L’élimination en Syrie en 2008 de l’artificier du Hezbollah, Imad Mughniyeh ou celle, en novembre dernier de Baha Abu al-Ata, patron du Djihad islamique à Gaza, était censée valoir à ses auteurs israéliens les supplices d’un enfer également promis à l’Amérique pour avoir osé braver l’interdit de transférer son ambassade de Tel-Aviv au cœur de la capitale de l’Etat juif.
Quant à la mort de Qassem Soleimani, elle promettait de jeter des millions d’endeuillés vociférant de colère dans les rues irakiennes, syriennes et libanaises.
La réalité démentit, dans chacune des occurrences, ces prédictions exagérées à dessein en dépit, pour la dernière d’entre elles, de la volonté presque touchante de nos médias de faire avaler à leurs consommateurs la fable d’un héros pleuré par toute une nation.
Et à cette heure, les promesses de l’Iran de déclencher l’Apocalypse après l’élimination de la figure symbolique de ses prétentions hégémoniques se sont bornées au lancement, à partir de son territoire, de 22 missiles balistiques sagement programmés pour ne blesser personne sur les deux bases américaines visées.
Mais 80 morts parmi leurs personnels, plastronnent les uns pour sauver une face encore dégoulinante du crachat américain. Même pas touché, lui répond l’autre, goguenard, asseyons-nous et discutons ajoute-t-il, magnanime, pour rassurer ceux qui, dans son pays, l’accusent de le conduire au bord de l’abîme pour le distraire d’une procédure de destitution immanquablement vouée à l’échec au Sénat maintenant que les Démocrates semblent enfin décidés à lui transmettre les articles de l’inculpation sans lesquels l’impeachment du président voté à la Chambre des représentants est un abus de langage.
Les règles du jeu ont changé. Fin de la récréation et de l’impunité
Personne n’est dupe à Téhéran, les règles du jeu ont changé. L’élimination de Qassem Soleimani siffle la fin de la récréation et de l’impunité, le régime est tenu responsable de ses actes quand il s’en prend aux Etats-Unis.
Pour combien de temps, nul le sait. Possible sinon probable en effet que, très vite, recommence ce petit jeu du chat américain et de la souris iranienne et que, en l’absence de réponse du premier à chaque nouvelle provocation qui ne le vise pas directement, la seconde en vienne à se convaincre d’avoir réinstallé les anciennes règles.
Jusqu’au moment où elle se pensera à nouveau autorisée à franchir la ligne rouge, ce que, instinct de survie oblige, elle aurait tout intérêt à se garder de faire aussi longtemps que l’actuel « shérif est en ville »…
Pour l’heure donc, personne ne veut la guerre. Les uns réduits aux rodomontades parce que, conscients d’un rapport de forces des plus déséquilibrés, ils se savent condamnés à la perdre et à disparaître corps et biens. L’autre parce qu’il est engagé dans une année électorale et qu’une nouvelle guerre au Moyen-Orient n’est pas un bon argument de vente quand on brigue un second mandat.
Le 4 novembre prochain redistribuera les cartes
Le 4 novembre prochain, lendemain des élections présidentielles américaines, devrait redistribuer les cartes, renforcer le jeu de l’un et déforcer celui de l’autre.
La défaite de Donald Trump, sur laquelle les Iraniens misent tous leurs espoirs, leur apparaît comme une promesse de rétablissement de l’accord sur le nucléaire de juillet 2015 qui légalisera entre 2025 et 2030 un programme jusque là hors-la-loi. L’installation, en somme, d’un épigone de Barack Obama dans le bureau ovale vaudrait en effet prémisse d’un retrait des troupes américaines d’Irak et de Syrie, doublée d’un engagement tacite, à l’instar de l’administration précédente qui avait amnistié Soleimani de ses crimes en 2015, à privilégier l’apaisement et se garder d’entraver ses ambitions régionales. Avec la levée des sanctions rétablies par Donald Trump et son flot de ressources financières qui restaureraient la solidité d’un régime aujourd’hui chancelant, la parenthèse Trump se fermerait ainsi sans dommage irréparable.
