La chronique de Pascale Davidovicz : Les forces de protection des femmes de Mésopotamie

Les femmes chrétiennes prennent à leur tour les armes contre Daesh.

A l’instar de leurs consoeurs kurdes et yézidies, martyrisées, violées et vendues, qui se sont dressées contre Daesh, les femmes chrétiennes savent qu’elles ne doivent plus leur salut qu’en prenant les armes.

En Syrie, des combattantes chrétiennes syriaques sont désormais en première ligne contre les djihadistes. Elles n’ont plus guère le choix.

Et pour cela elles quittent famille, travail ou études.

L’histoire d’une de ces chrétiennes de Syrie était racontée par le journal Le Parisien en décembre dernier.

Elle s’appelle Babylonia. Elle a 36 ans. Elle était coiffeuse avant que la guerre n’éclate dans son pays. Pour s’engager dans la lutte contre Daesh dans le nord-ouest de la Syrie, elle a laissé sa vie de famille, ses deux enfants, Limar et Gabrielle, âgés de 9 et 6 ans et son métier de coiffeuse pour rejoindre le bataillon composé de dizaines de femmes syriaques baptisé « Les Forces de protection des femmes de Mésopotamie ».

Son mari, qui est devenu lui aussi combattant contre l’Etat islamique, l’a encouragée à prendre les armes pour dit-il : « lutter contre l’idée qu’une femme syriaque n’est bonne que pour les activités ménagères et le maquillage ».

Elle raconte : « Mes enfants me manquent et je pense qu’ils doivent avoir faim, soif et froid mais j’essaie de leur expliquer que je me bats pour protéger leur avenir ».

« Penser à mes enfants me rend plus forte ».

combattante

« Je suis une chrétienne pratiquante et penser à mes enfants me rend plus forte et déterminée dans ma lutte contre Daesh » explique Babylonia.

Le nom de Mésopotamie fait référence aux régions historiquement habitées par cette minorité chrétienne d’Orient entre les fleuves Tigre et Euphrate.

Les syriaques parlent et prient en langue araméenne, l’hébreu ancien.

La majorité est orthodoxe ou jacobite et une minorité catholique, rattachée à Rome au 18e siècle. Ils sont présents au Liban, en Syrie, en Irak et même en Inde.

L’entraînement de la première promotion du bataillon de femmes a pris fin en août 2015.

Lucia, 18 ans, a abandonné ses études pour combattre, comme sa soeur, contre l’avis de leur mère.

« Je me bats avec une kalachnikov mais je ne suis pas encore un tireur d’élite » avoue la timide jeune fille, une croix en bois au cou et la tête couverte d’un foulard aux imprimés militaires.

« J’ai participé pour la première fois à une bataille dans la localité d’al-Hol mais mon équipe n’a pas été attaquée par des combattants de l’EI » raconte-t-elle.

Cette bataille était la première où les femmes syriaques étaient sur le front aux côtés des Unités de protection de la femme kurde.

Elle s’inscrivait dans une campagne des Forces Démocratiques Syriennes (FDS) qui a permis la reprise de dizaines de villes et de fermes aux djihadistes, dont la ville d’al-Hol, une ville contrôlée par l’Etat islamique depuis début 2014 et située sur la route d’approvisionnement en armes et en matériel entre la Syrie et l’Irak.

Une coalition de combattants kurdes, chrétiens et arabes.

Regroupant des combattants kurdes, chrétiens et arabes, les FDS ont été créées pour combattre les djihadistes dans le nord-est de la Syrie. Elles sont soutenues par Washington.

Des forces spéciales américaines assistent et entraînent les FDS dans la région.

Ormia, 18 ans, une chrétienne syrienne, a elle aussi participé à la bataille d’al-Hol.

