Eurovision 2019 : une mesure spécialement pour, euh, contre Israël

Sur les murs de certaines villes australiennes, on voit encore des affiches vantant la chanteuse Jessica Mauboy, qui a représenté son pays à l’Eurovision 2018 avec la chanson We Got Love. Les jurys nationaux professionnels ont été plus généreux avec elle que le public : ils l’ont classée 12e, alors que les téléspectateurs lui ont attribué la 26e et dernière place, la moyenne des deux notes la plaçant 20e au classement général. Pas de quoi pavoiser et pourtant les Australiens le font. Ce grand pays de 7,7 millions de km2 (14 fois la France !) a une population trois fois moindre que l’Hexagone (24 millions). Mais ils sont trois fois plus enthousiastes, près de quatre fois plus heureux (voir ici) et mille fois plus patriotes !

Australie-Eurovision, un oxymore ? De qui dépend l’Eurovision ?

Le Concours Eurovision de la chanson est organisé chaque année par une instance nommée UER, « Union européenne de radio-télévision », qui existe depuis beaucoup plus longtemps que l’Union européenne. Créée en 1950, c’est une association professionnelle de radiodiffuseurs nationaux qui compte 73 membres actifs dans 56 pays… d’Europe et d’ailleurs.

La compétition musicale est diffusée en direct simultanément par tous les diffuseurs participants, qui sont membres du syndicat professionnel et qui n’ont aucun lien avec les institutions européennes.

Contrairement à ce que laisse supposer son nom, le nombre des concurrents de l’Eurovision a crû et leurs origines se sont multipliées : « Au total, pas moins de cinquante-deux pays ont déjà pris part au concours et parmi eux, vingt-six l’ont déjà remporté. Ces pays, tous membres de l’Union Européenne de Radio-télévision (UER) se répartissent sur quatre continents : Europe, Asie, Afrique et Océanie », explique Wikipedia.

Tous les continents sauf l’Amérique, c’est un beau succès pour la vielle Europe !

N’empêche, il y a toujours des mécontents, dont la seule critique se concentre (ô surprise !) sur la participation israélienne.

« Israël à l’Eurovision ? j’savais pas qu’il faisait partie de l’Europe ! »

Ce commentaire a été lu sur des dizaines de sites, à la suite de dizaines d’articles sur la victoire israélienne de 2018. Il montre que les internautes qui s’indignent du résultat de la compétition ne s’y intéressent pas et ne l’ont pas regardée, sinon la présence de l’Australie leur aurait paru plus incongrue encore que celle de l’État juif !

Car on peut participer au Tour de France sans être Français et oui, Israël participe à l’Eurovision depuis 1973, deux ans après Malte et deux ans avant la Turquie, laquelle fait à moitié partie de l’Europe et pas du tout de l’Union européenne. Le Maroc n’est pas plus sur notre continent –ce qui ne lui a jamais attiré la moindre critique–, mais il y concourt depuis 1980 et l’Australie, depuis 2015.

D’autres pays non-européens se sont inscrits pour la compétition, mais n’ont pas participé :

En 1977, à Londres, la Tunisie était programmée pour la 22e édition, mais elle s’est retirée sans donner d’explication (Eurovision.tv), ce que les candidats sont libres de faire.

En 1979, pour la 24e édition, Jérusalem accueillait déjà le concours. Il avait lieu hors d’Europe pour la première fois et comptait 19 délégations. Parmi elles, devait se trouver la Turquie, mais devant les pressions de ses frères arabes qui boycottaient l’État juif, elle s’est désistée (Eurovision.tv). On n’a pas modifié le règlement pour elle : à cette époque, la loi était égale pour tous et tous étaient égaux devant elle. Si la Turquie était restée, elle aurait assisté à la deuxième victoire consécutive d’Israël, avec Hallelujah (pas celui de Leonard Cohen), qui est devenu un hit européen. Cela aurait encore plus irrité les pays frères démocratiques donnés en exemple par les antisémites français déguisés en islamophiles.

Le Liban devait concourir en 2005 avec une chanson en français, mais il ne pouvait pas respecter le règlement, qui obligeait tous les pays participants à diffuser l’intégralité du concours, or sa constitution lui interdit de promouvoir quoi que ce soit provenant d’Israël (Wikipedia). Curieusement, aucune modification d’icelle n’a été exigée par l’UER et aucune modification du règlement n’a été, en retour, demandée à l’organisateur.

