Yann Moix : Oui, j’ai honte de ce que j’ai fait mais je suis devenu… Alain Chouffan

YANN MOIX : “ OUI, J’AI HONTE DE CE QUE J’AI FAIT MAIS JE SUIS DEVENU LE MEILLEUR DÉFENSEUR DU JUDAÏSME ”

Yann Moix se met à nu ! D’abord dans livre intitulé “Orléans” (Grasset) , où il raconte les humiliations de son enfance. Il a été détesté, molesté, déchiqueté, humilié, rejeté par ses parents. Même combat pour les deux géniteurs. Lorsqu’il avait 5 ans, sa mère rêvait de le noyer dans l’eau du bain, de l’étouffer sous un oreiller, elle le traînait par les cheveux hors de l’appartement, le bombarde de verres à moutarde, le traitait publiquement d’”espèce d’enculé” ou de “mon con”, lui crachait au visage et aboyait : “jamais tu n’aurais dû naître, jamais!”. Son père, un kiné, un kiné aux massages expéditifs avait la haine encore plus enragée et plus violente : une nuit d’hiver, il extirpa le petit Yann de son lit, le poussa en pyjama dans la Peugeot 404, roula jusqu’à la forêt glaciale, le jeta dans un fossé boueux, resta sourd à ses hurlements et repartit sur les chapeaux de roue. La mère viendra, au petit matin, le chercher en râlant, en l’insultant encore.

Dés sa parution, ce récit est contesté par son père et son frère. Mais le livre est merveilleusement bien écrit et mérite d’être lu. Bref, tout allait bien pour Yann Moix. Mais voilà. Un pan de son passé est révélé par “l’Express”. Quoi ? Qu’à 21 ans, Yann Moix avait non seulement dessiné des caricatures antisémites, mais aussi rédigé des textes négationnistes dans une revue étudiante. Alors là, c’est l’affolement autour de Yann Moix. Comment lui ? Faire ça ! Impossible ! Il est aujourd’hui l’un des défenseurs les plus acharnés d’Israël. L’affaire devient importante. “Libération” en fait la “une”. Et il en profite pour s’en expliquer. D’un mot ! “J’assume. J’endosse tout !”. C’est clair, il ne va pas tergiverser. Il le reconnaît. “Ce que j’ai fait à l’époque avec 3 ou 4 cons, on était des types complètement paumés. J’écrivais, je dessinais. Je produisais de la merde. Ces textes et ces dessins sont antisémites, mais je ne suis pas antisémite. Je me moquais des myopathes de la faim dans le monde, de l’Abbé Pierre… Aujourd’hui, l’homme que je suis en a honte. Tout le parcours que j’ai fait depuis, tout mon parcours d’homme, c’est l’histoire de quelqu’un qui a essayé de s’arracher à cette géographie toxique, m’extraire de cette nasse. Plutôt que de tomber dans la merde, je me suis élevé, en étant curieux intellectuellement. Je me suis hissé hors de la bouse, et je suis devenu le meilleur défenseur du judaïsme.

J’ai eu la chance de rencontrer Bernard-Henry Lévy, qui m’a évité de devenir l’homme que j’aurais pu être, une pourriture. Je ne suis pas fier, mais heureux de mon parcours. L’âge de 20 ans, c’est fait pour se tromper. Aujourd’hui, alors que ces dessins, ces textes sont ressortis, je me sens libre. Libéré de cette épée de Damoclès avec laquelle je vivais depuis trente ans. Je vais pouvoir continuer mon travail, l’esprit dégagé.”

Est-ce l’épilogue provisoire d’une polémique survenue depuis la publication d’Orléans, dans lequel Yann Moix règle ses comptes avec sa famille ? Pour l’instant Yann Moix a confirmé la réalité de ce choquant péché de jeunesse. Il a eu grand tort dans ce cas d’affirmer dans un premier temps que ces textes venaient de quelqu’un d’autre. Mais bon. Il est passé de l’antisémitisme juvénile à la défense d’Israël, ce qui est mieux que l’inverse ! On peut se tromper lourdement quand on a 20 ans, même si l’âge n’excuse pas tout. Mais bon, il faut croire à la sincérité de Yann Moix. Et il ne ménage pas ses efforts pour nous la prouver.

Alain Chouffan

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5 Comments

  1. Le plus choquant dans cette lamentable histoire, c’est de voir ce personnage se coiffer d’une kippa, au cours de « on n’est pas couché », il y a quelque temps.
    Une erreur de jeunesse, à vingt ans ?
    Mais, combien de jeunes juifs victimes de « USHOAHAYA » (c’est son aboMINABLE calembour) auraient été heureux de commettre des erreurs de jeunesse et d’atteindre leur vingtième année ?
    Un ami comme lui, je le souhaite à mon pire ennemi, comme disait GROUCHO MARX.
    La bonne conduite ne serait-elle pas d’oublier jusqu’à son nom et son « oeuvre » , par crainte de participer à cette ignominie.

  2. Je veux vous croire un sincère repenti. Ne me decevais jamais. J’aimais votre prise de parole, connoté de la compréhension du peuple le plus opprimé à la fois en dehors que sur sa terre. Les mots précis, la défense des israéliens piègés par une presse denonciatrice ont été un baume sur nos maux. Gardez tête haute seuls les idiots ne changent pas d’avis.
    Je vous salue
    Joëlle

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