La mort d’un adolescent de 17 ans est un drame. Je ne peux même pas imaginer que certains puissent se réjouir à l’idée que ce soit un adolescent arabe. Loi du talion ? Vengeance ? Si des juifs pensent qu’on rachètera le sang versé en versant du sang innocent, c’est grave, et s’ils pensent que le sang arabe n’est jamais innocent, c’est désespérant.
Alors, je suis triste qu’un enfant de plus soit emporté dans cette tourmente. Mais je suis aussi en colère. Quand Eyal, Neftali et Gilad ont disparu, la presse a persisté pendant des jours et des jours à mettre en doute leur enlèvement. Elle a tenté sournoisement de justifier l’injustifiable en les appelant inlassablement des “colons”, comme si leur lieu d’habitation pouvait expliquer ce qu’on pourrait leur faire subir.
Quand la mort des enfants a été annoncée, certes les mots de compassion, les condoléances, sont venus. Mais à chaque fois, ceux qui les prononçaient prenaient soin de les accompagner de demandes de “retenue” de la part d’Israël. Plutôt que de mettre l’accent sur la douleur des familles, la douleur d’un pays, les média nous ont gavés d’images de villages arabes bloqués, de femmes palestiniennes éplorées parce que leur maison avait été détruite.
VENGEANCE SAUVAGE OU CRIME D’HONNEUR
Au contraire, quand un enfant palestinien meurt, pas un seul instant l’opinion mondiale ne doute que sa mort ne soit imputable à une vengeance sauvage des israéliens. Un concert unanime de condamnation s’abat sur Israël, plus vite qu’on ne peut l’écrire. Quand le Hamas proclame qu’il n’est pour rien dans la disparition de trois “colons” juifs, il reçoit de partout un écho complaisant. Quand les israéliens annoncent qu’ils travaillent à la recherche de la cause de la mort de cet adolescent palestinien, quand ça et là on entend des rumeurs de possible crime d’honneur, de liquidation d’un collaborateur, c’est au contraire un silence médiatique abyssal qui se fait.
Un excellent article de Maariv explique très justement que le pays a un réel problème de propagande, oui, c’est le mot employé, et c’est le mot juste. Toute la classe politique israélienne s’est flagellée, les mots les plus durs pour condamner cet acte, donné à priori comme commis par des juifs ont été prononcés par des israéliens.
Lors de la commémoration qui a eu lieu mardi à Lyon à la mémoire de nos trois enfants disparus, le Dayan Touboul a eu des mots parfaits. Il a posé la question suivante : que pouvons-nous faire pour que le sacrifice de ces trois vies ne soit pas vain à jamais ? Et sa réponse, est simple : nous devons faire preuve d’humanité. Et justement, ceux qui recherchent cette humanité sont révulsés à la seule idée qu’un tel crime puisse être commis par un juif, et n’attendent même pas d’en avoir la totale confirmation pour s’en démarquer.
Et cela nous dessert, certes. Mais que préférons-nous ? Un peuple trop prompt à porter le poids d’une faute non avérée, ou un peuple qui crie de joie quand trois enfants sont kidnappés, assassinés ? Un peuple capable d’assumer collectivement les erreurs de l’un des siens si elles sont trop monstrueuses ou un peuple qui au contraire va en faire des raisons de se réjouir ?
Des enfants sont morts, leurs assassins sont des monstres, et si demain l’enquête menée par la police israélienne venait prouver qu’aucun de ces crimes n’est imputable à un juif, je serais sans doute soulagée, mais certainement pas plus heureuse.
Line Tubiana
http://www.nrg.co.il/online/1/ART2/592/381.html?hp=1&cat=404&loc=17
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