EN VOIE D’EXTINCTION – Le petit mammifère a été identifié par des chercheurs chinois comme « un possible hôte intermédiaire » ayant contaminé l’homme du coronavirus. Déjà en voie d’extinction, il pourrait disparaître à cause de l’épidémie.
Ce petit mammifère à écailles était déjà menacé d’extinction. Il pourrait bien faire les frais de l’épidémie de coronavirus. Le pangolin serait en effet « l’hôte intermédiaire » ayant transmis le virus à l’homme. Une hypothèse avancée par des chercheurs de l’Université d’agriculture du sud de la Chine ce vendredi. Après l’analyse de 1 000 échantillons provenant d’animaux sauvages, des scientifiques ont pu montrer que les génomes de séquences de virus prélevés sur les pangolins étaient à 99 % identiques aux virus retrouvés sur des personnes atteintes du nCoV.
D’autre scientifiques estiment cependant que le pangolin est mis en cause sans certitude absolue. Ces éléments ne sont « pas suffisants » pour conclure, a tempéré un scientifique britannique, le Pr James Wood. « Les preuves de l’implication du pangolin n’ont pas été publiées dans une revue scientifique », critère indispensable pour accréditer cette hypothèse, a-t-il commenté. « Il faudrait voir l’ensemble des données génétiques pour connaître le degré de proximité entre les virus du pangolin et de l’homme », a renchéri un autre scientifique britannique, le Pr Jonathan Ball.
Vertus aphrodisiaques… et gilets pare-balles
Méconnu, le pangolin est un petit mammifère de 30 cm à 80 cm vivant dans les régions tropicales et équatoriales d’Afrique et d’Asie du Sud-Est, appartenant à la famille des insectivores édentés et dont le corps allongé est en grande partie recouvert d’écailles, ce qui lui vaut aussi d’être appelé « fourmilier écailleux ». Dans la gastronomie chinoise et vietnamienne, la chair de pangolin est très appréciée et des restaurateurs sont prêts à débourser environ 1 750 euros et parfois plusieurs dizaines de milliers d’euros pour se la procurer. C’est aussi et surtout pour ses écailles que ce fourmilier est chassé, recelant de nombreuses vertus curatives (cancer, acné) et aphrodisiaques. Certaines parties de leur corps servent également à la fabrication d’ornements et même à la confection de gilets pare-balles.
Conséquence : le pangolin est le mammifère le plus braconné au monde, plus encore que l’éléphant ou le rhinocéros, avec environ un million de spécimens capturés ces 10 dernières années dans les forêts d’Asie et d’Afrique.
100.000 pangolins capturés chaque année
Selon l’ONG WildAid, près de 100 000 pangolins sont victimes chaque année en Afrique d’un trafic illégal. Contrairement aux grands mammifères du continent, le pangolin n’est pas traqué pour devenir un trophée mais pour être revendu en Asie. En 2016, la Convention internationale sur le commerce d’espèces sauvages menacées d’extinction (Cites) a voté l’inscription des pangolins à son annexe 1, qui interdit strictement son commerce. Malgré cette mesure, leur trafic n’a fait que s’accroître, selon des ONG.
En 2002-2003, un animal avait lui aussi fait les frais d’une autre épidémie : l’hôte intermédiaire du virus du Sras était la civette, un petit animal au pelage gris dont la viande est consommée en Chine.
Pourquoi est-ce important de connaître l’animal qui a transmis le virus ?
La rédaction de LCI, lci.fr
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