Poignant, brillant, scintillant d’intelligence, ce » dialogue en trois actes » qu’il nous propose respecte parfaitement l’unité de lieu, de temps et d’action.
Il s’agit d’un dialogue imaginaire, les 27 et 28 juin 1944, entre Léon Blum et Georges Mandel, livrés aux Allemands par le régime de Pétain, et emprisonnés ensemble près de quatorze mois dans une petite maison proche du camp de Buchenwald. Les deux hommes politiques pressentent qu’à titre de représailles l’un d’eux paiera de sa vie le meurtre de Philippe Henriot, ministre de l’information de Vichy, commis par des résistants. ( C’est Mandel qu’on viendra chercher et qui sera exécuté ).
En attendant, ils discutent, de la vie politique, de la vie tout court, sans oublier qu’ils sont juifs et perçus comme tels. Cette conversation magnifique se réfère constamment à leurs modèles respectifs : Blum, tout proche de Jaurès, magnifique inspirateur de la gauche socialiste et Mandel, homme de droite, collaborateur de Clemenceau.
Tragédie classique, car l’un des deux va être arrêté.
Dialogue politique, dialogue philosophique, dialogue éthique …
Christophe Barbier se révèle être un remarquable acteur et Emmanuel Dechartre, très touchant, subtil, tendre, sensible …
Derrière les carreaux, Buchenwald, qui ponctue leur échange par quelques bruits de fusillade et de violence et à quelques kilomètres, Weimar, la ville de Goethe et de Schiller, la civilisation toute proche de l’horreur …
C’est ce qui m’avait d’ailleurs frappée en allant à Buchenwald et en visitant Weimar … la proximité du beau et du mal absolu.
Un grand moment de réflexion politique et de théâtre.
Pièce de Jean-Noël Jeanneney Avec Christophe Barbier, Emmanuel Dechartre, Simon Willame
Du 22/10/2019 au 29/11/2019
Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 15h
Michèle Rotman
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