Isaac Franco. #iorestoacasa. Sans fusils ni cartouches

Dans une tribune du Figaro du 15 mars, Gianluca Di Feo, rédacteur en chef adjoint du quotidien romain La Repubblica, disait toute sa colère devant l’absence de réponse de l’Allemagne et de la France au cri de détresse lancé par l’Italie: « Des masques, des gants en caoutchouc, des lunettes en plastique, voilà les premières choses que l’Italie a réclamées à l’Europe: le pays a demandé de l’aide pour construire la barrière la plus simple qui soit contre le coronavirus. Mais son appel est resté sans réponse. La France et l’Allemagne ont fermé leurs frontières à ces produits, en interdisant ainsi l’exportation, et nous ont envoyé un signal inquiétant: aucun soutien concret, même pas minime, ne serait arrivé de Bruxelles. Certes, le gouvernement italien a pu enfreindre les limites auxquelles est soumise la dette publique et ainsi soutenir l’économie dévastée par l’épidémie. Certes, Ursula von der Leyen a déclaré: «Nous sommes tous Italiens Mais ces initiatives semblent à des années-lumière de la tranchée où l’on se bat pour la survie d’un pays. ».

« Un pour tous, tous pour un », tout le monde connaît le cri de ralliement des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas.

Une promesse – ce qui menace l’un nous oblige tous – qui était aussi celle sur laquelle s’est construite l’Europe.

Confrontée au coronavirus, c’est désormais le « Sauve qui peut ». Les unes après les autres, les Nations qui la composent redécouvrent leurs frontières et en tracent partout de nouvelles: entre elles, entre les communautés et les régions à l’intérieur de leurs territoires respectifs et, finalement, entre leurs citoyens soumis à un confinement les protégeant de leurs voisins et de leurs petits-enfants.

Les causes de ce désastre? L’impréparation face au péril pourtant récurrent de pandémies; l’incurie de gouvernements incapables de fournir à leurs personnels de santé les protections les plus élémentaires pour s’acquitter de leur travail dans une relative sécurité, les envoyant ainsi au casse-pipes tels des soldats exposés sans fusils ni cartouches au feu de l’ennemi; l’insondable bêtise, pour leur approvisionnement, de dépendre désormais d’un régime totalitaire qui, en toute conscience, choisissait de ne rien dire au monde de la gravité du mal qui frappait déjà partie de sa population, préférant bâillonner les quelques voix courageuses qui cherchaient à briser cette omerta; l’imbécillité de tel président qui appelle ses citoyens, « même les plus vulnérables » (sic !) (1), à voter la veille de les confiner entre leurs quatre murs; la lâcheté criminelle d’une ministre de la Santé qui abandonne son poste alors qu’elle et les chefs de l’Etat et du gouvernement n’ignorent rien de la tragédie qui vient; l’arrogance crasse d’un crétin de ce même exécutif en charge, lui, de l’économie qui juge « aberrante du point de vue sanitaire » (2) la décision du président des Etats-Unis de fermer ses frontières aux ressortissants de l’Union européenne alors qu’elle est devenue le principal foyer d’infection, mais muet quand ses voisins ont enfin le bon sens de l’imiter et de fermer les leurs; l’irresponsabilité de tous ces jobards qui nous gouvernent de garder leurs frontières si longtemps ouvertes à tous vents quand ceux-ci charrient déjà les miasmes assassins de la maladie.

Le virus chinois n’aura pas seulement condamné des millions de personnes à l’isolement pendant un temps encore indéterminé, infecté des centaines de milliers de malheureux, tué tant d’entre eux et paralysé des économies entières promises à une longue, douloureuse et incertaine convalescence. Il aura aussi envoyé une Union européenne déjà malade de sa gestion catastrophique des crises migratoires sous respirateur…

Isaac Franco

Avec pronostic réservé.

Isaac Franco est chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles – FM 90.2 les lundis de 17 à 18 heures (« Cherchez l’erreur« )

(1) Emmanuel Macron, 12 mars

(2) Bruno Lemaire, 13 mars

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