Fin d’hiver…
L’hiver est officiellement fini, le printemps prend le pouvoir, tandis que la « bora » chasse les derniers nuages… Pour Venise, c’est la fin de la saison creuse. Il y a bien eu le Carnaval, toujours marqué par la présence de foules immenses autour de la Place Saint Marc, de la Riva dei Schiavoni et, à un moindre degré, du parvis de San Giorgio Maggiore pour les rituelles séances de pose, où masques et costumes rivalisent pour attirer l’objectif des photographes. J’avoue que cette année, je suis sagement resté sur mon île, la Giudecca demeurant encore à l’abri des invasions barbares
Cette semaine, l’actualité culturelle reprend. En attendant l’ouverture de la Biennale (vers la mi-mai), la Casa dei Tre Oci a donné le signal avec le vernissage de l’exposition de Letizia Battaglia. En fin de semaine, les deux sièges de la Fondation Pinault (Palazzo Grassi et Punta della Dogana) inaugurent leurs expos 2019 – au Palazzo, l’artiste belge Luc Tuymans, et à la Dogana, une quarantaine d’artistes pour une collective intitulée « Lieux et signes ». La Collection Guggenheim proposera bientôt une exposition consacrée à Jean Arp. Quant aux « Chambres du Verre », on pourra découvrir dans quelques jours une exposition de pièces de Maurice Marinot, produites entre 1911 et 1934… Du pain sur la planche pour les amateurs d’art
J’ai écrit « saison creuse », mais en fait, pas si creuse que çà. Jugez-en plutôt
À l’auditorium de la Fondation Cini, quatuor à cordes dans un programme Haydn/Schubert. Quelques jours plus tard, au Goldoni, « Tempo di Chet » – une évocation de la vie et l’œuvre de Chet Baker, interprété par Paolo Fresu (qui a composé la musique)… Décevant, par contre, le spectacle de la compagnie Merighi/Mercy, fondée par deux anciens danseurs de Pina Bausch. L’an dernier déjà, une autre compagnie se réclamant de Pina, n’avait pas fait mieux. Les élèves sont très loin de leur maître…
Et puis, un peu d’opéra… La Fenice a présenté, sur la scène du Teatro Malibran, Le Songe de Scipion, une œuvre de jeunesse de Mozart (il avait 15 ans), sous la baguette de Federico Maria Sardelli, chef entendu à Beaune il y a quelques années. Œuvre de commande, composée de dix arias, sur un livret de Métastase, où le jeune Wolfgang démontre déjà toute sa maîtrise de l’orchestre
Sur la scène de la Fenice, la semaine suivante, le même chef dirigeait « Il Re pastore », opéra « écolo » du même Mozart composé en 1775, la même année que La finta giardiniera. Et avec le même librettiste, Métastase.
L’archevêque Colloredo avait commandé cet opéra comme divertissement à l’occasion de la visite à Salzbourg de l’Archiduc Maximilien de Habsbourg-Lorraine, le fils cadet de l’impératrice Marie-Thérèse. Certains d’entre vous se souviendront que le Roi pasteur avait été donné à La Monnaie, à Bruxelles, il y a de nombreuses années. La production vénitienne – voix, décors et costumes – a été très applaudie, et notamment l’air célèbre « L’amerò, sarò costante »
La suite aux prochains numéros
Et comme cette année le printemps coïncide avec une super lune, c’est elle que je choisis pour illustrer cette chronique…
Guido Boccara
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