Serait-ce ce passé collabo qui ne passerait pas. Serait-ce la peste mondiale qui, chacun le sait, jamais ne s’éteindra. Qui se réveille, purulente, de ci, de là, hier, demain. Chacun le sait. L’antisémitisme qui, paraît-il, ne concerne pas que les Juifs. Paraît-il. Mais même les Juifs, parfois, semblent avoir renoncé. Ils sont fatigués. La maladie est décidément incurable. Et certains Juifs … hélas un brin couards devant la chose.
Je me souviens des propos tenus par le nouveau ministre de l’intérieur qui, en 2014, … excusait la collaboration des Flamands avec Hitler. Jan Jambon avait juste estimé que ceux qui, en Flandre, avaient collaboré avec les nazis avaient sans doute leurs raisons et il avait ajouté qu’il fallait pardonner ce qu’il appela … des erreurs. Figure de proue du NVA, Jan Jambon n’avait-il exposé là que la position de son parti, ou, pire, celle d’une partie notable de sa région… Je me souviens encore qu’un journaliste avait évoqué à ce propos Le mythe d’une collaboration romantique et … excusable.
Alost 2019. Le rire antisémite. Le rire gras
En mars 2019, nous demandions avec d’autres que fût supprimé de la liste du Patrimoine culturel de l’Unesco le Carnaval d’Alost, empreint d’antisémitisme qu’il était, sous prétexte de … folklore, et, disait-il, du droit à rire … de tout. Juste des chars caricaturant des personnages au nez crochu, entourés de rats et juchés sur des sacs d’argent.
La chose n’était qu’un incident, avait plaidé le bourgmestre, juste un incident, un rien monté en épingle par ces casse-bonbons de Juifs et leur manque d’humour assurément. Et déjà en 2019 le directeur d’UNIA – Institution interfédérale étatique, censée combattre les discriminations, avait déclaré qu’il n’y avait rien à reprocher au scandaleux Carnaval d’Alost. Lequel, chacun le sait, véhiculait les pires stéréotypes antisémites.
Des voix se firent entendre, fustigeant ce Royaume où règnerait, selon un rapport officiel, une augmentation récente et exponentielle des agressions antisémites…
2019. De Belgique aux Etats-Unis, les dérives du carnaval furent dénoncées : il souillait la réputation de la Belgique en tant que pays hôte des institutions européennes. Les images du carnaval prises le 3 mars dernier à Alost nous donnent la nausée, écrivait Shimon Samuels[1], évoquant ces stéréotypes haineux qui faisaient penser à la Belgique de la collaboration avec l’occupant nazi…
On les entendit, nombreux, du Centre Simon Wiesenthal au CCOJB[2] et au FJO[3] et l’indignation était alors montée … jusqu’à l’Unesco, un brin… obligée de se positionner, vu que ledit carnaval avait été inscrit en 2010 sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, rituel vieux de 600 ans qu’il était.
Seul le roi, qui eût pu servir à quelque chose une fois en empêchant son royaume d’ajouter au malheur du monde, fut pris d’une extinction de voix.
Alors, un peu comme notre Yassine Belattar démissionna avant que de se faire virer, une dépêche de l’AFP nous apprit que le maire d’Alost venait d’annoncer le retrait par ses soins de la liste du patrimoine de l’humanité de l’Unesco de son carnaval annuel : il savait que l’Organisation avait prévu de le faire : L’Unesco retira en effet le carnaval d’Alost du patrimoine culturel immatériel, une grande première : L’Unesco se devait d’être vigilante et ferme quant aux dérives d’un festival classé au Patrimoine de l’humanité et qui en bafouait les valeurs élémentaires, avait déclaré sa directrice générale.
Alost 2020 récidive
Allez savoir pourquoi, mais pourquoi, cette année, avant même le jour du Carnaval, chacun avait le regard tourné vers ce qui pourrait arriver cette fois. Il est des maux desquels la rechute est quasi inéluctable. Bien renseignés, au vu des chars version 2020 qui se préparaient cette fois, encore plus glauques que jamais, nombreux donnèrent de la voix avant même la tenue de la fête antisémite.
Elle eut lieu comme chacun sait. Inchangée. Des carnavaliers affublés de papillotes tombant d’un grand chapeau de fourrure noire, ou déguisés en fourmi devant un mur des Lamentations en or, escortés par une foule arborant fièrement un nez crochu en papier moulé ou encore en uniformes nazis jouxtant les costumes hassidiques. Allez à Anvers, chez les diamantaires, vous verrez ils sont comme ça, lança un homme déguisé en femme, tandis qu’un autre regrettait le manque d’humour … des Juifs.
Honte à ceux qui veulent encore « discuter », au lieu que d’interdire
Inchangée, donc. Et, à lire le débat qui s’ensuivit, on se demande pourquoi diable quelque chose changerait donc : outrés, en colère, écœurés, après avoir vomi tout leur saoul, les voilà tous, prompts à clore l’affaire, et promettant … d’en discuter.
D’en discuter. Et les premiers à vouloir discuter furent Ceux du Consistoire central israélite de Belgique, Juifs de Cour s’il en est, signant un court communiqué par lequel ils faisaient savoir leur souhait de reprendre au plus vite le dialogue avec les Alostois. La honte.
La honte alors que le Commissaire européen en charge de la Promotion du mode de vie européen et de la lutte contre l’antisémitisme s’étrangla : Le Carnaval d’Alost est une honte. Cela doit cesser. Il n’y a pas de place pour cela en Europe, soixante-quinze ans après la Shoah, et que Raphaël Glucksmann tweetait : Les Juifs sont de la vermine et les nazis des gars sympas que les enfants applaudissent. Dégénérés.
Le fait de colporter des clichés antisémites connotés ne paraissait pas relever en soi de l’incitation à la haine, il faudrait prouver que le concepteur du char avait la volonté de discriminer la communauté juive, disaient, pour leur part, les avocats consultés, et voilà : on y revenait, au fameux regrettable mais excusable[4] : juste du fort mauvais goût, quoi.
Seul le roi, qui eût pu servir à quelque chose une fois en empêchant son royaume d’ajouter au malheur du monde, fut pris d’une extinction de voix.
Profil bas. Tout le monde regarde ailleurs, me disait Richard Kenigsman. Et, en visionnant cette video publiée par Stichting 18 September, nous concluions tous : Carnaval Cologne 1938. Tu rajoutes la couleur. Tu changes un peu les mots. Tu retires les saluts nazis. Tu rajoutes 82 ans. Et hop : Tu es à Alost. Belgique. 2020. 75 ans après la sortie des terribles images d’Auschwitz et d’autres camps. 87 ans après le début de la persécution des Juifs.
[1] Centre Simon Wiesenthal
[2] Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique.
[3] Forum der Joodse Organisaties.
[4] Libre Belgique. 25 février 2020. Page 16
merveilleux article qui rectifie les mensonges de ces antisémites
Personnellement, je boycotte depuis un moment déjà tous les produits belges ! On peut réagir déjà avec nos petits moyens ! La Flandre a toujours été considérée comme anti-juifs. Il est vrai que l’on n’entend pas beaucoup les Belges contre ces pratiques là, sous-couvert de la liberté d’expression !!!!! Pas mieux qu’en France » !!
Edifiant et nous pensions que la bête putride était morte.
Restons vigilant et pardon pour tous ceux qui sont morts à cause de ses fous et des ceux qui n’ont rien dit !!!!!!!