Par des dispositions gouvernementales et autres décrets distants de leurs constitutions, les démocraties de la Planète ont adopté des mesures qui priment désormais l’intérêt d’urgence sanitaire au cœur de l’intérêt national.
Certes, les contre-pouvoirs sont saisis. Ils rendent la plupart du temps des avis confirmant l’essentiel des nouveaux dispositifs sanitaires. Certes, il convient d’en terminer avec la pandémie du Covid-19. Certes, pour y parvenir, tous les moyens démocratiques sont bons. Mais sont-ils vraiment démocratiques ?
Les restrictions aux libertés de déplacements, d’entreprises, de commerces et de services, etc sont autant d’infractions aux libertés publiques. Partout, tout le temps, les pouvoirs publics invoquent légitimement la lutte contre le virus. Pour autant, il s’agit d’atteintes aux libertés publiques figurant dans chaque constitution nationale de chaque démocratie répertoriée dans le Monde.
La subordination de la règle de Droit à la règle d’urgence sanitaire correspond à la nouvelle réalité vécue dans nos univers heureusement destinés à l’aseptisation. Désormais, l’ordre d’urgence sanitaire dirige tous les autres ordres et notamment juridiques.
L’Histoire générale, celle des institutions de nos démocraties, nous enseigne les difficultés de restitutions intégrales des libertés publiques une fois les crises passées. Il en reste toujours quelque chose. Il s’agit de danger liberticide évident.
S’agissant des régimes autoritaires et dictatoriaux, le passage d’un ordre à l’autre n’est que virtuel, compte tenu de la nature de ces régimes…
Aux angoisses justifiées par l’étendue et les effets du virus commence à s’agréger l’anxiété planétaire de la reprise économique pour l’instant réduite à un quasi-néant.
L’inversion, le passage de la norme « tout est soumis à l’ordre de Droit » en « tout est soumis à la règle d’urgence sanitaire » semble mondialement accepté dans les régimes libres. Dans ces conditions, pourquoi ne pas ajouter aux ordres soumis à l’état d’urgence sanitaire celui de l’économie générale ? Pourquoi, par exemple, ne pas solliciter les annulations des dettes des Etats développés dont les peuples souffrent des conditions économiques et … sanitaires ? De nombreuses dettes ont déjà été annulées dans l’Histoire comptable mondiale, les dernières en Afrique. Déjà, les institutions financières européennes sentent le danger que pourrait représenter le maintien du système financiers en cour. Elles annoncent des aides sans précédant envers les économies et les finances des Etats de l’Union-Européenne.
Logique normative, financière, comptable, tout concorde à appliquer le renversement de la norme générale au profit de la norme d’urgence sanitaire et de ses conséquences économiques, comptables et financières.
Désormais, l’ordre d’urgence sanitaire prime tous les autres. Soit ! N’oublions pas d’ ajouter aux ordres secondaires celui de la finance.
Il y va certainement de l’intérêt des peuples comme des régimes qui les encadrent.
Pierre Saba
Félicitations pour votre analyse et de votre vision claire, sur des réalités que peu de gens, en France, admettent. « Il s’agit d’un danger liberticide évident », qui pourrait nous entrainer vers quelque chose qui ressemblerait à un nouveau génocide, ciblant les plus faibles. Le livre de Victor Klemperer sur » la langue du IIIème Reich » est éclairant à cet effet, avec absence de critiques de la majorité sur des contre-sens trop fréquents, comme cette attestation pour nous-même, où l’ on doit » certifier » par écrit ce que ma bouche peut dire. Il semblerait que l’on teste la docilité des populations, chez qui la peur risque de faire voter » des lois scélérates » comme sous Vichy, lorsqu’ Albert Lebrun s’indignait et qu’on lui répondait » oui, mais on a peur », comme maintenant. Dr Chantal BRICHET-NIVOIT ( Marguerite NIVOIT, cousine de mon grand-père, était la femme du Président LEBRUN)
Je partage votre analyse et celle d’Olivier Comte. Les vagues de délations dans certaines régions sont également alarmantes sur l’état moral de notre pays. Le plus effarant c’est que même certaines personnes intelligentes et d’ordinaire très critiques envers la classe politique tombent cette fois-ci dans le panneau et renoncent aussi bien à leurs libertés qu’à l’usage de la réflexion. Cette perte de raison collective confirme selon moi le caractère moyenâgeux de notre époque