Mercredi soir commençait le Yom Ha Shoah, le souvenir de l’holocauste. Mais pas un jour, pas une nuit, nous n’avons oublié le lent supplice de tout un peuple. Un peuple assassiné dans le silence et l’indifférence… Si, ici ou là, les applaudissements ont parfois accompagné le travail de mort de la SS, bien plus souvent, en d’autres lieux ou parfois dans les mêmes lieux, d’autres mains se sont tendues pour empêcher le crime de s’accomplir.
Cacher un enfant ici, prévenir d’une rafle ailleurs.
Alors que s’égrènent les noms des déportés, du vieillard au nouveau-né, pour que pas un seul n’échappe à notre souvenir, il faut aussi se souvenir des justes, de tous justes, connus et honorés, ou restés dans l’anonymat de leur courage solitaire. Parmi eux, un policier de Nancy, ma ville natale. Il s’appelait Marcel Galliot, et exerçait son métier au commissariat de la rue de la Visitation.
Arrêté par la Gestapo, il a été déporté au camp de Buchenwald. Il en est revenu en 1945 et a reçu, beaucoup plus tard, le titre de Juste parmi les Nations, tout comme 54 autres policiers et gendarmes dans la France toute entière.
Ce soir, j’aime la police
Mais à Nancy, Marcel ne fut pas le seul policier à s’être ainsi honoré. Edouard Vigneron et ses hommes, policiers eux aussi, appartenaient au service des étrangers. Un service pour le moins sensible quand on connaît le nombre de juifs « étrangers » qui étaient recensés dans la capitale lorraine. Un jour, ils ont décidé de désobéir aux lois de Vichy. A force de ténacité et d’obstination, ils vont réussir à faire échouer la rafle de Nancy prévue en juillet 1942. Toute la nuit, maison par maison, ils sont allés prévenir ceux qui, demain, seraient raflés.
Cette histoire extraordinaire a fait l’objet d’un film : « Le temps de la désobéissance » réalisé par Patrick Volson, un enfant de Nancy, comme moi.
Alain Herbeth
Poster un Commentaire