Les leçons à tirer de la visite du Président Rivlin en France

Il est regrettable que la visite officielle du président Rivlin à Paris n’ait pas eu le retentissement qu’elle mérite.

Malgré l’importance diplomatique de cette visite, la presse française comme d’ailleurs israélienne ont minimisé l’événement et repris quelques dépêches d’agences surtout sur les propos du président israélien concernant la montée et la gravité de l’antisémitisme en France.

Seules la presse communautaire et ses sites, ainsi que la chaîne I24 NEWS ont transmis largement et en direct le déroulement de ce voyage.

Cette visite s’inscrit dans un contexte géopolitique favorable à Israël et peu importe la récupération politique transparente de Paris.

La France de Macron cherche à redorer son blason sur tous les plans. Elle n’est plus cette puissance incontournable dans les affaires du Moyen-Orient mais commence à comprendre que dans cette région turbulente, seul l’Etat juif partage avec elle plusieurs valeurs. Seul lui est capable, grâce à sa puissante armée, ses capacités économiques, scientifiques et technologiques de jouer un rôle d’influence.

Israël demeure le seul pays stable de la région qui ne représente pas de risques financiers. Le seul à combattre efficacement contre le terrorisme islamique et l’hégémonie iranienne en dépit des risques et des dangers et surtout d’un affrontement direct avec la Russie de Poutine. La visite de Rivlin, accompagné du chef de l’Aviation israélienne dans une base aérienne française, est à la fois symbolique et nostalgique. Rappelons que ce sont les Français qui nous ont fournis les premiers avions de combats. Aujourd’hui, nous sommes des fournisseurs privilégiés du matériel militaire de toute catégorie.

Après l’embargo de 1967 et durant deux décennies, aucun président israélien n’a effectué de visite officielle en France, et aucun chef d’état-major français n’avait le droit de fouler le sol israélien. Aujourd’hui, les relations interarmées sont désormais au beau fixe et les contacts sont à armes égales.

Sur les dossiers politiques les divergences demeurent, en particulier sur la solution du problème palestinien. Comme ses prédécesseurs, Macron a rappelé la position traditionnelle de la France et a condamné sévèrement et à plusieurs reprises la « colonisation ». Ici, chaque mot à un sens, mais ce terme est déplacé est surtout péjoratif. Il n’y a aucun rapport avec la colonisation française ou britannique.

Concernant le Liban, pays toujours cher à la France, Rivlin n’a pas mâché ses mots et a déclaré clairement à son homologue français que la présence de la milice chiite sur notre frontière était contraire aux résolutions de l’ONU et qu’Israël tenait responsable le gouvernement libanais de toute violation et hostilité de la part du Hezbollah.

Le président Reuven Rivlin reçu par Emmanuel Macron à l’Elysée (photo Haim Zach, GPO)

Emmanuel Macron n’est pas, hélas, le seul à ignorer notre attachement inébranlable à Jérusalem et s’obstine à poursuive les Etats-Unis à installer leur ambassade à Tel-Aviv. Lors de cette visite on aurait pu espérer une première déclaration française concernant, du moins, la reconnaissance de Jérusalem Ouest, comme d’ailleurs l’a fait Poutine.

Sur le dossier iranien, nous apprécions la position ferme de la France et l’engagement du Président Macron d’assurer, en priorité la sécurité d’Israël. Toutefois, ce ne sont que de belles paroles, ni le Général de Gaulle en 1967, ni Pompidou en 1973 ne sont venus à notre secours au moment où l’Etat juif regardait la mort en face. Pompidou et son ministre Michel Jobert avaient même justifié « la reprise des territoires » par le président Sadate.

Face aux menaces et aux défis nous devons bien entendu ne compter que sur nous-mêmes car tous les Etats, y compris la France, sont et demeureront des « monstres froids », mettant toujours en priorité leurs propres intérêts.

Rappelons que le Président Rivlin est issu d’une famille juive établie à Jérusalem depuis 1809. Il est un descendant des disciples du Gaon de Vilna. Son père est l’auteur de la première version hébraïque du Coran. Le président actuel est donc le mieux placé pour consolider nos relations avec la communauté juive et aussi entamer un dialogue interreligieux. Sa rencontre à Paris avec certains responsables musulmans et imams est certes justifié, mais elle ignore naïvement que la majorité écrasante des Musulmans de France ne partage pas cette approche. Nombreux, bien que Français, demeurent farouchement anti-Israéliens.

Enfin, la visite de Reuven Rivlin s’est déroulée dans un climat chaleureux et très amical et sans incident ou manifestation. Elle a prouvé que la France, au-delà des divergences politiques, peut, si elle le souhaite vraiment, se rapprocher de l’Etat juif sans risquer un boycott arabe, ou un chantage islamiste.

L’amitié entre les deux peuples devrait se dégager de toute hypocrisie et dérobade. Avoir le courage de voir la réalité en face et partager sans équivoque les valeurs démocratiques et universelles. Avoir le mérite du véritable chevalier sans peur ni reproche.

Retrouvez ici la déclaration conjointe de Reuven Rivlin et Emmanuel Macron depuis le Palais de l’Elysée.

Freddy Eytan ,                                                                                                                                        Le CAPE de Jérusalem, jcpa-lecape.org

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1 Comment

  1. Quand je tombe à la télévision sur le président Rivlin, j’entends toujours des paroles d’ouverture, car il préside un Etat qui jouit d’un régime parlementaire.
    Pour la position du gouvernement Français, aveuglément attaché aux vieilles lanternes européennes, la fantaisie des deux Etats est inévitable. Par contre, la dénonciation répétée de la « colonisation Israëlienne » quand Israël tente de maintenir le statu quo, est une faute politique qu’on ne peut excuser et une faute diplomatique qu’on ne peut pardonner.

    Quand le général de Gaulle condamnait Israël, c’était pour soutenir sa politique Arabe, désormais compromise, non pour jouer au fanfaron moralisateur. Le président Macron annonce ses intentions de faire la leçon au président Egyptien, ce n’est pas acceptable. A tort pour Israël, à raison,sur le fond, pour le gouvernement Egyptien, ces postures de croisé du droit et de la morale sont scandaleuses.

    Je n’ai toujours pas digéré les propos paternalistes de M Macron à la conférence des évêques, particulièrement quand il encourageait (sic) les catholiques à ne pas hésiter à faire de la politique. Les vieux sont rancuniers et je peux toujours crier: » ni César, ni tribun! » et me souvenir des paroles de la Jeune Garde. Si cela ne suffit pas, je peux mettre un gilet d’Irlande du Nord pour rappeler l’ingérence monstrueuse de l’Union européenne dans la souveraineté territoriale du Royaume Uni. Assez d’ingérences! Poseurs, retournez à vos miroirs! Enfants hyperactifs internationaux, laissez la diplomatie aux professionnels, ils n’engagent que le quai d’Orsay!

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