Les Frères de Joseph, ne supportant pas que leur frère né après eux et de Rachel la femme aimée de Jacob, qui pour l’épouser a du sacrifier 14 ans puis 6 ans de sa vie, soit de plus, préféré par Yaakov leur père, Joseph, maitre des rêves dont il se targuait, ce jeune bavard qui prétendait imprudemment que ses frères, puis sa mère et son père se prosterneraient devant lui (Rêve des épis de blé et rêve des étoiles du soleil et de la lune)
On se souvient qu’ils l’ont jeté au fond d’un ravin, qu’ils ont même pensé le tuer, puis ont finalement choisi de le vendre à des marchands qui se rendaient en Egypte, et ne reculant devant aucune turpitude, ils ont déclaré à leur père l’inconsolable Jacob, que Joseph a été déchiré et dévoré par une bête sauvage, d’ailleurs ils ramène le vêtement reconnaissable du jeune homme.
Jacob se lamente, lui, qui après avoir perdu Rachel en chemin, elle donné naissance à Benjamin, qu’elle nomme : « Ben Oni le fils de ma douleur) doit prendre le deuil de Joseph.
Joseph n’est pas mort mais son père est convaincu du contraire, le Midrash nous dit que le vieil Isaac connaissait la vérité mais que l’Eternel lui a interdit de révéler à Jacob que son fils était vivant et qu’une destinée lumineuse l’attendait en Egypte (Chacun ses épreuves)
En Egypte, justement, Joseph si beau, résiste au désir de la femme de son maître, qui se vengera cruellement en le faisant jeter en prison, mais là encore la providence l’assiste, puisqu’il explique les rêves de ses compagnons d’infortune, en les priant d’intercéder pour lui auprès de Pharaon (enfin le maitre des boissons, l’autre le boulanger a été pendu)
L’homme qui retrouve sa place près du Trône oublie Joseph qui va encore végéter deux années en prison, (pour avoir fait confiance à un homme et pas au Dieu du Ciel)
Il arriva que Pharaon rêve (lorsqu’un roi rêve ses rêves sont prémonitoire nous dit la tradition) cependant ceux-ci sont incompréhensibles aux magiciens, sorciers et voyants de tous poils qui entourent le roi d’Egypte.
Nécessité fait loi et voilà Joseph sorti de sa geôle, et présenté à Pharaon dans de beaux atours pour sortir ses rêves de l’obscurité qui aveugle les voyants du Nil.
Joseph les interprète car déclare-t-il, c’est L’Eternel Dieu qui l’inspire et annonce sept ans d’abondance suivis de sept ans de disette, Pharaon subjugué, lui confie son royaume. Joseph devient « Comme Pharaon » décidant de toutes les affaires … surtout économiques du Pays.
Alors que la famine sévit dans toute la région, Jacob envois ses enfants chercher des denrées, mais tout ne se passe pas bien, Joseph les reconnait mais ne se fait pas connaitre par eux, il garde un frère en otage, et exige que leur jeune frère Benyamin les accompagne.
Jacob refuse d’abord mais la faim s’appesantit sur Canaan et il se résout l’âme dévastée, à laisser partir son dernier fils, le seul qui lui reste de Rachel ; Benyamin (il croit Joseph mort). Il a juste la promesse de Judas qu’il lui ramènera l’enfant même au prix pour lui-même Judas, à « mourir dans ce monde et dans l’autre Monde,
Ils arrivent en Egypte devant Joseph, toujours vêtu des signes de la royauté de Pharaon, qui leur fournit toutes les provisions nécessaires pour leur retour vers leur père resté à Canaan, mais Joseph tend un piège et prétend qu’ils doivent partir en laissant sur place le jeune Benyamin.
Alors Judas s’avance au devant de Joseph (Vaygash) et le prie avec insistance de laisser partir l’enfant Benjamin pour qu’il « monte » vers son père, car ce dernier mourra surement si les frères retournent à Canaan sans l’enfant. Il argumente que lui-même le servira mieux car plus fort plus mur s comme esclave ou dans l’armée (Rachi), car il est comme Pharaon aux yeux de Judas ;
Judas affronte le roi le plus puissant de la terre et ainsi apparait pour la première fois dans l’Histoire, nous disent nos Sages, la Royauté d’Israël par Judas et sa descendance, face à la royauté de l’exil par Joseph.
