Alain Herbeth : Je me souviens. Chateaubriand et le voyage à Jérusalem

Le 4 juillet 1848, François-René de Chateaubriand s’éteignait, alors que sa vitalité physique et sa lucidité s’en étaient déjà allées. Ah ! Et alors me direz-vous… Peut-être est-ce l’occasion de se souvenir de son voyage à Jérusalem, effectué à l’automne 1806. Il en fit un livre : « L’itinéraire de Paris à Jérusalem » qu’il est intéressant de feuilleter aujourd’hui encore. Certes, Chateaubriand est un catholique fervent. Certes, il s’opposa à la révolution et à Napoléon, mais il en avait le droit. Par contre, à Jérusalem, il n’oublia pas qu’il était là dans le berceau des « Israélites ». Le Déni de l’Histoire ne concernait pas Chateaubriand, bien au contraire : « Lorsque j’entrepris le voyage d’outre-mer, Jérusalem était presque oubliée. Un siècle antireligieux avait perdu la mémoire du berceau de la religion… Il semblait qu’il n’y eût plus de Palestine. »

Arrivée en Terre Sainte

« Le temps était si beau et l’air si doux, que tous les passagers restaient la nuit sur le pont. C’était là que je dormais, le 30 septembre à six heures du matin, lorsque je fus éveillé par un bruit confus de voix, j’ouvris les yeux, et j’aperçus les pèlerins qui regardaient vers la proue, du vaisseau : « il Carmelo! le Carmel!… » Ce moment avait quelque chose de religieux et d’auguste; tous les pèlerins, le chapelet à la main, étaient restés en silence dans la même attitude, attendant l’apparition de la terre sainte. J’aperçus enfin moi-même cette montagne, comme une tache ronde au-dessous des rayons du soleil. Je me mis alors à genoux à la manière des Latins. Je ne sentis point cette espèce de trouble que j’éprouvai en découvrant les côtes de la Grèce : mais la vue du berceau des Israélites et de la patrie des chrétiens me remplit de crainte et de respect. J’allais aborder à ces rives que visitèrent comme moi Godefroy de Bouillon, Raimond de Saint-Gilles, Tancrède le Brave, Hugues le Grand, Richard Cœur de lion, et ce saint Louis dont les vertus furent admirées des infidèles. Obscur pèlerin, comment oserais-je fouler un sol consacré par tant de pèlerins illustres? »

A Jérusalem

« Je restais les yeux fixés sur Jérusalem, mesurant la hauteur de ses murs, recevant à la fois tous les souvenirs de l’Histoire, depuis Abraham jusqu’à Godefroy de Bouillon, pensant au monde entier changé par la mission du fils de l’homme… Lorsque Omar s’empara de Jérusalem, il fit construire une mosquée sur les ruines du temple de Salomon. Il fit déblayer les terres et découvrit une grande roche où Dieu avait du parler à Jacob. Le dôme de cuivre qui recouvre cette mosquée provient des dépouilles d’une église de Baalbek. »

Merci monsieur de Chateaubriand pour cette visite. Beaucoup, dans ce long XIXème siècle vont vous suivre : Alexandre Dumas, Gustave Flaubert, Alphonse de Lamartine, Pierre Loti et Ernest Renan.

Alain Herbeth

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2 Comments

  1.  » le vrai bonheur coûte peu, s’il est cher, il n’est pas de bonne espèce  » Mémoires d’outre tombe . Il lire et relire Chateaubriand qui, au delà de son écriture élégante, fut un humaniste authentique .

  2. Oui il faut lire ou relire Chateaubriand, son écriture est belle et il fut un humaniste authentique, sa foi catholique n’a jamais altérer son humanisme . Allez pour vous convaincre, je relève dans les mémoires d outre-tombe cette belle formule :  » le vrai bonheur coûte peu, s’il est cher il n est pas de bonne espèce « 

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