Raphaël Nisand – Pessah à front renversé

Etrange fête de Pessah. En fait il nous est enjoint aujourd’hui de faire le contraire de tout ce qui nous est prescrit d’habitude.

PESSAH est la fête familiale par excellence où l’on se réunit en famille pour le récit en hébreu de la sortie d’Egypte, mais cette année pour cause de covid, il n’en sera pas question. Chacun passera cette soirée pas comme les autres comme le dit le Ma Nichtana, chez soi, seul ou avec ses coconfinés quels qu’ils soient, et cette fois-ci conscients de leurs responsabilités, ce sont même les rabbins et les chefs des communautés dont beaucoup sont durement touchés, qui nous interdisent d’organiser ces sédarim qui vont tant nous manquer.

Pas de réunion et familles éclatées, tel sera notre lot cette année. Une fois de plus, nous pourrons dire l’An prochain à Jérusalem mais ce sera pour la première fois avec une pointe d’incertitude tant la situation sanitaire est instable en France mais aussi en Israël.

PESSAH est aussi la fête du Voyage, le fameux « laisse partir mon peuple » , les hébreux quittant l’Egypte pour se rendre en terre promise sur injonction divine.

Cette année, pas question pour cause de covid, ce PESSAH sera celui de l’immobilité et pire, du confinement . Notre horizon sera celui du coin de la rue.

Ce sont non seulement nos sedarim qui vont être tristement amputés par le Covid mais que dire de la mimouna devenue de toute évidence totalement interdite. Non, nous ne nous rendrons pas les uns chez les autres pour fêter le retour du Hametz et des nourritures interdites durant PESSAH. Il faudra remettre à l’an prochain cette joyeuse coutume.

A PESSAH on se réunit à la synagogue ou au moins à 10 chez les uns ou les autres pour un minyan.

Interdit pour cause de covid et là encore tous les rabbins en appellent à la raison , une raison contraire à l’ordinaire : chacun chez soi.

Enfin PESSAH est la fête de l’hospitalité. La tradition veut qu’il y ait la porte ouverte et un couvert supplémentaire sur la table de fête pour accueillir l’étranger de passage ou le prophète Elie. Cette année, même le prophète Elie se ferait refouler en contradiction avec le sens même de la fête.

Tout le monde insiste, le respect de ces nouvelles coutumes barbares de confinement c’est le respect de l’essence même du judaïsme, un ordre qui nous dit de préserver la Vie en premier.

Que de paradoxes en ce PESSAH 5780. Pessah Cacher Vessameah tout de même … et Le Haim.

Raphaël Nisand                                                                                    Chroniqueur à Radio Judaïca le lundi matin

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