Let’s get this party started. Une même haine aveugle. Sarah Cattan

Aujourd’hui, la haine a frappé. Qu’elle vînt de l’extrême droite ou des islamistes. Qu’elle visât aujourd’hui deux mosquées. Hier une église. L’an passé des militaires français. Les enfants d’une école juive. Demain à qui le tour.

Christchurch. Nouvelle-Zélande.

49 victimes.

Vendredi. Jour de prière. Jour béni pour s’en prendre, à la mi-journée, aux musulmans venus nombreux.

Ce seraient les actes de terroristes extrémistes de droite. De nationalité australienne.

J’ai entendu trois coups de feu rapides et après environ dix secondes, ça a recommencé. Cela devait être une arme automatique, personne ne pourrait appuyer sur la gâchette aussi vite, témoigne celui-là. Cet autre affirmant avoir vu des enfants se faire abattre : J’avais des corps partout sur moi.

Scènes de terreur.

Quatre personnes arrêtées.

L’un déjà inculpé.

Son sens du raffinement ou sa folie extrême l’ont amené à publier au préalable un manifeste raciste sur Twitter.

Twitter sur lequel il diffusa quasi en direct des images vidéo de l’attaque[1]. Tirant sur des fidèles. A bout portant. S’acharnant sur les blessés.

Demain ils nous donneront rendez-vous.

Celui-là ne se filme-t-il pas, se rendant en voiture jusqu’à la mosquée. Puis entrant et tirant.

Ah. Sur Twitter Il a laissé aussi un manifeste.

Supposé expliquer ses motivations.

Sur sa page Facebook encore.

Il lui a même donné un titre : Le Grand remplacement. 73 pages où il explique son projet : tuer du musulman.

Aurait-il lu Renaud Camus.

Dans le texte ?

Non !

Aurait-on pu éviter ce massacre…

Ses comptes sur les réseaux sociaux, désormais fermés par Facebook et Twitter, lui servaient à publier des photographies d’armes.

Sur la plateforme Scribd, il aurait publié son manifeste. Un truc mêlant complotisme et islamophobie. Il y ferait  un lien direct avec la France, affirmant avoir vu chez nous une invasion. Du pays. Par des non-blancs. Sous forme d’une interview, il expliquerait avoir reçu la bénédiction d’Anders Breivik, le terroriste norvégien d’extrême-droite qui fit 77 morts et 151 blessés en juillet 2011 à Utoya et Oslo.

Je lis qu’en Nouvelle-Zélande 1% de la population serait musulmane.

Ils se seraient mis à 3 pour accomplir leur funeste projet.

Tirer quasi simultanément.

Dans deux lieux de culte voisins.

Redoublant l’effroi.

Ah. J’oubliais : au moment où il quitte sa voiture pour se diriger vers la mosquée, on l’entend dire Let’s get this party started.

Que la fête commence.

Sarah Cattan


[1] Vidéo diffusée par le quotidien britannique The Daily Mail.

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2 Comments

  1. Permettez-moi, Madame, de rebondir sur votre incipit.
    La haine frappe-t-elle ? Si oui, elle aurait alors frappé, en premier lieu, l’auteur, les auteurs, des tueries pour les mener au pire.
    Mais la haine ne frappe pas (pas plus que  » le spectre du chômage » ne « s’abat » sur une région) ; elle est la manifestation de ce qui habite l’homme quand il frappe. La manifestation ; pas ce qui l’habite.

    Qu’est-ce qui l’habite ?
    Est-ce la même chose, la même hubris, quand il massacre dans des lieux de culte, quand il brûle une banque ou un restaurant huppé, quand il tue celle qu’il avait juré d’aimer toute la vie ?..
    Qu’est-ce qu’il lui arrive ?

    Qu’est-ce qu’il nous arrive ?
    Peut-être, pour comprendre, (re)lire (ou au moins websurfer) Norbert Elias.
    Il décrivait le lent processus de civilisation qui s’est opposé à la barbarie comme une lente mise en place de l’autocontrôle des émotions, des tensions, et l’intériorisation des affects. Non éradication, mais contention.
    Assiste-t-on à un épuisement de cette contention ? À une libération des « passions tristes » entraînant les passages à l’acte ?
    Retour DE la barbarie ? Des digues ont-elles fini par céder, des gardiens par s’endormir ?
    Ou retour À la barbarie ? Par quelle ivresse, quel vertige, quel abandon ?

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