Soirée chez Ben Gourion pour les Amis francophones de l’Université de Tel-Aviv

Une émouvante « Soirée chez David Ben Gourion », organisée par l’Association des Amis francophones de l’Université de Tel-Aviv et sa déléguée générale Agnès Goldman, s’est déroulée le mardi 5 mars dans l’ancienne demeure du premier Chef de gouvernement de l’Etat d’Israël, fondateur de Tsahal, sur l’avenue qui porte son nom à Tel-Aviv. Les participants ont pu y visiter la maison transformée en musée et assister à la projection du captivant film documentaire de Yael Perlov « Ben Gourion – Epilogue », qui a remporté l’Ophir de l’Académie israélienne du cinéma en 2011, en présence de la cinéaste.
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de gauche à droite: la cinéaste Yael Perlov, Rosy Azar de la Banque Discount, Rebecca Boukris de la Fondation ADELIS, Agnès Goldman, et Sidney Boukris.

La soirée a débuté par la visite de la maison de l’ancien Premier Ministre, construite au début des années 30 dans le quartier qui était alors le plus au nord de la ville de Tel-Aviv. David Ben Gourion et sa femme Paula y ont vécu jusqu’à leur départ pour le kibboutz Sde Boquer, d’abord en 1953 pendant un an, puis en 1970, lorsque l’homme d’Etat se retira définitivement de la vie politique. C’est également là qu’il a vécu peu avant sa mort en 1973. Tous les meubles et contenu de la maison ont été conservés en l’état et à leur emplacement d’origine. Au premier étage se trouve la bibliothèque personnelle du Premier Ministre, composée de 4 salles en enfilades et renfermant quelque 20 000 ouvrages dans diverses langues et sur différents sujets: histoire du peuple d’Israël, philosophie grecque et romaine, questions militaires et guerres mondiales, religions d’Extrême-Orient et encyclopédies.

« Un véritable trésor »

Après avoir remercié les partenaires de l’Association, la Banque Discount et la Fondation ADELIS, Agnès Goldman présente la cinéaste Yael Perlov, qui a réalisé le documentaire avec son collègue Yariv Mozer. Fille du cinéaste israélien David Perlov, Yael Perlov a fait ses études au Département de cinéma de l’Université de Tel-Aviv, devenu Ecole Steve Tisch de Film et Télévision, où elle enseigne actuellement. Lauréate de plusieurs prix, elle a réalisé de nombreux films, et conçu plusieurs projets dans le cadre du Département, notamment « Café », qui a décroché trois prix au Festival de Montpelier en 2010, « Eau » qui a gagné le Prix Amnesty International en 2013, et Sport, qui a ouvert le Festival de Venise en 2016. Ses projets ont été récemment mis à l’honneur en France et lui ont valu la médaille de la ville de Poitiers

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Ben-Gourion- Epilogue est un documentaire de 55 minutes élaboré à partir d’une interview intime exceptionnelle de 6 heures de l’un des plus grands leaders de l’histoire moderne, découverte par hasard dans les profondeurs des archives. Il a été réalisé en coproduction entre la chaine Arte, Radio Canada et la chaine 8 de la télévision israélienne. « Le film a commencé par hasard, alors que je restaurais une cassette VHS de mon père », raconte Yael Perlov. Elle s’est alors rendue avec Yariv Mozer dans les archives de films juifs Steven Spielberg à Jérusalem, et est tombée pendant ses recherches sur une interview donnée par David Ben-Gourion à une équipe israélo-britannique qui voulait faire un film sur sa vie, en 1968, 5 ans avant sa mort. Il était alors âgé de 82 ans, et vivait reclus dans sa maisonnette de Sde Boqer dans le désert du Néguev, loin de la vie politique.

 » Il y a très peu de matériel d’archives sur Ben-Gourion en Israël, car la télévision israélienne n’a débuté qu’en 1968″, explique Yael Perlov. « Six heures d’enregistrement avec lui, même sur une pellicule jaunie en 35 mm, constituaient donc un véritable trésor ». Malheureusement le film était muet, car la bande-son avait été égarée. « Nous avons cependant décidé de ne pas renoncer, et avons fini par découvrir la bande son au fond d’un tiroir dans les archives du kibboutz Sde Boquer ».

« J’estime être né en m’installant dans ce pays. Je voulais créer une nouvelle vie »

Des six heures d’enregistrement, les cinéastes ont tirés un passionnant documentaire de 55 minutes. Le premier Premier ministre d »Israël et fondateur de Tsahal, y parle avec une franchise surprenante à la fois de sujets personnels, comme sa nostalgie pour sa femme Paula, décédée 4 mois auparavant (« Depuis que Paula est décédée, j’ai perdu une part de moi-même »), ses relations avec son père, ou son attirance pour le bouddhisme et la méditation, mais aussi de son rôle dans l’histoire du peuple juif, et de ses angoisses quant à l’avenir de l’Etat qu’il a créé.

On le voit faire des marches dans le désert, discourir avec Feldenkrais, auteur de la méthode de physiothérapie du même nom, qui l’a guéri de ses lumbagos et lui a appris à faire le poirier. « J’estime être né en m’installant dans ce pays. Je voulais créer une nouvelle vie », peut-on l’entendre dire. Mais ce rêve, pour lui, ce n’est qu’en 1953, dans les dunes du désert du Néguev où il a été parmi les pionniers fondateurs du kibboutz de Sde Boquer, qu’il a réellement pris forme.

L’interview constituait pour Ben Gourrion une sorte de testament politique. Il y a aborde les moments difficiles de sa carrière, qui recouvrent ceux de l’histoire de l’Etat d’Israël, comme l’épisode du paiement des réparations allemandes. « Un homme politique qui ne pense qu’à sa popularité et non aux choses qui doivent être faites, qu’elles soient plaisantes ou non, est un homme dangereux », affirme-t-il. Ou encore : « Il vaut mieux se tromper en démocratie que de faire un virage à droite ».

Une mission spirituelle universaliste

Mais c’est aussi un testament philosophique et humaniste: « Je suis Juif avant tout, mais un Juif qui veut vivre dans un monde où il y a la paix entre les Nations. Tu aimeras ton prochain comme toi-même nous dit le Lévithique. De même l’étranger qui habite parmi vous, vous sera comme celui qui est né parmi vous, et vous l’aimerez comme vous-mêmes; car vous avez été étrangers au pays d’Egypte ». Selon lui, Moïse, « le plus grand Juif de notre histoire », a exigé du peuple juif d’être ‘Am Segoula’, un peuple vertueux possédant une mission spirituelle universaliste qui le distingue des autres peuples et dont la vocation est d’apporter la vie, le bonheur et la réussite à tout le genre humain. « Nous en sommes encore loin », regrette-t-il.

Au cours du débat qui suivi la projection, Yael Perlov a précisé que son but avait été de réaliser un documentaire vivant, optimiste et apolitique, qui réalise l’unanimité à droite comme à gauche. « Depuis trois ans, le film est visionné partout, à Moscou, en Europe et aux Etats-Unis. En France il a été projeté sur Arte. En Israël, l’armée a acheté 300 projections à des fins éducatives ». Le film doit sortir d’ici un an en DVD, dans une version plus complète qui comprendra des éléments ne figurant pas dans le film.

Les recettes de la soirée sont au bénéfice de Noa Dolberg, étudiante de troisième année du programme de media digitaux de l’Ecole, qui souhaite réaliser un documentaire sur les origines de sa famille.

Source : ami-universite-telaviv

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