Il y a tout juste un an, le 13 octobre 2018, 185 entrepreneurs bretons s’envolaient pour Israël. La startup-nation proche-orientale dévoilait les secrets de son eldorado économique. C’est, à ce jour, la plus importante délégation de chefs d’entreprises français jamais accueillie à Tel Aviv.
Bretagne et Israël, deux terres et deux peuples renforcés par des valeurs communes, parmi lesquelles l’enracinement séculaire, la défense de valeurs spirituelles et culturelles, ainsi que l’attachement à une identité plusieurs fois millénaires. Depuis 1948, l’économie israélienne intrigue et impressionne par son dynamisme florissant qui en a fait la seule startup-nation du Proche Orient. Les raisons d’un telle prospérité ? D’abord la tradition du risque voisinant l’énergie des pionniers qui ont construit le pays. Puis une volonté de lutte afin d’exister dans un environnement géographique hostile ; la force de cette résilience provoque un dynamisme nourricier d’une économie forte et prospère : le pays brille de ses 11 Licornes (distinctions relatives aux startups valorisées à plus d’un milliard de dollars : Taboola, IronSource, Outbrain…), là où la France en revendique seulement trois (OVH, BlaBlaCar, et vente-privée).
Israël fait du charme aux patrons bretons
Les Israéliens multiplient les appels du pied aux patrons bretons. « Venez. Ici, il n’y a pas de limite. » Ils croient en la Bretagne davantage que les Bretons eux-mêmes, persuadés qu’une Breizh Silicone Valley est envisageable. Souvenons-nous de Pleumeur-Bodou (Côtes d’Armor) qui, lors de sa création en 1962, était le plus important radôme de transmissions satellitaires européen, à l’origine de la première diffusion télévisée en mondovision. Évoquons le défunt Minitel, ancêtre d’Internet et des réseaux sociaux, inventé à Rennes et testé avec succès en Bretagne alors que Mark Zuckerberg n’était pas encore né. Depuis cette époque bénie des premiers exploits numériques bretons, Israël nous observe et s’inspire de notre énergie foisonnante. En découle les succès de Waze (application de trafic routier) inventée par un israélien en 2008 et rachetée 1,1 milliard de dollars par Google trois ans plus tard. Fierté aussi avec le système anticollision pour voitures autonomes : le programme Mobileye, vendu 15 milliards de dollars à Intel. Ces innovations sont envisageables sous n’importe quelle latitude, affirment Israéliens. Et de rappeler aux Bretons que la matière première du monde à venir est avant tout la matière grise.
Lorsque Yves Rocher rachète l’une des plus belles entreprises israéliennes
Si Israël donne des conseils et partage son savoir-entreprendre avec la Bretagne, certaines entreprises Made in Breizh n’hésitent pas à racheter les fleurons israéliens. C’est le cas d’Yves Rocher avec l’entreprise cosmétique Sabon. Julia Neustadt, International Merchandising chez Yves Rocher-groupe, communique son enthousiasme en rappelant que la société morbihannaise s’est portée acquéreur de Sabon en 2016, l’une des plus florissantes affaires israéliennes créée vingt ans plus tôt par deux amis d’enfance, Avi Piatok et Sigal Kotler-Levy, Sabon est spécialisée dans l’entretien du corps à base de produits manufacturés avec des sels de la Mer morte ; Julia Neustadt ne tari aucun éloge sur Yves Rocher désormais largement implanté en Israël, pays où la monnaie est stable et la population jeune avec une grande appétence pour la cosmétique. « Ici, la vie est paisible et très consommatrice. Tel Aviv a des airs de Barcelone avec ses bars, ses restaurants, et ses joggers en front de plage… » Même discours engageant du Français Franck Meloull, président d’i24News, dont les studios sont installés à Jaffa. Cette chaîne d’information internationale affiche une ligne éditoriale anti-anxiogène. « On ne veut plus voir le Moyen-Orient comme un problème, mais comme une solution. »
La Bretagne a tout pour devenir une startup-région
Pour s’émanciper de la tutelle nationale, une région ne peut se satisfaire de revendiquer uniquement ses appartenance culturelles, elle est aussi tenue de gagner son autonomie budgétaire. Ainsi, la Bretagne doit prendre exemple sur des modèles économiques plus souples que la matrice française qui, sous l’emprise de Bruxelles, se demande désormais comment produire moins, alors que l’unique solution pour s’affranchir d’une vassalité financière est de produire mieux et davantage. Les Bretons ont prouvé qu’ils avaient les capacités et la force nécessaire pour mener à bien certaines innovations numériques. C’était le cas hier. Peut-être à nouveau demain. Car si Israël est devenue une startup-nation en moins de 15 ans, la Bretagne a tout pour se transformer en startup-région aussi rapidement. Voilà ce qui fut rappelé aux entrepreneurs Bretons il y a un an. Les mains tendues ne sont pas toujours synonymes de pauvreté, mais bien plutôt d’une invitation à faire ensemble. Kenavo. Shalom. שָׁלוֹם
Jérôme Enez-Vriad
© Octobre 2019 – J.E.-V. & Bretagne Actuelle
Source : bretagne-actuelle
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