Le 1er mai n’est malheureusement pas une fête pour tout le monde. Pour un chômeur, c’est un jour terrible, et c’est la pire expression de l’exclusion. Je connais la tare du chômage et l’horreur de la galère qui lui est liée, pour les avoir vécues certaines fois. En ce jour, ma pensée va aux exclus et aux pauvres dont j’ai croisé la route par milliers.
C’est à eux que je dédie cette HUMEUR, non sans les rassurer que « nul n’est à l’abri de réussir », comme disait GIbran.
PRIMO : En général, la fragilité du lien au travail entraîne à son tour un affaiblissement des liens sociaux qui peut être vecteur d’autres risques, et à l’origine d’une spirale de l’exclusion.
L’exclusion est un phénomène qui prend de l’ampleur depuis la fin des trente glorieuses, et l’entrée en crise de l’économie. Cette crise a vu l’émergence d’un nouveau mode de production déterminé par la mise en œuvre et l’adoption d’un important progrès technique.
Il en est résulté un bouleversement des structures économiques et sociales du pays dont l’un des effets majeurs est la transformation du marché du travail avec pour corollaires : une montée du chômage et la précarisation du marché de l’emploi (travail à temps partiel, intérim, contrats à durée déterminée, flexibilité…).
L’on mesure mieux la gravité d’une telle tendance, quand on sait que le travail, avec l’extension du salariat, est l’un des modes privilégiés d’insertion à la vie sociale.
SECUNDO : Le phénomène d’exclusion ne doit pas pour autant être associé exclusivement à la privation d’emploi.
Il fait intervenir plusieurs facteurs (sociaux, culturels, familiaux…) qui conduisent à des difficultés d’insertion et d’intégration. Par ailleurs, l’exclusion n’est pas un état, mais un processus se traduisant par un ensemble de contraintes.
Il est arrivé que des gens qui avaient une situation normale, des fois enviable, sombrent dans la misère : SDF, divorce, alcoolisme, absence de toute perspective…
Pour autant, il ne faut pas oublier que la recherche de l’emploi, c’est un combat à mener contre l’adversité, mais aussi contre soi-même.
TERTIO : Les 30 glorieuses ont-elles existé ?
Difficile de le croire de nos jours.
Le problème, c’est que la question du chômage n’est abordée que dans le cadre du dogme néolibéral ravageur, qu’une journaliste canadienne de talent, Naomi Klein, a appelé « capitalisme du désastre ». Ce dogme a une filiation théorique, Milton Friedman et ses « Chicagos Boys », dont la politique peut être déclinée, dans sa phase actuelle qui est la plus agressive : réduction drastique des dépenses sociales, politique de libre-échange total, privatisations massives et dérèglementation qui signifie retrait de l’Etat des ses fonctions habituelles de régulation. L’économie n’est plus abordée comme science sociale, mais comme science dure. Il n’y a pas de place pour l’humain. Pourtant, l’on sait bien que le marché est sans âme, ni coeur.
Dans l’optique Keynésienne qui est aujourd’hui largement acceptée, l’Eta doit orienter l’économie par les dépenses et les investissements publics, c’est ce qui peut relancer la fameuse « Demande Effective », et par là-même l’emploi.
Ce faisant, il doit aussi empêcher l’ingérence du pouvoir économique privé dans la sphère des intérêts publics. Or, c’est tout le contraire qui se produit aujourd’hui : la France ressemble à une immense braderie, où à peu près tout ou presque est à vendre.
QUATRO : Si le capitalisme a constitué un progrès historique par rapport aux systèmes qui l’ont précédé, contribuant ainsi à l’avènement d’une certaine modernité rendue possible, en grande partie, grâce à la philosophie des Lumières.
Aujourd’hui, selon Galbraith et d’autres, il est frappé d’obsolescence, c’est le cours de l’histoire.
Il ne s’agit rien de moins que de rénover la pensée, accéder à de nouvelles valeurs, songer à une nouvelle civilisation, faire intégrer à la société de nouveaux réflexes. C’est une question de survie.
En effet, la voracité consumériste, la recherche effrénée du profit, l’insupportable individualisme, le fétichisme de l’argent, l’obéissance à une conception débile des besoins… Ont mené à la destruction autant de l’homme que de la nature.
Oui ! La croissance économique est utile au développement, elle n’est pas suffisante, peut-être faut-il s’intéresser davantage au développement humain et social, aux libertés, à l’articulation entre développement et démocratie, suggère le plus humaniste des économistes, le Nobel Amartya Sen.
CONCLUSION : Je n’oublie pas quand même de positiver : le 1er mai, c’est la fête du muguet, et cet aspect m’intéresse particulièrement; c’est une occasion d’offrir à ma petite femme des fleurs, elle adore. En plus « la tête de ma mère », c’est HALLAL, et je décrète dans la foulée. que tout ce qui contribue à la joie et au bonheur est « HALLAL ». Fraternellement !
Amartya Sen disait : « Il est impossible de se penser comme détaché des autres », je signe des deux mains et vous ?
Il aimait aussi à reprendre une merveilleuse phrase de quelqu’un qui l’a influencé :
» Dès qu’une chose me procure du plaisir, elle devient mienne quelle qu’en soit l’origine « .
C’est mon muguet pour vous.
Bonne fête quand même !
Khaled Slougui
Très juste. Facteur majeur d’exclusion à ajouter : le handicap, a fortiori quand il est invisible d’ordre psychologique ou neurologique.
J’en profite pour rappeler que LREM est le SEUL parti à s’être opposé à la déconjugalisation de l’AAH, ce qui a pour effet d’aggraver la précarité sociale et économique de nombreux handicapés.
Le macronisme est une forme de barbarie.