Isaac Franco. Chronique d’un désastre annoncé?

Tout semble sourire au président des Etats-Unis: une machine à créer des emplois qui ne donne pas de signe d’épuisement (225.000 nouveaux jobs en janvier); un taux de chômage scotché à un niveau historiquement bas (3,5%); un brillant discours sur l’état de l’Union ponctué par la réaction grotesque et dommageable pour son parti de la leader démocrate de la Chambre des représentants; un acquittement largement anticipé par le Sénat dans le procès-farce de l’impeachment; un taux d’approbation de 8 points plus élevé qu’avant le début de la procédure de destitution et au plus haut depuis son accession à la présidence (49%); un raz-de-marée aux primaires républicaines du New Hampshire (125.000 votes) très largement supérieur au nombre de voix obtenues par les présidents Obama et Bush (50.000) et Clinton (75.000) à ces mêmes primaires au même moment de leur présidence respective; un parti soudé qui lui doit d’être retourné aux affaires et en ordre de marche pour les prochaines échéances,…

La course pourrait dès lors être déjà jouée…

A moins d’une guerre, d’une crise mal gérée ou d’un brusque ralentissement toujours possible de la conjoncture économique, la course pourrait dès lors être déjà jouée, en dépit de la détestation toute épidermique que ce président continue d’inspirer à une armée de détracteurs insensible à ses nombreuses promesses tenues.  

En face…

D’autant que, en face, il y a un parti déchiré entre un courant modéré traditionnel incarné par un ex vice-président humilié et peut-être démonétisé dès les premières consultations de l’Iowa et du New Hampshire, et un autre qui le tire avec un succès grandissant vers une gauche et une extrême-gauche pour lesquelles l’Amérique est une société ontologiquement raciste, et dont le seul programme qui les lie à grand-peine depuis la défaite de sa candidate Hillary Clinton aux élections de novembre 2016 est une haine inextinguible du président. Un parti qui n’aura rien proposé depuis mais qui se sera opposé à tout, s’appliquant de surcroît à dévoyer une procédure de destitution constitutionnellement réservée aux crimes les plus graves de trahison et de corruption, et qui expose désormais tout président en exercice ayant perdu sa majorité à la Chambre des représentants aux élections de mi-mandat au risque d’être inculpé par son opposition. Un parti, enfin, qui se sait condamné à une défaite humiliante le 3 novembre prochain si le favori devait ne pas sortir rapidement des soins intensifs, laissant au candidat qui aura chanté les louanges de l’Union soviétique ou du Cuba de Castro le champ libre pour mener jusqu’à son terme la course à l’investiture face à une brochette de prétendants plus fantaisistes et improbables les uns que les autres, tous également promis à servir de festin à l’ogre républicain.

En cause de ce désastre annoncé, une direction démocrate incapable de tirer les enseignements …

En cause de ce désastre annoncé, une direction démocrate encore incapable, à moins de neuf mois de l’échéance présidentielle, de tirer les enseignements d’une élection qu’elle ne pardonne pas à Donald Trump d’avoir perdu en 2016, et de proposer un programme autre que celui, lassant et irritant pour les électeurs indécis qui feront la décision, de diaboliser l’agent de leur infortune.

Des  cadres tétanisés et prisonniers de leur rancune, qui auront consacré plus des trois dernières années à une guerre de tranchées stérile plutôt que de chercher à reconquérir patiemment et humblement le cœur et la raison de ceux parmi leurs électeurs traditionnels qui s’étaient laissé séduire par une concurrence bien plus en phase avec les humeurs de l’électorat.

Un plan B?

Dans de telles conditions et si Joe Biden ne réussit pas à freiner sa glissade vers une sortie prématurée aux primaires du Nevada le 22 et de Caroline du Sud le 29 et au Super Tuesday du 3 mars, la candidature tardive de l’ancien maire de New York, Michael Bloomberg, pourrait bientôt apparaître comme un plan B salutaire, ultime recours salvateur d’un parti aujourd’hui confronté au danger de perdre rien moins que son identité et son avenir.

Donald Trump
Joe Biden
Michael Bloomberg

Ironie d’une élection qui pourrait bientôt opposer un ancien Démocrate opportunément devenu Républicain à un ancien Républicain opportunément devenu Démocrate. Ou à un socialiste corbyniste opportunément travesti en Démocrate…

Isaac Franco

Isaac Franco est chroniqueur à Radio Judaïca Bruxelles – FM 90.2 les lundis de 17 à 18 heures (« Cherchez l’erreur« )          

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1 Comment

  1. Sanders … les américains soviétisés ???
    Warren … une satanique ??
    Joe Biden … un vieillard corrompu ?
    Bloomberg… un indécis ??
    Bizarre ce parti démocrate !!

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