Il aura fallu attendre l’attaque surprise sur Pearl Harbour en décembre 1941, soit dix ans après l’invasion nippone de la Chine, pour sortir l’Amérique de son isolationnisme et l’amener enfin à voir le Japon impérial comme une menace stratégique.
Dans ce même siècle dernier, les Etats-Unis mirent longtemps avant d’appréhender l’étendue et la dangerosité des ambitions géopolitiques soviétiques en Europe et au-delà de la sphère occidentale. Là encore, l’indécision américaine dans les derniers développements du second conflit mondial et dans l’immédiat après-guerre allait faire perdre un temps précieux qui aurait pu être mis à profit pour mieux se préparer à contrer l’influence soviétique. Et c’est la guerre de Corée qui allait sonner le réveil des illusions et accoucher du réajustement de la politique étrangère des Etats-Unis.
Aujourd’hui, c’est la responsabilité de Pékin dans la transmission du coronavirus qui pourrait amener les Etats-Unis à repenser leur politique à l’égard de la Chine. Si celle-ci faisait déjà l’objet d’une ébauche de réévaluation sous l’administration Obama, le désengagement progressif de l’Amérique du grand Moyen-Orient et sa focalisation croissante sur l’Asie du Sud-est sous celle de Trump l’auront certes accélérée sans toutefois conduire ses élites économiques et politiques à s’accorder sur le type de menace que la Chine fait peser sur ses intérêts stratégiques.
Avec 85.000 morts et une économie encore partiellement sous narcose, les Etats-Unis devraient sortir plus vite de leur ambivalence même si la forte imbrication de leur économie avec l’appareil de production chinois d’une part et la pesanteur des nombreuses agences gouvernementales aux visions souvent divergentes de l’autre, pèseront sur leur temps de réaction et d’adaptation aux nouvelles réalités géopolitiques.
D’autant que, loin de convenir que la Chine n’est déjà plus seulement leur plus dangereux concurrent commercial, mais aussi leur adversaire sinon leur ennemi commun, leurs alliés européens n’ont jamais renoncé à leur objectif de ramener une administration américaine enfin pleinement consciente des enjeux dans le chemin même qui avait conduit, par naïveté ou analyse erronée, toutes les précédentes à affaiblir le pays et renforcer une Chine qui a désormais tombé le masque, et menace aujourd’hui son hégémonie.
Panser ses blessures, remettre l’économie américaine en ordre de marche et relever le gant chinois, c’est tout l’enjeu des élections présidentielles de novembre prochain. Et des décennies qui viennent.
Si le coronavirus aura précipité ce réveil américain, la Chine pourrait bientôt regretter de n’avoir rien dit à temps de sa dangerosité…
Isaac Franco, chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles – FM 90.2 les lundis de 17 à 18 heures (« Cherchez l’erreur » )
De quoi et à qui parle cet article ? C’est quoi l’hypothèse de base : que nous sommes américains ?
La Chine : un milliard et demi d’habitants ; les USA : 300 millions.
La Chine est une puissance montante ; son potentiel n’est que vaguement esquissé pour l’instant, mais il ne fera que croitre.
Les USA : renseignez-vous un peu mieux. Ils donnent des graves signes de déclin.
Contrairement à nous (et à la Chine) leur longévité baisse, la mortalité enfantine augmente ; vu la difficulté d’une grands partie de la population à se permettre des soins médicaux.
Leurs infrastructures publiques dépérissent ; ils ont deux fois plus de morts par accidents de la circulation (par un million d’habitant) que la France ; la raison principale étant l’état lamentable des routes. J’en passe.
Dans une vision à moyen et long terme c’est sur la Chine qu’il faut parier. Aucun doute.