La BD israélienne : les jumeaux HANUKA lui donnent un nouveau souffle

L’un s’est formé aux Etats-Unis, l’autre en France, l’un cite Marvel, l’autre Moebius, et leur collaboration produit un style unique et d’une immense force graphique: les jumeaux Tomer et Asaf

Hanuka donnent un nouveau souffle

à la BD israélienne à l’étranger.

Les jumeaux Tomer(g) et Asaf Hanuka (d) au Festival international de la bande dessinée d'Angoulême le 30 janvier 2015
Les jumeaux Tomer(g) et Asaf Hanuka (d) au Festival international de la bande dessinée d’Angoulême le 30 janvier 2015

Ils viennent de publier ensemble »Le Divin » (Dargaud), avec le scénariste Boaz Lavie, l’histoire d’une guérilla menée par des enfants aux pouvoirs magiques contre des mercenaires américains, mêlant réel et fantastique, riche de dessins somptueux. Une plongée en enfer basée sur l’histoire vraie de la God’s Army en Thaïlande et en Birmanie.
Pour « Le Divin », projet dont la genèse a duré des années, Asaf a fait les dessins et Tomer les encrages. « Cette BD reste très israélienne, par la violence du monde qu’elle raconte », souligne leur scénariste, Boaz Lavie.
« Le Divin » n’est pas leur première collaboration : les deux frères avaient ensemble dessiné l’une des scènes oniriques du film d’animation « Valse avec Bachir », d’Ari Folman, qui avait connu un succès international en 2009.
Asaf Hanuka est une star en Israël, où il a dépeint pendant deux ans dans un mensuel son quotidien à Tel-Aviv, entre addiction aux réseaux sociaux, problèmes de logement et alertes aux roquettes, avec un humour décalé et désinvolte, dans un style européen.
Il en avait tiré un album: « KO à Tel Aviv », paru en France en 2012 chez Steinkis, qui avait remporté de nombreux prix et avait été très bien accueilli par la critique en France.

UNE BD MONDIALISÉE

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Plus influencé par les comics américains, avec un graphisme aux couleurs chatoyantes et vivantes, Tomer, qui est allé se former aux Etats-Unis, y est devenu l’un des illustrateurs les plus en vogue, avec des couvertures dans des magazines comme The New Yorker ou Rolling Stones.
Autre représentant de cette nouvelle génération israélienne, le dessinateur Gilad Seliktar, qui vient de publier « Tsav 8 » aux éditions Çà et là, après « Ferme 54 » qui figurait dans la sélection officielle du festival d’Angoulême en 2009.
Ce roman graphique aborde un aspect peu connu de la société israélienne: tous les Israéliens sont réservistes jusqu’à 40 ans. L’auteur raconte comment il a reçu en 2012 un « Tsav 8 », un ordre de mobilisation quand, sous les roquettes, l’état d’urgence est décrété et l’armée prépare une intervention à Gaza. Il est envoyé rechercher les réservistes pour leur remettre leur ordre de mobilisation dans tout le pays.
« Israël n’est pas un pays de tradition de bande dessinée, les auteurs israéliens ne publient presque pas en Israël car le marché est trop exigu, donc ils doivent devenir internationaux, pour une BD mondialisée »
« Mais ils sont complètement israéliens, parlent de la réalité en Israël. Et la plupart de ces artistes sont assez corrosifs et critiquent la politique de leur gouvernement. »
Beaucoup des nouveaux auteurs sortent de l’Ecole des Beaux-Arts de Bezalel, comme Glad Seliktar, école où enseigne l’un des pères de la BD israélienne, Michel Kichka.
« La bande dessinée reste pour l’instant une niche en Israël. Cet album, +Le Divin+, ne sera pas vendu là-bas », a souligné cette semaine Tomer Hanuka, de passage à Paris juste avant Angoulême.
« Contrairement à la France où dès l’enfance on lit +Astérix+, en Israël on ne grandit pas avec des bandes dessinées. Mais avec internet, les jeunes ont pu découvrir et lire des BD. Et j’enseigne la BD à l’université où j’ai une quarantaine d’élèves par an, dont beaucoup veulent être auteurs de BD », explique Asaf.
Laurence Benhamou

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