Ya hasra 2. Le retour? Non! La suite. René Seror

YA HASRA 2. LE RETOUR? NON! LA SUITE. C’est votre faute, aussi! Je raconte une page de notre vie et c’est l’émeute. Les uns applaudissent des 2 mains, d’autres me gratifient de YouYous stridents. Sans le son, je les ai entendus! Stridents! J’ai quand même reçu quelques remarques négatives, sans méchanceté certes, mais négatives Oui! C’est quoi cette nostalgie, liée à la nourriture. 

Oui! Il faut regarder l’avenir, pas derrière! Du coup, refusant les critiques promulguées à mon endroit, je me suis demandé, si Albert Camus avait bien fait de raconter « la peste à Alger ». Si Albert Cohen nous avait fait honte avec SOLAL ou Mangeclous. 

Et Proust qui « recherche le Temps perdu ».

Et Victor et ses « Misérables ». Je m’égare peut-être, mais je ne me compare pas! Pourtant, hier, un mien lecteur a prophétisé mon imminent Nobel de littérature. Vous croyez? Vous croyez vraiment qu’ils le donneraient à un juif de Tunisie, mélancolique et nostalgique?

Mes amis, quand vous lirez la suite de mon « YA HASRA 2 », écoutez la chanson de Johnny, vous savez, son premier tube « Souvenirs, Souvenirs ». En les retrouvant en vos cœurs, Ils feront peut-être refleurir Tous vos rêves de bonheur. 

Stop à l’autosatisfaction. YA HASRA 2

Contrairement à d’autres, je n’ai quitté ma terre natale, ni contraint, ni forcé. Depuis l’été 60, mon père zal nous promettait des vacances à Paris. Aussi, le 3 juillet 1961, nous quittons Sfax par l’autorail de 6h20.

Autorail: je n’en ai jamais revu. Arrivés à Tunis, nos prenons le TGM bondé, direction « La Goulette ». Nous passons la nuit chez une vague tante qui vivait là avec son mari. 

Le lendemain, lundi 4 juillet a 10 h,nous embarquons à bord du « EL DJAZAIR ». Mon père est resté à terre. Il ne vient pas!  Mais mon rêve occupe ma tête et mon cerveau. Je vais voir Paris. Je vais avoir 14 ans dans 3 semaines, et toutes mes leçons d’histoire de France défilent devant mes yeux. 

Dans ma vision de la France, il y a MARSEILLE au Sud, où je vais débarquer dans 24 ou 25 heures. Puis un axe qui passe par Lyon pour déboucher sur Paris. Après une traversée à fond de cale pour ma mère Zal, mes 2 frères et ma sœur,  je passe la nuit sur le pont, en compagnie de jeunes gens ivres de vie, qui m’ont fait chanter toute la nuit. Mon D. Que j’étais fier! Tout y est passé. 24000 baisers. T’aimer follement. Hava Naguila. Come Prima…


A Marseille nous ratons le train de midi et attendons le suivant à 15h. S’ensuit une partie de la nuit à scruter le paysage dans la noirceur d’une nuit sans lune. Vers 3 h du matin, un taxi nous emmène de la Gare de Lyon vers une petite rue de Ménilmontant où habitent ma tante et mon oncle.  Dire que la nuit fut courte serait un euphémisme. Avant 7 heures, je regarde par la fenêtre, émerveillé des bruits de cette rue minuscule, que mon imagination croit être les Champs Elysées. 

Après deux semaines merveilleuses, Invités chaque jour, Les 10 Commandements, censuré en Tunisie, Tout ce qui concerne Elvis, Première cigarette, suivie de 35 ans de n’importe quoi, Et un soir, chez une de nos nombreuses tantes, sa fille vient de débarquer de Sfax. Elle demande à maman si elle a changé ses Dinars.

Ma mère qui n’a jamais acheté quoi que ce soit, mon père lui faisait tout livrer, répond naïvement:-Non! Pourquoi?

C’est alors la douche glacée. -Tu n’as pas entendu parler de la crise diplomatique et militaire?Le Dinar ne vaut plus rien. Égoïste en diable, le joli film que je me faisais, changé en séquence d’horreur. Je pense à tout ce que j’ai laissé. A mes livres, mes cahiers, mes copains, mon Rabbin, la Synagogue Beth-El, inaugurée en 1955, où fut célébrée ma Bar-Mitsva. 

La synagogue Beth-El à Sfax

Clairement, je comprends aussitôt que je ne reverrais plus rien de mon passé. La constatation est lourde et insupportable. Mon père nous rejoint quelques jours avant Roch Achana. Il raconte sa fuite. Je ne trouve pas d’autres mots. Sa traversée, en chemisette et short. 1 Dinar en poche, qui ne lui permet pas le moindre verre d’eau. Mon gentil Papa. Il est parti, les mains vides, laissant derrière lui une vie de travail. Un compte en banque garni, que nous ne récupérerons jamais, mais mon gentil Papa ne pensera pas à prendre l’avion. Je n’ai jamais eu l’occasion de lui demander pourquoi.

Septembre est vite là. Pour mon père, après une vie professionnelle à son compte, libre et aisé, il accepte un poste d’emballeur. Ce qui durera jusqu’au jour où le patron, qui deviendra son ami, remarque cet homme, élégant et racé, et lui propose un poste de représentant. Ce qui va améliorer considérablement l’ordinaire. 

Un copain resté à Sfax nous envoie le Solex oublié. Par souci d’économie, mon père se rendait aux Halles et revenait avec les victuailles nécessaires pour la semaine. 

Un an plus tard, mes parents devenaient propriétaires d’un 2 pièces au 5 ème étage sans ascenseur, mais c’était le Retour au Paradis. 

Ne lis pas banayikh, tes filsmais plutôt bonayikh, tes bâtisseurs.

Pour ma part, une année au Lycée Voltaire m’a fait douter de mes capacités scolaires. Je ne pense qu’au Rock’N’Roll. Ma vie est dissolue, maladroite et désordonnée. Mon éducation religieuse m’a empêché de sortir des rails. Direction l’internat. Après 3 ans d’apprentissage, je goûte aux affres du travail sans diplômes. A partir de là, il n’y a aucun intérêt à développer une vie ordinaire. Disons que ces 3 années et leur suite immédiate m’ont enseigné la vie. Si j’étais Footballeur, je dirais fièrement: ce fut ma REMONTADA.  Pour conclure, disons qu’il faut favoriser la quête du bonheur, mais surtout ne jamais s’apitoyer sur son sort. Il faut à tout prix refuser la victimisation! Notre tradition nous dit: « Ne lis pas tes enfants (BANAYKH), Mais tes bâtisseurs (BONAYKH).  Toute une éducation dans ces deux mots.

sarah cattan

SFR

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