Einstein donnait cette définition de la folie : La folie disait-il, c’est de répéter toujours les mêmes choses et de s’attendre à un résultat différent. En remettant mon coeur à sa place ce matin aux aurores , parce que cet idiot d’organe avait sauté du lit avant mon corps, cette vérité m’a aussi traversé l’esprit. Puis j’ai oublié.
Mes voisins , en nuisette ou torses nus, chez lesquels je ne suis jamais allée mais dont l’anatomie n’a pour moi plus de secret , m’informaient dans un baillement réjoui qu’un chef du jihad islamiste avait rejoint les 70 vierges. Opération ciblée! En voilà un qui aurait mieux fait de ne pas dormir cette nuit. Trop bons les israéliens. On est des as.
Passées les congratulations et les blagues oiseuses et osées , nous avons rejoint nos pénates respectives… pour évidemment nous retrouver quelques minutes plus tard .
On se savait condamnés à vivre ensemble cette journée inutile
Mais
l’euphorie du premier rendez vous était tombée. On s’est tous regardé
tristement : on se savait condamnés à vivre ensemble cette journée
inutile. On s’est revus 5 ou 6 fois ce matin , je ne sais plus. Presque
indifférents à ce qui se passait autour de nous. C’est terrible
l’habitude. Mais l’habitude de l’inacceptable, quand on y pense , c’est
encore pire.
Et moi aujourd’hui, j’ai eu le temps de penser.
Comme un fait exprès, sur le coup de 17h, Radio Shalom me demande de témoigner, moi l’habitante d’Ashkelon.
Pourquoi pas après tout ? Ça me changera les idées…
Radio Shalom et moi, l’habitante d’Ashkelon
Nous sommes deux sur les ondes. Un monsieur très bien qui affirme
qu’il a confiance , qu’on ne peut rien faire de plus, surtout pas la
guerre , parce que la guerre ma foi c’est sale . Ce monsieur très bien
va chaque jour sur le terrain et réconforte les enfants du sud , ceux
qui tremblent de peur.
J’entends ses mots sans les comprendre : Tout
va bien aller dit-il, mais on ne peut rien faire . On a les moyens de
tout raser en deux jours , mais on ne peut quand meme pas tuer des
innocents…
Pourtant ,cher monsieur très bien, de tous temps , les guerres ont fait des morts. Mais vous avez raison, Israël a réussi un coup de maître : faire presque la guerre sans faire de morts dans le camp ennemi.
Nous, les gens du sud, et les peurs de nos petits
Quant à nous, les gens du sud, au bout de près de 15 ans d’allers- venues dans les abris, je crois , j’espère, qu’on est encore à peu près vivants. »
Pas le choix » a répété le monsieur très bien qui attend pourtant le changement.
Einstein avait raison . La folie nous guette . Vivent les opérations ciblées, vive le dôme de fer , vivent les abris, vivent Nous…
Quand l’humanisme remplace le bon sens et s’oppose à l’instinct de survie, quand on offre sur l’autel de l’humanisme, presque sans sourciller, les peurs de nos petits , quand on sacrifie la quiétude à laquelle l’enfance a naturellement droit, peut on encore jouer les grands coeurs auprès du camp ennemi ?
J’ai horreur comme vous tous des mots que j’écris là. Mais il faut bien que ça s’arrête un jour .
Ce soir la sirène une fois de plus a retenti et c’est la première fois que je n’ai pas rejoint l’abri.
Pour une fois, ça m’a semblé moins fou que de courir avec une serviette autour des reins …
PS: A MES AMIS: pas d’inquiétude, promis, à la prochaine azaka, je recommence à être folle.
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