Eurovision, mode d’emploi

Les chansons sont jugées par deux instances : un jury populaire (qui vote sur la diffusion télévisée) et un jury national, composé de cinq membres issus de l’industrie musicale et représentatifs, en termes de sexe, d’âge et d’origine, du pays qu’ils représentent et dont ils doivent posséder la nationalité. Chaque jury se réunit dans son propre pays lors des deuxièmes répétitions générales et ses membres doivent regarder ensemble la retransmission en direct pour voter.

Les diffuseurs participants sont chargés de mettre en place la procédure de vote des téléspectateurs chacun dans leur pays. Ce qui va sans dire va encore mieux en le disant : aucun jury ne peut voter pour la chanson représentant son propre pays.

Le vainqueur n’est pas un chanteur, mais une chanson : celle qui a obtenu le plus haut score des votes combinés (Eurovision.tv).

L’important n’est plus de participer, mais de boycotter…

L’édition de 2018 se tenait à Lisbonne et si chaque pays avait certainement un petit faible pour sa chanson nationale, les seuls qui étaient vraiment universalistes étaient les antisémites appelant toutes et tous, quels que soient leurs goûts musicaux, à barrer l’accès à Israël.

« Netanyahu et ses ministres et généraux n’aimeraient rien de mieux que Netta Barzilai gagne le concours de l’Eurovision », selon des militants israéliens qui soutiennent le mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) pour les droits des Palestiniens », explique BDS, laissant entendre que dans les pays non juifs, donc automatiquement démocratiques, la France, par exemple, le Premier ministre, son gouvernement et les généraux préféreraient voir le candidat national échouer.

La page « Peut-on empêcher Israël de gagner l’Eurovision » sur le site du BDS promeut une campagne intitulée « Zéro point pour Israël » et contient des conseils aux Européens, non pas pour voter pour le meilleur, mais pour empêcher un candidat de gagner, devinez lequel : « veillez bien à participer au télévote et à donner à l’apartheid israélien ZERO POINTS – et demandez à vos amis, et à votre famille, et à toutes celles et ceux que vous connaissez, de faire de même (source : BDS) ».

…Grâce à des arguments nauséabonds artistiquement diffusés

Cela commence… et finit par un mélange de mensonges et de calomnies. A tout seigneur, tout honneur : la candidate israélienne Netta Barzilai, qui « a servi dans la marine israélienne en 2014 », ce qui représente déjà un crime en soi. S’il y a des membres de BDS qui ne consacrent pas toute leur existence militante à la promotion de l’antisémitisme, ils sont probablement aussi sur le front du féminisme et de la parité. Ils devraient donc vivement féliciter Israël, pays dans lequel l’une et l’autre sont respectées et où, de ce fait, la conscription est obligatoire pour tous : garçons, filles, LGBT, font tous leur service militaire à partir de 18 ans. C’est certainement ce que feraient ces « humanistes », si cela se passait dans un pays non-juif-donc-démocratique comme l’Iran, ah non, l’Iran ne participe pas à l’Eurovision : l’islam des mollahs y interdit la musique ! Bon, mais d’autres pays, alors : le Mali ? Ah non, au Mali, « le taux brut de scolarisation de l’enseignement secondaire s’élevait à 4 % pour les filles et 14 % pour les garçons. Le taux d’utilisation des méthodes contraceptives est bas. La majorité des femmes au Mali a subi une mutilation génitale. De nombreux décès sont liés à la grossesse. (…) L’espérance de vie à la naissance est de 53,06 ans en moyenne (estimation de 2012) » (Wikipedia). Si l’alphabétisation y est quasi nulle, l’enseignement de la musique ne doit pas être très développé… Ah mais c’est vrai, la musique y est interdite ! Bon le Mali est un mauvais exemple, mais il est de toute façon vu avec plus de sympathie qu’Israël. D’une part, il est converti à l’islam, voire à un islamisme draconien, et d’autre part, Israël ne peut rien faire qui ne soit criminel. La preuve, cette pauvre Netta Barzilai « a chanté ‘Mon marin est mon ange’ pour les membres de la marine, ceux qui prirent part, plus tard dans cette même année, aux massacres à Gaza dans l’Opération Bordure protectrice. » Voilà une jeune appelée qui fait son service dans la marine et qui chante pour les marins. C’est suspect. Si cela se trouve, c’est elle qui a décidé ex-nihilo du lancement de l’opération Bordure Protectrice…

