En Israël, les membres d’un kibboutz sont devenus des millionaires en puissance grâce à un système d’irrigation d’une efficacité hors pair.
«Contrairement à Utopia de Thomas More, personne n’a écrit “Kibboutz”», plaisante dans un anglais impeccable Chelo Tunik, membre depuis 48 ans du kibboutz Hatzerim. «Il y aurait pourtant beaucoup à raconter. Hatzerim, par exemple, est l’un des kibboutz les plus difficiles à intégrer et l’un des plus demandés: il faut au moins dix-huit mois pour avoir une chance d’être admis». Pourtant en cette fin d’hiver, la chaleur est déjà lourde et le calme est troublé régulièrement par d’assourdissants avions de chasse qui survolent ce site verdoyant. Située dans le désert du Néguev en Israël, à une dizaine de kilomètres de Beer-Shev’a, cette communauté suscite de nombreuses vocations. Et pour cause: ses 500 membres sont des millionnaires en puissance.
Ici a été mis au point un système d’irrigation qui permet d’économiser jusqu’à 50 % de la consommation d’eau par rapport aux systèmes concurrents. Une performance qui s’explique par la forme aérodynamique de petits tubes en polyéthylène adaptée à toutes les cultures et les terrains. «Les premiers ressemblaient à de simples spaghettis enroulés dans un tube que nous coupions à la longueur désirée pour avoir une pression constante à la sortie et un écoulement laminaire, explique Chelo Tunik. Au fil des ans, nous avons élaboré des systèmes plus élaborés, adaptés notamment aux terrains en pente». Dans le berceau de l’entreprise, à Hatzerim, une usine emploie plus de 100 membres de la communauté pendant huit jours complets et 24 heures sur 24.
«Ici, la terre et l’eau sont salées»
Spécialisée dans le goutte-à-goutte pour l’agriculture, la société Netafim a été créée à Hatzerim en 1965. «À l’époque, nous étions le cinquième kibboutz visité par Simcha Blass, un ingénieur d’origine allemande, à l’origine de l’idée de la micro-irrigation, raconte Natan Barak, directeur commercial de Netafim. Il avait tenté en vain de la proposer ailleurs. Mais ici, la terre et l’eau sont salées et nous avions peu d’activité à l’époque».
En 2011, le fonds d’investissement Permira a acquis 61 % du capital de Netafim, sur la base d’une valorisation de 900 millions de dollars. À présent, le kibboutz conserve 33 % du capital de Netafim qui a 19 usines dans le monde, dont 3 en Israël, et compte plus de 4 000 salariés. «Nous sommes son ADN, affirme le directeur commercial pour justifier que Hatzerim ait conservé une participation. Nous pourrons vendre le solde à un prix plus élevé».
Et le kibboutz possède une autre richesse: l’huile de jujubes. «Nous avons commencé il y a près de vingt-cinq ans, à cultiver des jujubiers, importés du Mexique, adaptés à cette terre aride, rappelle Chelo Tunik. Nous pensions, au départ, en extraire une huile pour la mécanique. Mais l’industrie des cosmétiques achète toute notre production».
Toutes mes félicitations à mon cousin Aron Khalifa et à son épouse Yéhoudith, membres du kibboutz Hatserim depuis leur tendre jeunesse vers la fin des années 1940, dans le cadre du mouvement de jeunesse Gadna à vocation à la fois militaire et agricole.
Honneur à vous, Aron et Yéhoudith !