Procès de l’arnaque au « faux Le Drian » : Gilbert Chikli assure le show

Le procès de la colossale escroquerie au « faux Jean-Yves Le Drian » s’est ouvert ce mardi devant le tribunal correctionnel de Paris. L’un de principaux prévenus, Gilbert Chikli, a nié toute implication.

Palais de justice de Paris, le 4 février. Gilbert Chikli et six coprévenus sont accusés d’avoir amassé plusieurs dizaines de millions d’euros en se faisant passer pour Jean-Yves Le Drian, actuel ministre des Affaires étrangères.

La salle est bondée. Gilbert Chikli, sweat noir orné d’inscriptions blanches, barbe de trois jours et cheveux bruns, balaie le public du regard, derrière ses lunettes carrées. Il en profite pour sourire à quelques connaissances. Le Franco-Israélien de 54 ans est jugé depuis ce mardi par le tribunal correctionnel de Paris dans le cadre de l’affaire de l’audacieuse arnaque au « faux Jean-Yves Le Drian ». Avec six autres prévenus, dont l’un était absent à l’ouverture du procès, Gilbert Chikli est soupçonné d’escroquerie.

Entre 2015 et 2016, le groupe est accusé d’avoir amassé plusieurs dizaines de millions d’euros en se faisant passer pour Jean-Yves Le Drian, actuel ministre des Affaires étrangères et ministre de la Défense sous la présidence de François Hollande.

Au, téléphone, les escrocs abordaient leurs cibles en demandant en urgence une aide financière pour des « opérations secrètes » de l’Etat français. Les motifs le plus souvent invoqués étaient le rassemblement d’une rançon pour libérer des otages en Syrie ou la lutte contre le terrorisme. Les victimes se voyaient promettre un remboursement immédiat.

« Je suis totalement étranger à toutes ces affaires, déclare Gilbert Chikli, qui nie son implication depuis le début. Le dossier, je le connais pour l’avoir lu, subi. »

« On me reproche d’être convaincant »

Dans le public, talons hauts, vêtements, sacs et bijoux de luxe. Plusieurs proches des prévenus, y compris la compagne de Gilbert Chikli, assistent au procès. Les allers-retours s’enchaînent dans la salle d’audience. Interrogé sur la nature de l’escroquerie, qui a ciblé près de 150 personnalités au profil varié (dirigeants politiques, PDG, associations…) et piégé trois d’entre elles, le prévenu principal a débuté son oral, enlevant et remettant ses lunettes à sa guise, comme pour mieux capter l’assistance.

« On m’a reproché d’avoir fait les cours Florent. Je vais vous répondre : je n’ai jamais fait les cours Florent, assure Gilbert Chikli […] On me reproche d’être convaincant. […] On me reproche le passé au présent. »

Gilbert Chikli arrête en 2017 à Kiev (Ukraine).

Il avait été arrêté deux ans après une condamnation à 7 ans de prison pour des escroqueries au préjudice de banques et entreprises.

Son discours devient hasardeux quand il analyse les photos enregistrées de l’escroc qui se faisait passer pour Jean-Yves Le Drian durant des visioconférences avec ses victimes : « Il a l’air de faire 90 kg, j’en fais 70. Il mesure 1,60 m, je fais 1,79 m. Il n’a pas de poils au bras, j’en ai. »

« C’est le principe de l’usurpation d’identité, rétorque la présidente. On ne dit justement pas que cet homme vous ressemble. Il doit se faire passer pour Jean-Yves Le Drian. »

Alain Chouffan

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