Judas parle droit Yachar, il est à l’origine de la lignée des Rois du Pays des hébreux et du Messie du retour à Sion.
Il est droit comme son Père Jacob-Israël qui connait le Dieu UN et qui l’affirme avec force et sérénité, portant ce Peuple face aux Nations stupéfaites de sa survie et de son énergie intactes en dépit des coups qu’elles lui assènent tout au long de l’Histoire.
Ne pouvant ni le nier ni intégrer, tant il est étrange ce peuple qui n’est pas compté parmi elles, elles le briment et l’abaisse sans se lasser et sans voir que leurs efforts sont vains, alors qu’elles-mêmes glisseront vers l’oubli et la nuit des temps laissant Jacob-Israël blessé mais vivant.
Joseph est le juif qui a revêtu l’Habit de l’exil et qui endosse la royauté d’un monarque pour donner leur pain, leurs rations aux Nations affamées de nourritures terrestres et de bénédictions divines. Joseph est alors le Roi né d’Israël qui se répand parmi les Nations,
Le temps de Joseph et le temps de Judas se télescopent dans cette Parasha, sans s’exclure ou se nier. Il y aura le temps de Joseph, le temps si long de l’exil (Galout) et le temps de Judas revenant sur la terre que Dieu a donné à ses pères et au peuple hébreu, (Guéoula)
Joseph sera le frère retrouvé qui reconnait derrière la cruauté de son l’abandon dans un trou puis sa vente, la volonté souveraine du Maitre du Monde, le Dieu des armées qui fait lever le levain de l’Histoire des hommes à l’insu des hommes.
Il fallait que Joseph soit esclave en Egypte puis accède au Trône de Pharaon pour qu’il apprenne aux Egyptiens que le Monde ne dépend pas des contorsions de magiciens et des mages et autres extralucides qui ne voient rien, mais que l’Univers tout entier relève de la pensée de l’Eternel, qui distribue en tous temps, sa bénédiction à tous, et nous montre les chemins de la liberté.
Il fallait répandre la gloire du Créateur sur l’Univers comme on répand des paillettes d’or sur la tête des époux.
Joseph avec brio, s’est acquitté de sa tâche, ainsi que tous les juifs, qui de la Rome antique aux grands Etats modernes, ont occupé de hautes fonctions dans l’Economie des peuples, ainsi que les marchands transmettant leurs richesse d’un bout à l’autre de la Terre.
C’est le temps de Joseph, mais lui-même n’est pas dupe et demande à ses frères de « ramener ses os en Terre d’Israël » Joseph c’est le juif (Manitou) qui est capable de fraternité.
Judas c’est le juif qui revient qui fait téchouva, (Shivat Tsion) il se repent de n’avoir pas empêché la vente de son frère aux Midianites et d’avoir caché à son père, la turpitude de ses frères qui ont amené la honte sur eux et la douleur perpétuelle sur Jacob leur père.
Il se repent mais son repentir ne serait pas complet s’il ne considérait pas la Terre d’Israël comme son lieu unique de résidence.
Selon le midrash, il s’avance vers Joseph-Pharaon :
« Je suis venu ou pour te convaincre ou pour te tuer. » Rashi
Il investit le rôle du chef qui emprunte les voies de la puissance et les risques du Pouvoir, Il devient Roi « Jamais le sceptre de la Royauté de sortira de la Maison de Judas »
Sa descendance engendrera les Rois d’Israël par Pérets, le fils de Judas et de Tamar, jusqu’à Boaz l’Hébreu généreux qui uni avec Ruth la Moabite seront à l’origine des Rois David et Salomon et plus loin très loin, dans l’avenir le Messie lui-même.
Serait ce le temps de Judas, que notre temps inaugure avec le début du retour des juifs se rassemblant sur leur terre que Jamais l’Eternel ne leur a enlevée, cette terre qui les attend sur le chemin du retour, sous le regard bienveillant et protecteur de Rachel « Imanou » même émergeant du plus profond de leurs exils.
S’affrontent la royauté de Judas et la royauté de Joseph mais aussi la lignée messianique issue de Joseph et la lignée messianique issue de Judas.
Manitou disait que cette histoire nous concerne directement
Nous qui sommes pour une partie d’entre nous en Israël et une autre partie en exil.
Il nous invite à nous déterminer à nous interroger : Sommes-nous au temps de Joseph ou au temps de Judas ?
