Gilbert Chikli, présenté comme le pionnier de l’arnaque au “faux président”, a été condamné en son absence mercredi à 7 ans de prison et un million d’euros d’amende pour des escroqueries au préjudice de banques et d’entreprises.
Le parquet avait requis dix ans d’emprisonnement contre cet homme de 49 ans, en fuite et réfugié en Israël. Le tribunal correctionnel de Paris a également prononcé des peines allant de 1.500 euros d’amende à quatre ans de prison et 50.000 euros d’amende contre douze autres prévenus et en a relaxé deux autres.
Le tribunal a en outre maintenu les effets du mandat d’arrêt international dont Gilbert Chikli fait l’objet. Il s’était réfugié en Israël en 2009, après sa mise en examen en France et plusieurs mois de détention provisoire.
“Le tribunal a suivi l’idée” que Gilbert Chikli a “créé le mode opératoire des faux virements, tout en le condamnant à une peine, qui, s’il souhaite se présenter” à la justice française, “permet un processus d’aménagement de sa peine”, a souligné son avocat, Me David-Olivier Kaminski.
Au total, les banques et entreprises parties civiles se sont vu allouer plus de 5,5 millions d’euros de dommages et intérêts. Parmi elles figurent Accenture, Alstom, HSBC, la Banque postale, le Crédit lyonnais, Thomson Technicolor.
Doté d’un grand sens de la persuasion, Gilbert Chikli contactait de grosses entreprises en se faisant passer pour le président de la société puis, dans un second temps, pour un agent des services secrets. Il arrivait ainsi à se faire remettre d’importants virements ou espèces de responsables d’agence ou de comptables en invoquant notamment la lutte contre le blanchiment ou le terrorisme.
ON A LE DON OU ON NE L’A PAS
Selon le parquet, 33 banques ou sociétés et 52 employés de ces entreprises en ont été victimes en 2005 et 2006. La plupart des employés piégés ont été licenciés.
Au total, 7,9 millions d’euros ont été détournés, 52,6 millions qui avaient fait l’objet d’un virement ont été récupérés in extremis et 20 millions sollicités n’ont pas été transmis après une ultime vérification des entreprises ciblées.
A l’audience, la procureur Alice Chérif avait expliqué que Gilbert Chikli était le pionnier de ce type d’escroquerie qui a proliféré à partir de 2010 et est devenu aujourd’hui “un véritable fléau qui porte atteinte au système économique français”. Selon une estimation récente, 710 escroqueries pour un préjudice total de 365 millions d’euros ont été recensées auxquelles s’ajoutent 985 tentatives portant sur 700 millions qui ont été déjouées à temps.
UN FILM DE PASCAL ELBÉ
Chikli est devenu depuis l’affaire une célébrité dans le milieu “des escrocs de haut vol” et son histoire rocambolesque inspire un film, en cours de tournage, du réalisateur Pascal Elbé. Interrogé en 2010 par une télévision française, il ne contestait pas les faits assurant ne pas être un escroc et avoir agi par “jeu”.
“On contacte des entreprises, des banques, on se fait passer pour leur président et, avec une déballe (tchatche, NDLR) assez exceptionnelle, on arrive à se faire remettre des virements ou des espèces pour des montants importants. On a le don ou on l’a pas, c’est comme les grands acteurs. Moi, on peut considérer que j’ai un don”, avait-il lancé crânement.
Les deux principaux complices de Gilbert Chikli, David Attiach et Israël Eligoola, ont été condamnés à la même peine de quatre ans d’emprisonnement et 50.000 euros d’amende.
AFP
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