L’acte VIII des Gilets Jaunes aura été celui de trop hier. Celui qui fait, non pas vaciller la République, mais qui s’attaque frontalement à elle. L’Ecclésiaste nous apprend qu’il y a un temps pour tout et que l’intelligence de l’homme consiste à s’en rendre compte et agir dans ce sens. Le président Macron a cédé sur la plupart des revendications des Gilets Jaunes, en tout cas les plus emblématiques, et pourtant ce mouvement insurrectionnel se maintient dans la plus grande confusion. On assiste chaque samedi à des débordements. Le mouvement semblait s’essouffler, et il est vrai qu’il perd en popularité dans l’opinion publique, il existe encore mais dans la violence comme seule expression. Les figures emblématiques sont des petites frappes sans envergures, des révolutionnaires en herbe du samedi.
Ce à quoi nous avons assisté hier dépasse tout entendement, un ministère forcé et vandalisé à l’aide d’un engin de chantier forçant le ministre et ses collaborateurs à se retrancher, un gendarme tabassé par un boxeur manifestement étranger au mouvement des Gilets Jaunes, des véhicules incendiés sur le boulevard Saint-Germain ou près des Champs-Elysées. Jusqu’à quand ?
Jusqu’à quand va t-on tolérer les messages ouvertement antisémites et homophobes qui se propagent sous couvert d’un petit clip vidéo bon-enfant sur un rond-point ? Jusqu’à quand va t-on accepter que les forces de l’ordre, par ailleurs épuisées par des semaines de mobilisation, se fassent lyncher ? Jusqu’à quand va t-on tolérer que des élus de la République montent des hommes et des femmes contre les propres institutions dont ils sont les élus ?
Tout cela est terriblement préoccupant et l’est d’autant plus qu’aucune issue ne semble poindre. Le grand débat national est la seule solution programmée et c’est léger face à des personnes radicalisées qui veulent en découdre plutôt que de parler. Et puis considérons simplement qu’en prémices de ce grand débat des consultations se sont tenues sur internet. La première revendication largement en tête est l’abrogation de la Loi Taubira portant sur le « mariage pour tous ». C’est à ne plus rien y comprendre là où l’on pensait qu’il s’agissait de revendications sur le pouvoir d’achat, ce sont des revendications fondées sur l’homophobie qui s’imposent.
Oui ce mouvement a trop duré et met en péril les fondements même de la République et de la démocratie. La France est plus que jamais divisée. Eh bien nous, dans nos synagogues, invariablement nous prions, tiens justement le samedi, pour la République et la concorde. Près de 2500 ans après la parole du prophète Zacharie nous voulons faire vivre son enseignement : « Ni par la force, ni par la puissance mais par l’esprit ».
Gabriel Farhi
Billet d’humeur du 6 janvier 2019 sur Judaïques FM 94,8
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