« J’étais effrayée par les bruits des canons mais la peur s’est vite dissipée. J’aimerais tellement être en première ligne dans la lutte contre les terroristes. »

Les femmes suivent des entraînements militaires, sportifs et académiques pour résister à la tension des combats et manier les armes. Ils se tiennent dans un ancien moulin spécialement aménagé dans la banlieue d’al-Qahtaniyé.

Le bataillon des Forces de protection des femmes de Mésopotamie récemment formé a peu d’expérience et ses responsabilités militaires se limitent principalement à la protection de localités et de régions à majorité chrétienne dans la province de Hassaké.

Thabirta Samir, qui travaillait dans une association culturelle syriaque, occupe l’un des postes de commandement du bataillon et affirme qu’il compte environ 50 combattantes syriaques.

Ithraa, 18 ans, toujours souriante, a quant à elle rejoint les forces de défense parce que sa communauté est opprimée.

Certaines combattantes citent ce qui est ancré dans leur mémoire collective comme le massacre de Seyfo, perpétré en 1915 par les Ottomans contre des dizaines de milliers de syriaques, assyriens et chaldéens, dans le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de l’Iran.

« Nous voulons éviter que les jihadistes réitèrent un nouveau massacre à l’instar de celui commis par les Ottomans quand ils ont tenté d’effacer notre identité chrétienne et syriaque. »

Les Syriaques représentent en Syrie 15% des 1.200.000 chrétiens. Ils craignent de subir le sort des chrétiens d’Irak, victimes d’exactions des groupes djihadistes.

« Jamais il n’était venu à un chrétien d’ici la folle idée de confier son destin à une Kalachnikov. » disent t-ils.

Mais la découverte de crucifiés sur la porte des églises a précipité l’enrôlement de centaines de jeunes chrétiens de Syrie dans les milices d’autodéfense.

Le silence assourdissant du Vatican et de l’ONU.

Les talibans pakistanais ont commis un sanglant attentat-suicide dans un parc très fréquenté de Lahore en plein dimanche de Pâques, affirmant avoir délibérément visé les chrétiens, mais qui a tué aussi des musulmans sunnites.

Le bilan est de 72 morts, dont 29 enfants et 6 femmes, a indiqué à l’AFP un responsable administratif de la ville, Muhammad Usman, qui a fait aussi état de plus de 200 blessés.

« Nous avons perpétré l’attentat de Lahore car les chrétiens sont notre cible » a déclaré à l’AFP par téléphone Ehsanullah Ehsan, le porte-parole du Jamaat-ul-Ahrar, une faction du mouvement taliban pakistanais.

Le Pape « condamne fermement l’attentat à Lahore » et appelle à la « proximité avec les victimes du terrorisme et à la solidarité avec les migrants ».

Le Pape parle comme nos Miss France, la guerre ce n’est pas bien !

Consternant !

Il voyage le Pape, pas trop où les chrétiens persécutés l’attendent, mais au Mexique et en Pologne. C’est plus sur.

Quant à Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies, tant que ce ne sont pas de vilains israéliens qui tuent de gentils terroristes palestiniens, rien ne semble l’intéresser.

Ah si pardon ! Il s’est félicité de la prise de Palmyre.

Bon courage aux chrétiens, kurdes, yézidis, et arabes qui combattent Daesh.

Je continue d’écrire pour vous.

Pascale Davidovicz

Sources : leparisien.frhuffingtonpost.fr

 

 

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1 Comment

  1. Votre analyse est très exacte Mme Davidovicz. Le dicton  » Aide toi le ciel t’aidera  » s’accorde à ses jeunes filles et jeunes femmes remplies de courage. Vous parlez du Pape, de Ban ki Moon, mais est-ce que les gouvernements européens
    s’intéressent d’elles ? Non car elles ne leur apportent rien
    dans leur partie de jeu d’échecs dont nous sommes les pions.
    Quand au Pape, si les bergers défendaient leurs brebis contre les loups et les ours, comme il défend les chrétiens tués en Afrique, au Moyen-Orient, en Inde, il y a belle lurette qu’ils n’auraient plus de troupeaux.

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