Com d’hab, à 5h du mat, j’étais dehors, je suis allé acheté le pain chez mon boulanger. Et le bonheur, c’est celui de m’être arrêté au bar du coin et d’avoir pris un café, au comptoir qui plus est. J’ai pu respirer, contrairement au malheureux George Floyd : « I can’t breathe ».
Je me sentais franchement en mesure de répondre à Louis Aragon : « Que sais-tu des plus simples choses? »
Mieux encore de rentrer dans un échange philosophique avec lui, à ce sujet, tant il est inépuisable. Oui! Je tiens aux plus simples choses, car c’est ce qui fait la vie, ici et maintenant, avec ses roses et ses épines.
Je l’aborderai une autre fois, en nuançant différents cas de figures. Demain sera un autre jour, surtout par temps de déconfinement.
Mon pote de boulanger m’a branché ce matin sur la question du racisme, il n’a pas eu à trop insister pour que je démarre au quart de tour; je suis parti sur des développements qui ne se laissaient pas enfermer sur ce sujet aussi gravissime soit-il.
J’ai donc laissé libre cours à mon instinct dans ce contexte dramatique où la peur le dispute à la haine, et à l’exclusion, sur fond de manipulation et de truquage et tripotage bassement politiciens.
Voici donc :
1 – Il est de notoriété que toutes les tendances politiques et idéologiques fabriquent des créatures qui sont « plus royalistes que le roi », moyennant quelques subsides, et cela n’est qu’une forme de corruption.
Il en est du sieur qui hier sur CNEWS et ce matin sur Twitter, nous somme de ne pas comparer George Floyd et Adama Traoré. Non! Spécifier l’horreur, c’est en soi une horreur.
2 – Adjectiver le racisme est une imposture : il n’y pas un racisme systémique qui serait celui des USA et un racisme « républicain », plus soft, plus doux, plus humain, celui de la France, c’est là qu’est le raccourci. Le racisme est une abomination quel qu’en soit l’auteur et quelle qu’en soit la victime.
3 – En général, on ne naît pas raciste, on le devient, à la faveur d’un contexte social, économique, politique, culturel, idéologique, religieux… Et l’idée entretenue à dessein selon laquelle le racisme serait le fait d’une religion, d’une race, d’un peuple, d’une ethnie… Est une infamie.
4 – En France, sans enfourcher le cheval de la victimisation que je combats, surtout quand elle est mobilisée par les ténébreux islamistes et bien au-delà, des gens innocents ont été jetés dans la Seine, il ne faut pas l’oublier. Je n’accepte pas cette sorte de mouture du racisme qui identifie une fois pour toutes les victimes et les bourreaux.
5 – Il y a en l’humain une propension quasi naturelle à rejeter l’altérité. Et Frantz Fanon disait : « le racisme est la chose la mieux partagée au monde ». Le racisme intracommunautaire est peut être plus virulent que celui entre communautés.
Les réactions à la mort de mon pote Guy Bedos, en constituent un triste exemple : j’ai entendu une enragée dire » Bon débarras, j’irai cracher sur sa tombe ».
Faut-il rappeler qu’il a passé sa vie à combattre le racisme, en commençant par celui de sa propre famille.
Le mal et le bien, c’est toute l’histoire de l’Homme, Caïn a bien buté Abel.
6 – Albert Memmi nous a quittés depuis deux semaines, je devais lui rendre hommage pour être un grand spécialiste du racisme. En fait, je devais présenter son livre « Le racisme », un livre indépassable.
« Le racisme est une expérience vécue » nous assène-t-il. Et pour cause.
Juif de Tunisie ayant vécu la colonisation et le nazisme, il était très bien placé pour parler de ce cancer qui a pourri l’humanité.
Qu’à cela ne tienne, il s’est penché sur le sujet à plusieurs reprises : « Portait du colonisé », « Portrait d’un juif », « Portait du colonisateur », « Le racisme »… Autant dire qu’il y a consacré sa vie.
Depuis le temps, « la cause aurait dû être définitivement entendue, et même le raciste persuadé : or il ne cesse de continuer à se répéter, comme si nul argument n’avait prise sur lui« , nous prévient-il.
Je rappelle que sur le plan sémantique, il dépasse la notion de racisme qu’il propose de cantonner à l’aspect biologique, au profit de la notion plus générale, plus englobante de « HETEROPHOBIE », en tant qu’elle agrège des constellations phobiques et agressives dirigées contre autrui.
Il désigne par là l’ostracisme qui frappe les jeunes, les femmes, les homosexuels, les handicapés… en se demandant si à ce propos on peut parler de racisme .
La question est toujours posée, et il convient d’y réfléchir dans le seul cadre qui peut permettre à l’humanité d’avancer et de se défaire de ses chaînes multiséculaires, l’universalité.
7 – Le déconfinement est dans son étape ultime. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu’il y a un avant et un après qui serait prometteur. La politique a très vite repris ses droits, et les mêmes travers reprennent du tonus.
La crise est devant nous, et comme je l’ai souligné dès le début, il faut faire notre deuil d’une certaine façon de vivre. La peur a été savamment instillée, et elle fera des ravages.
La peur n’a jamais eu pour vertu de donner du ressort, du punch, de l’ambition et de l’optimisme; au contraire, elle tétanise, elle inhibe et rend pessimiste.
Durant cette crise, il y a eu une épargne forcée, 50 milliards d’euros dit-on, et le pouvoir appelle à utiliser cette manne pour faire redémarrer l’économie en encourageant la consommation. Les économistes qui le conseillent ont tout faux. Objectivement, toutes les conditions sont réunies pour un renforcement de l’épargne, car les gens n’ont plus confiance en l’avenir.
Confiance que les pieds nickelés qui nous gouvernent en naviguant à vue sont loin de pouvoir réhabiliter.
Ils préconisent en même temps la baisse des salaires et l’augmentation de la consommation, trouvez l’erreur.
A moins de croire aux miracles.
Comme je n’y crois pas, j’ai décidé d’être fourmi et de penser aux jours difficiles.
Qu’en pense Voltaire?
« Vous savez qu’en France, les circonstances des affaires changent tous les jours; et ce qu’on pouvait faire hier on ne le peut demain ».
Une bonne journée!
Au prochain délire!
Il ressort de cela (pour schématiser) que l’antiracisme ne peut être par définition qu’universaliste.
Or l’antiracisme universaliste n’existe pas. Nulle part.
Donc l’antiracisme tout court n’existe pas. Au mieux l’antiracisme peut être conçu comme un projet, une utopie qui deviendra peut-être réalité dans un lointain avenir.