» Gett » , « Le procès de Viviane Amselem « ,
le film de Ronit et Shlomi Elkabetz
va à Los Angeles pour essayer de décrocher un Oscar,
celui du meilleur film étranger .
Au cinéma « L’Arlequin » dimanche soir, l’assistance a beaucoup apprécié et beaucoup applaudi après la représentation . Ronit était là pour présenter son film et répondre aux questions des spectateurs.
Ce film raconte le divorce d’un couple israélien devant la juridiction compétente qui est, en Israël, un tribunal rabbinique.
Une tribune avec 3 rabbins barbus et, devant eux, deux petites tables et quelques chaises où sont assis le mari assisté par son frère, la femme par son avocat, c’est le lieu principal où se déroule tout le film. Parfois, une petite salle d’attente où s’impatientent les justiciables permet un contre champ apaisant.
C’est la femme qui demande le divorce, le mari refuse d’accorder le gett, l’autorisation de mettre fin au mariage.Et ce sont les juges rabbiniques qui doivent raisonner le mari et lui demander de rendre sa liberté à son épouse .
Viviane et Elisha Amselem ont quatre enfants dont trois sont assez grands pour vivre loin de la maison familiale. La femme a quitté le domicile conjugal et vit chez sa sœur. Elle est coiffeuse, gagne sa vie et n’a besoin d’aucune pension. Le quatrième enfant est resté avec son père mais sa mère lui prépare ses repas et les lui fait porter.
Le mari écoute et reste inébranlable : il aime sa femme et veut la garder. Les juges demandent des témoignages : la voisine, la sœur, le secrétaire de la synagogue, un fidèle qui ne manque aucun office.
Il apparaît que le mari est irréprochable : il n’a jamais usé de violence avec sa femme et il est resté stoïque sous les insultes et les violences de sa femme à son égard. Il travaille bien et fait vivre sa famille dans le confort. Il n’a pas de maîtresses, il n’a pas d’amis. Il va de sa maison à son travail et à sa synagogue.
Les juges ne peuvent pas comprendre pourquoi cette femme , mère de quatre enfants, et qui n’a ni amant ni amoureux s’obstine à divorcer. Ils vont la faire lanterner pendant trois ans, de renvoi en renvoi, avec des convocations où le mari ne se présente pas jusqu’à irriter un juge qui le met en prison pour dix jours.
Alors ce film est-il un film pour dénoncer le système religieux de l’état civil, tout entier entre les mains des rabbins qui régissent la vie de tous les citoyens, religieux ou athées ? Beaucoup des intervenants à l’Arlequin ont retenu ce thème qui est le premier degré de ce scénario.
On peut aller plus loin dans la réflexion . Viviane est excessive et son mari pitoyable : elle ne l’aime plus ou elle ne l’a jamais aimé. La vie de tous les jours a été pour elle une lente montée de colère qu’elle ne contrôle pas. Elle est désorientée par l’attitude froide de son mari, le fait qu’il ne cède jamais à l’emportement et qu’il continue de la regarder avec des yeux de chien battu et un visage où se lisent la désapprobation et le mépris.
C’est un film sur un homme amoureux et sur une femme qui lui reproche l’absence d’amour et le vide sentimental qu’elle ressent .
Ronit, son visage fait s’évaporer ses sentiments vers le spectateur comme avec un spray. Elle ne joue pas, elle est Viviane et tous la ressentent ainsi. A ses côtés défilent les meilleurs acteurs d’Israël : ces magnifiques comédiens interprètent leur rôle avec un talent qui arrache l’adhésion de tous.
Les américains aiment les films où des avocats s’affrontent dans le prétoire devant des jurés . Les américains aiment qu’on leur explique la société israélienne et le monde entier est sensible à une histoire d’amour qui est le naufrage d’un couple pathétique.
Et le courage d’un film a huis-clos, Ronit et ses acteurs admirables au service d’une histoire plus complexe qu’il n’y paraît, peuvent-ils faire qu’une statuette vienne récompenser le cinéma israélien?
Alors un Oscar ? Ce serait mérité.
André MAMOU
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