Je vous livre ma petite réflexion de fin de semaine en souhaitant Shabbat Shalom aux shabbatisants et un excellent weekend à tous les autres.
Mon mari et moi venons de nous faire un marathon télévisé avec la série israélienne “SHTISEL” qui nous a vraiment interpellée et qui décrit la communauté juive orthodoxe de Jérusalem. Chez nous cette série télévisée a provoqué un certain nombre de questionnements tant les sujets abordés sont multiples et touchent à divers moments importants et marquants de la vie. Nous n’avons pu nous empêcher de nous demander ce que des non juifs qui regardent cette même série doivent en penser…
Généralement pour “les autres”, nous sommes juste les Juifs. Tous pareils, un amalgame un peu mystérieux, un peu dangereux, au mieux intriguant, au pire effrayant. Mais comme dans le best seller du même nom, il y a 50 nuances de juifs. Il y a les juifs sépharades et les ashkénazes, il y en a des noirs Falashas d’Ethiopie ou des tribus perdues d’Afrique, des jaunes de Shanghai, ceux de diaspora et ceux d’Israël, les survivants de l’Holocauste et leurs descendants et les autres, ceux qui ont été les pionniers de l’Etat d’Israël et les autres, les religieux ou pas, les pratiquants ou pas, les assimilés ou pas, les orthodoxes, les ultra-orthodoxes comme les hassidiques Skverers, les Satmars, sectes dans la secte qui vivent au XXIème siècle comme dans les schtetels d’Europe centrale du XIXème siècle, avec encore le yiddish à la clé , les Loubavitchers qui vont ouvrir des petites synagogues au fin fond du Tibet au cas où il y aurait un juif qui se sentirait seul un Shabbat, il y a les pilotes de F16 et les troupes d’élite des brigades Golani, il y a les laïcs, les libéraux, les conservateurs et ceux qui veulent oublier qu’ils sont ou ont été juifs, il y a les sionistes et les Netouré Karta qui brûlent le drapeau israélien, il y a des prix Nobels, plein de prix Nobels et il y a les violons sur le toit, il y a des pauvres et des riches, il y a des banquiers, pas tant que ça, et ceux qui font frire les falafels, il y a même des juifs antisémites notoires comme Soros ou les propriétaires du NewYork Times, il y a les cachers et les adorateurs du jambon-beurre-gruyère, et il y a le gros contingent des juifs américains libéraux démocrates progressistes qui sont une secte à eux tous seuls. Autant de juifs que de façons d’être juif, une diversité bien compliquée à comprendre pour les non initiés. Les ignorants et ils sont légions pensent que nous sommes des millions alors que nous ne représentons que 0,17% de la population qui, en nous comptant tous, arrivons péniblement 70 ans après la Shoah à revenir au nombre que nous étions avant. De même, Israël est un territoire grand comme un timbre poste qui dans sa plus étroite largeur ne fait guère plus de 20 kilomètres mais pour l’esprit du quidam de base c’est au moins grand comme le Canada… c’est bien connu on ne prête qu’aux riches!
Moi le matin quand je me lave les dents et que je jette un coup d’œil dans le miroir, je ne vois pas un juif. Je vois un être humain un peu vieillissant mais avec encore des aspirations, des rêves et des désirs. Et j’ai du mal à comprendre comment certains, regardant cet être humain, peuvent d’une seconde à l’autre en apprenant qu’il est juif, lui vouer une haine sans borne. Et ça fait des siècles que ça dure sous des versions différentes mais au final toujours avec un résultat désastreux. Et malgré cela cet être humain, il s’accroche et il continue d’être fier et d’assumer sa judéité qu’elle que soit la façon dont elle se manifeste ou pas…
Martine Eckerling
Pour ce qui est des amalgames, des clichés et des généralisations il en est des juifs comme de tous les autres groupes, grands ou petits : « les » arabes, « les » noirs, « les » chinois, « les » femmes… nous avons tous des idées préconçues sur autrui et même sur notre propre groupe, tout l’intérêt de l’art notamment à travers les films et la littérature est de nous faire connaitre les richesses et les finesses de ce monde. Et le cinéma israélien, comme les séries tv, est passionnant, personnellement j’apprends l’hébreu essentiellement parce que j’ai appris à aimer Israel à travers ses fictions.
Merci à vous, Martine, pour cet excellent billet.
Il mériterait d’être placardé dans toutes les écoles de France et de Navarre 🙂
Quant à appliquer cette règle au monde entier, je pense que là j’en demanderais trop.
Le problème est que s' »il y a 50 nuances de Juifs », il n’y a cependant pas 50 nuances de Dieu, a fortiori pas 50 nuances de judéités. Donc il faudrait quand même se rendre à cette évidence pour réfléchir enfin, une bonne fois pour toutes, aux critères non pas humains mais DIVINS de la Judéité pour être sûr d’avoir, après la mort, la bonne nuance pour passer la PORTE du Paradis qui n’en a pas 50 mais bien UNE SEULE…
Si, Ingrid, je pense qu’il y a 50 nuances de judéité mais toujours avec un seul D.ieu pour les croyants, un point d’interrogation sur l’existence d’un D.ieu pour les agnostiques et une non-existence de D.ieu pour les athées. Ce qui n’empêche pas les agnostiques et les athées de reconnaître la bible comme un des terreaux de l’invention de l’Humanité. Sans Humanité, nous ne sommes que des hommes, i.e. ce qu’il y a de pire sur terre et c’est, à mon humble avis, la raison pour laquelle il fallait à tout prix palier à ce problème destructeur et c’est la raison pour laquelle je dis que l’Humanité fut inventée, i.e. l’invention d’une réalité.