Une nouvelle victoire de Donald Trump à l’automne l’affranchirait de nombre de contraintes
A l’inverse de ce scénario fantasmé à Téhéran et rêvé dans la plupart des chancelleries européennes et l’essentiel des médias occidentaux engagés à la diabolisation de l’actuel locataire de la Maison Blanche depuis son élection en 2016, une nouvelle victoire de Donald Trump à l’automne l’affranchirait de nombre de contraintes, dont celle du recours à la force armée, qui pèsent traditionnellement sur le premier mandat d’un président. Et quatre années supplémentaires de sanctions contribueraient à fragiliser un peu plus encore un pouvoir déjà contesté par une colère populaire assujettie à grand-peine, et exacerbée depuis la destruction par la défense anti-aérienne iranienne d’un avion de ligne ukrainien quelques minutes après son décollage de l’aéroport international de Téhéran dont nul ne peut encore certifier qu’elle résulte bien d’une « erreur humaine » (*)…
Sauf retournement économique spectaculaire aux Etats-Unis, le bilan affiché par Donald Trump – déficit commercial en baisse pour la première fois depuis six ans, croissance estimée à 2,4% au prix certes d’un dérapage du déficit budgétaire et de la dette, chômage au plus bas depuis 50 ans – accrédite ses espoirs de réélection. Et s’il évite de tomber dans le piège des provocations iraniennes dont l’option la plus crédible est désormais celle d’alimenter directement ou indirectement une guerre de basse intensité potentiellement usante pour les nerfs et le moral de celui qui la subit, il restera peu d’arguments à ses opposants démocrates, hormis celui de la détestation stérile que l’homme leur inspire.
L’élimination de Soleimani a démonté le bluff du pouvoir iranien
Reste que le principal enseignement mis salutairement en lumière par la décision du président américain de confier prématurément Qassem Soleimani aux bons soins de son essaim de houri est d’avoir démonté le bluff d’un pouvoir qui projetait jusque là une image de toute-puissance et se pensait exonéré des conséquences de sa politique de terreur partout au Moyen-Orient comme de ses promesses d’éradication de l’Etat juif.
D’avoir, en somme, fait la preuve que la force de ce régime fondé sur le mercenariat tient moins à sa puissance réelle qu’à la peur des représailles qu’il inspire à tous ceux tentés de les lui faire payer, et que la crédibilité de ses menaces se nourrit de leur crainte d’être attaqués.
L’enseignement israélien…
Un enseignement depuis longtemps métabolisé en Israël qui frappe régulièrement les Iraniens et leurs affidés en Syrie et en Irak et que n’intimide pas le risque de représailles, mais une leçon apparemment inassimilable en Europe où un Luxembourg belliqueux ferait déjà figure d’épouvantail…
(*) Une « erreur humaine« , confessent les autorités iraniennes, provoquée par « l’aventurisme américain« …
13 janvier 2020. Isaac Franco est chroniqueur à Radio Judaïca – FM 90.2 Sa chronique est diffusée les lundis de 17 à 18 heures dans « Cherchez l’erreur »
Une lettre intéressante du président d’Indigo Aerospace (Chicago), parue dans le Financial Times du 14 janvier-page 8- rappelle que le plus grand désordre domine le monde des systèmes de contrôle du trafic aérien mondial, sans aucune standardisation. La situation est pire pour le manque de coordination de la conduite simultanée des opérations de vols civils et militaires, les militaires prétendant à la souveraineté de l’espace aérien et la prédominance en tout.
Les vices d’un système sont une chose, la responsabilité de ces vices et de leurs effets est autre chose; on nous parle d’enquêtes diverses qui ne sont qu’une question technique. La réalité n’est pas une question technique mais une tragédie qui serait expliquée par des propos de gosses: « je ne l’ai pas fait exprès! ». Si, la dictature Iranienne l’a fait exprès d’être incapable d’ordonner la coordination des vols civils d’un aéroport peu fréquenté et d’une défense militaire qui veut tout contrôler, en ne contrôlant rien.
Les 176 morts sont les victimes d’un crime abominable, rendu inévitable par une arrogance militaire sur une musique théocratique.
La militarisation de la dictature Iranienne n’est pas le seul sujet des cris de M Netanyahou ou des mouvements de toge de M Trump, elle menace avant tout la population Iranienne qui ne liquidera pas le régime théocratique par quelques manifestations. Un crime est un crime, ce n’est pas une erreur.
Il faudrait peut être s’intéresser à la liberté du moyen orient que ces peuples n’ont jamais connue; qu’Israël reste la seule démocratie ou que le bouffon de Washington s’agite dans tous les sens ne servira personne.