Il nous semble que les deux temps se confondent en nos mémoires et dans notre espérance sans défaut, qui imprègne l’Histoire d’ Israël depuis que nous sommes sortis d’Egypte, un jour de printemps, conduits par Moïse le prophète incomparable, après 2010 ans d’absence dans la noirceur de l’esclavage, sur la terre étroite d’Egypte,
Depuis que le Dieu des Armées, le Tout Puissant s’est souvenu de son peuple et que son Peuple s’est rappelé à lui.
Que peuvent les Nations contre un peuple pareil qui a choisi l’Absolu comme Guide dans une alliance d’amour avec l’Ineffable ?
Charles Baccouche
Merci pour ce beau texte et cette promenade de résilience dans l’Histoire magnifiquement ilustrée !
Nadia Lamm
Il n’y a personne pour (ré)écrire ça en VRAI Français?
Le rôle ici de Joseph auprès des nations n’a absolument pas l’importance que vous lui donnez puisqu’il est parvenu à l’autorité égyptienne d’abord POUR SAUVER sa famille qu’il va accueillir ET installer en Egypte car c’est POUR CELA que Dieu l’a conduit en Egypte. Il dira en effet à ses frères : « Maintenant ne vous affligez pas et ne soyez pas fâchés de m’avoir vendu CAR c’est POUR vous garder en vie que Dieu m’a envoyé devant vous. (…) Dieu m’a envoyé devant vous POUR vous assurer un reste dans le pays et POUR vous permettre de survivre par une grande délivrance. Maintenant donc, ce n’est pas vous qui m’avez envoyé ici mais c’est Dieu.» (Genèse 45, 5-8)
En outre, on ne peut voir là aucune confrontation symbolique entre Joseph et Juda car aucun n’a la royauté, ni Juda qui ne la possède qu’à l’état embryonnaire (à partir de la prophétie de son père Jacob-Israël), ni même Joseph qui ne la possède pas puisque le trône d’Egypte se trouve au-dessus de lui, selon la parole de Pharaon : « C’est toi qui sera à la tête de ma maison, et tout mon peuple dépendra de tes ordres. Le TRÔNE SEUL m’élèvera au-dessus de toi. » (Gen. 41, 40). Joseph n’a pas accès au trône, il est, disons, le premier ministre d’Egypte qui détient l’autorité de l’exécutif mais dépend toujours des ordres de Pharaon, même pour accueillir sa famille (Gen. 45, 17-20).
En fait, Joseph est un type de l’autorité messianique dans l’exil juif afin de SAUVER la nation juive à l’état embryonnaire constituée à cette époque par Jacob-Israël et sa famille. Et c’est dans cet exil de l’Egypte qu’Israël deviendra un peuple, selon la prophétie divine à Abraham (Genèse 15, 13-16) et à Jacob (« Dieu dit : Jacob ! Jacob ! Je suis Dieu, le Dieu de ton père. Ne crains pas de descendre en Egypte, car c’est là que je te ferai devenir UNE GRANDE NATION. C’est moi qui descendrai avec toi en Egypte et c’est moi qui t’en ferai aussi remonter… » (Genèse 46, 3-4)).
L’Egypte a été en quelque sorte la mère porteuse du peuple Jacob-Israël dans l’antiquité, comme la diaspora européenne, dans les « temps modernes », a été la mère porteuse du peuple Jacob, devenu Israël en 1948.
« Sommes-nous au temps de Joseph ou au temps de Judas ? ». En fait, aujourd’hui le pays d’Israël étant une réalité, la notion d’exil n’a donc plus sa place car les Juifs ne sont plus forcés de rester dans les nations mais ont LE CHOIX de les quitter pour Israël. Cette question ne se pose tout simplement plus.
Par contre, ce que nous pouvons dire AUJOURD’HUI, après le RETOUR du peuple dans son pays et le RETABLISSEMENT du pays en tant qu’Etat et Nation, c’est que nous sommes dans un temps qui va passer à la phase de la reconstruction du temple puisque, d’après la Bible, les temps de RETOUR et de REINSTALLATION sur la terre d’Israël ont TOUJOURS vu la reconstruction du temple, temple quant à lui lié aux nations à un niveau très précis des règles divines. De ce fait, les Nations ne sont pas prêtes à glisser vers l’oubli et la nuit des temps avant l’heure divine…