Israël dénombre aujourd’hui sur son territoire plus de 6 000 startups, au moins 70 sociétés de capital-risque (dont Jerusalem Venture Partners, Pitango, Greenfield Cities Holdings, Pontifax Funds, Fortissimo Capital, Magma, Vertex, iAngels…), près de 80 accélérateurs, 55 espaces de coworking et une centaine de centres de R&D. La Tech représente près de 8% des emplois dans le pays, environ 10% du PIB et la moitié des exportations. Parmi les exits historiques du hub technologique le plus établi du Moyen Orient figurent celles de Mobileye, vendu à Intel pour 15 milliards de dlollars en 2017, Mellanox, acquis par Nvidia pour 6,9 milliards de dollars en mars dernier, ou encore Waze, racheté 1,1 milliard de dollars par Google en 2013. D’autres startups comme Gett ou Landa Digital Printing ont, à date, levé plusieurs centaines de millions de dollars et ont vu leur valorisation dépasser le milliard de dollars.
Les startups israéliennes bénéficient d’investissement significatifs de la part de l’Etat hébreu. Celui-ci porte depuis plus de dix ans une attention particulière à la R&D, à tel point qu’Israël, également une terre d’émigration pour nombre d’entrepreneurs, est le pays développé qui y consacre le plus grand taux de son PIB (près de 4,5%, soit près du double de la moyenne des pays de l’OCDE). La startup nation originelle est surtout connue pour être la terre d’accueil des grands centres R&D des groupes mondiaux. Sur cette rive de la Méditerranée, environ 9% de la population active est employée dans l’innovation et le taux de chômage s’y situe à près de 5%. Le gouvernement israélien propose également de nombreux avantages aux startups à travers l’Autorité israélienne de l’innovation, organe du gouvernement chargé de promouvoir le développement de la R&D au sein de l’Etat. Selon Crunchbase, cette autorité a investi dans 39 startups, dont RenalSense, CathWorks, Enlivex Therapeutics, BioTime, Rezilient, Yellzz, Soapy Care, DiA Imaging Analysis ou Convizit cette année. L’Autorité israélienne de l’innovation soutient au moins 18 incubateurs.
Culture du « think global »
La culture israélienne du « think global » amène les startups à d’abord faire connaître leur technologie au niveau mondial avant d’atteindre le stade de la rentabilité. Fondé en 1999, Mobileye, fleuron national spécialisé dans les assistants de conduite pour la voiture autonome, a par exemple attendu 2008 avant de vendre sa solution à BMW. Sa stratégie a d’abord été de se positionner comme un sous-traitant innovant pour les grands constructeurs automobiles. Une autre culture, celle de l’exit, prédomine par ailleurs en Israël: la startup nation ne se conçoit pas comme une terre concurrente à la Silicon Valley mais plutôt comme une partenaire. Chez Jerusalem Venture Partners (JVP), par exemple, les entrepreneurs visent les premiers contrats à l’international pour attirer plus gros qu’eux et être racheté.
L’armée, moteur de la Tech israélienne
L’armée israélienne fait en outre figure de moteur pour les startups. Le pays ne dispose pas des ressources naturelles qui ont fait la richesse de ses voisins et a compensé ce manque en devenant une superpuissance technologique et en misant, notamment, sur l’exportation d’équipement technologique militaire high-tech (drones, véhicules terrestres, satellites…). Dans Israël, la nation startup (2009), les auteurs Dan Senor et Saul Singer écrivent qu’en raison de sa position sur le plan géo-politique, Israël, pays de 9 millions d’habitants, n’a d’autre choix que d’adopter et se développer à travers l’usage de technologies et du capital humain: à travers l’armée, les Israéliens — les hommes doivent compléter un service militaire de presque trois ans ; deux ans pour les femmes — acquerraient des capacités entrepreneuriales (penser clairement, ingéniosité, résistance, travail d’équipe, improvisation, montrer par l’exemple) significatives.
Chez le fabricant de drones Airobotics ou du spécialiste de la cybersécurité Fifth Dimension, on vante ainsi une discipline militaire dans l’entreprise, perçu comme un facteur de réussite aux yeux des collaborateurs. Au sein de Fifth Dimension, les liens sont encore plus clairs, avec des managers issus de «l’Unité 8200», l’unité d’élite de l’armée israélienne qui sélectionne les meilleurs ingénieurs et data scientists afin de faire leur service militaire au sein de cette division dédiée entièrement aux projets de cybersécurité. Certaines entreprises de cybersécurité ont d’ailleurs vu le jour pendant le service militaire, en version bêta, avant de lancer la commercialisation à la fin du service. A Beer Sheva, capitale de la cybersécurité située dans le sud du pays, l’unité d’élite collabore étroitement avec l’université locale et les incubateurs.
Source et suite de l’article : frenchweb.fr
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