Axel Kahn. En Avril, ne te découvre pas d’un fil; en Mai, fais ce qu’il te plaît?

Photo Bruno Des Gayets, Paris, 2019


Discourons du dé-confinement, sur le plan théorique. L’efficacité du confinement est liée à deux paramètres :

  • Le Sars-CoV-2 ne se transmet que de personne à personne. Il ne connait pas de vecteur, rat ou insecte. Isoler les personnes interrompt la transmission du virus.
  • Le Sars-CoV-2 ne s’enkyste pas, il ne persiste pas sous une forme dormante et est fragile. Sur du matériel inerte ou des animaux non hôtes, il disparait en quelques heures, au maximum deux jours. Chez les personnes, avec ou sans symptômes, il provoque la formation d’anticorps qui l’éliminent.

De ce fait, dans une population insulaire strict qui ne connaitrait aucun apport de l’extérieur, un confinement absolu de quinze jours, temps maximal d’incubation, serait ici suffisant pour bloquer l’apparition de nouveaux malades. Et avec quinze jours de plus, par sécurité, le virus aurait disparu, des gens et de l’environnement.

Les choses sont plus compliquées car le confinement n’est jamais total et qu’un taux résiduel de néo-contaminations peut persister un certain temps. Et aussi parce que le pic épidémique de fin mars en Alsace précède celui en Île de France de quelques jours, et plus encore à Marseille et Brest.

Bon, six semaines de confinement en France sont en principe de nature à éradiquer l’épidémie de « l’ile France ».

Pourtant, la prudence sera de mise. Parce que la France n’est pas une ile ! L’épidémie en Amérique et en Afrique est décalée de 7 à 15 jours par rapport à la France. En Afrique, et en une moindre mesure en Amérique, le confinement ne pourra être total, l’épidémie sévira plus longtemps.Or, du fait du confinement, la population entière n’aura pas été contaminée, et ne sera pas protégée. Les tests sérologiques le préciseront. On n’en a pas fini de devoir manifester une extrême prudence aux frontières. Avec, en ce qui concerne les pays les plus déshérités, de redoutables dilemmes moraux.

Pourtant, on va en sortir, bien entendu. On sort toujours des épidémies. On en est toujours sortis. Alors, enfermés dans votre studio ou votre maison de 300 m2, dans les meilleurs des cas, fermez les yeux. Le film qui se projette sur la face interne de vos paupières vous montre, bâton en main sur les volcans d’Auvergne ; attentifs à la pousse des girolles ; lançant la mouche au plus près de la truite goulue ; confectionnant le plus merveilleux des bouquets de début d’été. Ou tout autre spectacle dont vous rêvez, tendre, amoureux, contemplatif, joyeux, convivial, amical. C’est certain, cela s’approche, cela va arriver.

Source: Blog Axel Kahn, mercredi 1er avril 2020.

https://axelkahn.fr/blog

Axel Kahn, médecin généticien, est un essayiste français. Directeur de recherche à l’Inserm et ancien directeur de l’Institut Cochin, il a été également le président de l’université Paris Descartes.

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3 Comments

  1. Ce Monsieur s’est totalement déshonoré pour avoir comparé en 2012 le meeting de Nicolas Sarkozy au Trocadéro aux rassemblements nazis de Nuremberg, avant de s’excuser.

    L’excuse n’est toujours pas valable pour moi … je lui demande une cure de silence …

  2. « Avec, en ce qui concerne les pays les plus déshérités, de redoutables dilemnes moraux » (avant-dernier paragraphe)…Cette phrase tombée comme un cheveu sur la soupe résume bien le personnage : totalement hors sol ! Il existe des scientifiques bêtes.

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