Yamina Thabet : elle apporte l'espoir

Depuis décembre 2012 nous vous avons plusieurs fois parlé de Yamina Thabet et de son Association Tunisienne de soutien aux minorités. 
Son action dans le domaine du respect des droits des juifs n’a jamais cessé, et l’ATSM ne relâche pas sa vigilance. Ainsi, lors de l’agression d’un juif à Sfax, fidèle à sa ligne de conduite, l’ATSM a protesté contre cet acte, et Yamina Thabet l’a relayé comme elle le fait inlassablement, pour que surtout le silence ne tombe pas sur son pays.
La position de l’ATSM est une position globale de lutte pour une Tunisie démocratique. L’ATSM a contesté sans relâche les points litigieux de la nouvelle constitution que le monde est allé célébrer le 7 février (M. Hollande aussi, bien sur), et voici ce que l’on peut lire sur la page facebook de Yamina :
8 janvier
« Le monde nous traite presque de capricieux, d’éternels insatisfaits presque d’ingrats parce que nous dénonçons certains articles de la constitution … Les réponses?? Booooof regardez la Syrie, l’Egypte. Alors qu’on soit bien clair  » vos gueules c bien pr un pays arabe, vs pouvez conduire c déjà ça » est le genre de phrase que vs pouvez garder bien au chaud parce que oui nous sommes d’éternels insatisfaits et cette génération fera de ce pays tôt ou tard un pays des libertés, de diversité et de respect« .
19 janvier
« Le SG de l’ONU conseille aux pays du « printemps » arabe de prendre ex sur la constit de la Tunisie : liberticide, pro-peine de mort, où seul un musulman peut se permettre de rêver d’être président et où l’on apprend aux enfants que l’histoire du pays se résume à 1400 ans … Universalité des droits de l’Homme » 
24 janvier
« Cette nouvelle constitution qualifiée de « progressiste » par le président de la constituante est la suivante :
1) Aucune criminalisation du racisme ou de la discrimination
2) identité tunisienne résumée en l’identité arabo musulmane et déni d’une richesse culturelle
3) enracinement ,dans l’éducation, de 1400 ans d’histoire et enterrement de siècles de civilisations et de diversité ethnique et religieuse formant des générations ignorant leur histoire et par conséquent vulnérables à la manipulation extrémiste
4) une liberté de conscience amère car minée d’une protection du sacré (vague et dangereuse pouvant être interprétée de façon dévastatrice) et impliquant le sacrifice de se présenter aux élections présidentielle réservée aux musulmans
5) peine de mort »
Pour tous ces propos, Yamina est attaquée et copieusement insultée sur les forums, et s’est également vue intenter un procès pour « discorde », qui s’est tenu le 16 avril, et dont le verdict n’a pas encore été rendu.
N’imaginez pas que Yamina est une personne âgée, qui n’a plus grand-chose à perdre, et qui a embrassé cette cause dure et dangereuse sans véritable enjeu personnel. Non, Yamina est une (belle) jeune femme de 25 ans qui a engagé sa vie et son avenir dans son combat. Le retentissement que nous donnerons à ses propos et le soutien que nous lui apporterons sont sa seule « assurance ». Si un jour le monde l’oublie, arrête de parler d’elle, il est à craindre que ses ennemis, nombreux et sans doute animés d’intentions qu’on peut qualifier de dangereuses, ne l’oublieront pas. 

Alors, contrairement au commentaire que j’ai pu lire sous l’article de Fawzia Zouari, et qui affirme que « Toutes ces personnes [qui protestent] vivent en Occident, passablement protégées. Ceci explique la liberté de parole. En terre d’Islam, il n’y a personne pour tenir ce discours », il y a des voix libres qui s’élèvent dans leurs propre pays, et Yamina Thabet en est un magnifique exemple.
Line Tubiana