un réseau militaire avec l’aide de l’Iran.

Source : france24.com

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