On objectera que la petite ville d’Alost avait déjà acquis une certaine renommée au-delà de ses frontières municipales comme de celles de notre beau pays grâce à un carnaval vieux de 6 siècles qui lui avait valu d’être inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.
Si cette inscription y avait certes contribué, ce sont les représentations antisémites lors de l’édition de février 2019 et son retrait de cette liste de l’UNESCO en décembre – le premier et unique à connaître ce déshonneur – précédé par la décision de son bourgmestre de s’en auto-exclure, qui lui donneront une « notoriété » planétaire.
Et avec une nouvelle resucée de haine antisémite moyenâgeuse le mois dernier, voilà la ville d’Alost désormais gravée dans l’imaginaire collectif comme un de ces lieux maudits où, sous couvert de rire de tout et de tous, on ne renonce pour rien au monde au vertige grisant de la mise en scène des clichés les plus abjects du Juif et de l’argent ou du Juif assimilé à des nuisibles.
« En bien ou en mal, pourvu qu’on en parle » pourrait désormais être la devise de son bourgmestre encarté N-VA. Oh, il ne s’aventurerait certes pas à la gagner, cette « notoriété », en laissant parader un char avec Mahomet, le regard courroucé en dessous d’une bombe à la mèche allumée dans le turban, le Coran au bout du bras tendu et une gamine pré pubère dénudée sur l’épaule, entouré de ses premiers fidèles barbus dégainant un sabre coupeur de têtes de son fourreau.
C’est que, si on aime apparemment la galéjade dans cette bonne petite ville flamande, on aime aussi ne pas avoir à craindre pour sa vie si des participants singulièrement téméraires se risquaient à une représentation aussi peu amène du prophète de l’islam. Alors que, s’agissant des Juifs, leur immonde représentation ne coûte rien à ses auteurs. Coût nul, visibilité maximale, Juifs injuriés en colère, justice impuissante, impunité garantie. Dame, c’est qu’il faut désormais une « intention méchante » pour qu’un acte, une représentation ou une parole antisémite avérée et reconnue comme telle soit justiciable par un tribunal devant lequel le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme renonce d’emblée à aller! Comme si tout celui qui représente le Juif un rat sur l’épaule ignorait le caractère foncièrement malin de ce qu’il fait. Comme si on pouvait douter que tout celui qui le représente sous les traits de fourmis cède à ses pulsions les plus inavouables parce que son logiciel le plus intime l’y invite. Ah, qu’il est doux le goût de cette transgression!
On dira qu’un édile sain d’esprit se passerait volontiers d’une telle réputation pour sa ville, mais c’est oublier que l’antisémitisme contemporain derrière son masque antisioniste ou l’antijudaïsme et l’antisémitisme traditionnels sont, à droite et à l’extrême-droite comme à gauche et à l’extrême-gauche, une croyance irrationnelle, de l’ordre de la foi en quelque sorte, et donc imperméable à la raison et à toute médiation.
Les édiles – des socialistes à peine élus cette fois – de Campo de Criptana sont-ils infectés par le même virus alostois quand ils laissent les organisateurs du carnaval de cette bourgade anonyme du centre de l’Espagne mettre en scène un char surmonté de deux cheminées évoquant les fours crématoires, au centre desquelles trône une femme, jambes écartées et un paire de dobermans à ses pieds, précédé d’un groupe de jeunes filles aux bras ornés de drapeaux israéliens et d’un peloton de SS armés de faux fusils dansant au son d’une musique disco devant des prisonniers en pyjamas rayés? Et qui pensent-ils abuser quand ils laissent les responsables de cette bouillie répugnante plaider qu’il s’agissait en réalité de…commémorer les victimes de la Shoah? Des cyniques ou des imbéciles?
Qu’arrive-t-il aussi à cette Allemagne dont la défense d’Israël fait partie de sa « Raison d’être » mais qui, plutôt que d’inscrire les génocideurs du Hezbollah sur la liste des organisations terroristes, les laisse tisser un véritable réseau européen de recrutement et de collecte de fonds depuis Hambourg? Qu’arrive-t-il à l’ancienne capitale du Reich qui biberonne ses enfants et ses petits-enfants au « Plus jamais ça » mais dont la mairie autorise depuis 1996 la tenue en mai du Berlin Al Quds Tag, un autre carnaval de la haine antisémite sponsorisé par l’Iran qui appelle publiquement à l’oblitération des 7 millions de Juifs d’Israël, et qui accouple incestueusement tout ce que le pays compte de fanatiques islamo-gauchistes et de nostalgiques du nazisme?
Qu’arrive-t-il donc à cette Europe qui peine à pardonner aux Juifs ce qu’elle leur a fait? Qu’arrive-t-il à cette Europe qui s’engage, la main sur le cœur, à lutter contre l’antisémitisme chaque fois qu’il diffame, menace ou tue, mais qui laisse impunément moquer la mémoire des millions de ceux qui en furent les victimes? Qu’arrive-t-il à cette Europe qui les honore un jour de l’an et consacre tout le reste du calendrier à diaboliser leurs descendants pour le crime de se défendre contre ceux qui leur promettent le même sort? Qu’arrive-t-il à cette Europe pour encore et toujours fantasmer sur la figure du Juif? Quel rôle cette figure joue-t-elle enfin dans la déconstruction de cette Europe confite dans le multiculturalisme et pervertie par l’« intersectionnalité » des luttes?
Isaac Franco est chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles – FM 90.2 les lundis de 17 à 18 heures (« Cherchez l’erreur« )
Cette Europe-là, d’une lâcheté et d’une bêtise incommensurable, n’est pas la mienne.
Je suis trop indignée pour en dire plus. La modeste goy que je suis sera toujours prête à défendre ses compatriotes juifs et ses frères juifs en général.
Il y a une étrange inversion dans le titre:c’est pas à l’Europe coupable de tous les pires crimes de l’Histoire de pardonner aux juifs, mais l’inverse!!…Et je pense vu le manque de responsabilité qu’elle refuse d’assumer qu’elle ne mérite pas notre pardon…D’ailleurs quel humain normalement constitué pourrait pardonner une aussi ENORME MONSTRUOSITE que la Shoah?!…çà aurait mérité l’application la PLUS IMPITOYABLE de la loi du Talion, avec chaque horreur retournée au détail près à nos bourreaux…Mais nous aussi nous ne tirons pas correctement les leçons de notre Histoire en ne nous décidant pas à éradiquer une fois pour toute Amalek et ses multiples incarnations, ainsi que tous les collabos internes lui apportant eau à son moulin…
Inversion voulue bien sûr! Les bourreaux ne peuvent se délivrer de leur crime …sauf à se positionner en victimes! C’est ainsi que fonctionne : haine et perversion par inversion des rôles !
Oui André c’est ce qu’Hitler, ce babouin trisomique de l’extraterrestre « race aryenne » que personne n’a très étrangement remarqué, a tenté de faire passer comme message au peuple allemand, que du fait que nous étions tous supposés être riches et communistes, on poignardait dans le dos ce pauvre peuple déjà mis à terre par l’Armistice de 1918!!…C’est pas pour autant que çà transforme LES FAITS CRUS, rien ni personne ne peut les inverser…