Rappel de cet épisode précédent

En juin 2014, 250 roquettes ont été tirées depuis Gaza contre Israël. Le 8 juillet, l’armée israélienne lança des attaques aériennes pour détruire les caches d’armes, les rampes de lancement et toutes autres infrastructures terroristes qui permettaient au Hamas de tirer une roquette toutes les dix minutes. Le scénario est connu : les bases de lancement sont installées au plus près (voire dans) des écoles, mosquées ou hôpitaux. Les Israéliens préviennent les populations civiles et leur demandent de les évacuer, sacrifiant l’effet de surprise pour ne pas sacrifier des vies humaines chez l’ennemi. Le Hamas empêche les civils de quitter les lieux puis, quand il est en position de faiblesse il demande un cessez-le-feu, le temps de se regrouper. 5 cessez-le-feu furent prononcés, 5 furent respectés par Tsahal, 5 furent violés aussitôt par le Hamas.

Bilan : 4382 roquettes tirées par le Hamas sur Israël, 32 tunnels destinés à l’infiltration de terroristes en Israël détruits. 692 roquettes interceptées par le système israélien de protection aérienne « Dôme de Fer ». Plus de 750 terroristes ont été éliminés, d’après les Israéliens.

« Dans son rapport du 6 août, le Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, donne un bilan de 1 843 palestiniens tués. Dans ce décompte 279 morts sont « non identifiés », 1 354 sont des civils dont 415 enfants et 214 femmes. Selon Antony Reuben, directeur du département des statistiques de la BBC, si comme l’affirme Navi Pillay et le HCDH, les attaques israéliennes étaient « indiscriminées », le nombre total de femmes tuées devrait être plus important. Le New York Times, a pour sa part analysé les âges de 1 431 victimes et a noté que la majorité sont des hommes entre 20 et 29 ans. Les hommes qui appartiennent à cette tranche d’âge représentent 9 % de la population de Gaza mais 34% des noms publiés. Parallèlement, 71% de la population est constituée de femmes et d’enfants de moins de 15 ans, mais ils ne représentent que 33 % du total des victimes. En décembre 2014, une étude basée sur les noms fournis par le ministère de la santé de Gaza effectuée par « The Meir Amit Intelligence and Terrorism Information Center » portant sur 1165 de ces noms analysés, indique que selon elle : 528 palestiniens étaient des terroristes, 480 des civils et 157 n’ont pu être identifiés, ne permettant pas de déterminer s’ils étaient civils ou terroristes (Wikipédia). »

Retour à un combat plus pacifique, mais BDS est toujours aussi agressif

La 63e édition d’Eurovision a finalement réduit à néant tous les espoirs du mouvement qui promeut Boycott Désinvestissement et Sanctions contre tout ce qui provient d’Israël, de quelque nature que ce soit, dans quelque domaine que ce soit, et contre rien ni personne de quelque autre pays de la planète, quels qu’en soient les objectifs, les caractéristiques et les conséquences.

« C’était la grande favorite, puis ce n’était plus la grande favorite, et finalement elle a gagné. Elle, c’est Netta, l’Israélienne qui, avec Toy, remporte le 63e Concours Eurovision de la Chanson à Lisbonne.

Israël devance Chypre, tandis que, contre toute attente, l’Autriche remporte le vote du jury.

Madame Monsieur, (les Français, NDLR) quant à eux, doivent se contenter d’une treizième place.

Félicitations à Israël et rendez-vous l’année prochaine, à Jérusalem ou Tel Aviv, » explique l’organisateur (Quotidien de l’Eurovision).

Un compte-rendu de la cérémonie relevait que nombre de chansons étaient politiques. L’israélienne relevait de cette catégorie, mais pour féminisme, pas pour crime contre l’humanité : « Toy est un hymne féministe écrit dans la lignée du mouvement #MeToo. ‘’Je ne suis pas ton jouet, pauvre idiot !’’», scande l’artiste dans le refrain au milieu de paroles invitant à la confiance en soi (20 minutes). » Ce n’est pas du tout ce qu’y a vu BDS, qui dans son plaidoyer pour une planète Judenrein, enfile les uns derrière les autres tous les clichés de sa panoplie victimaire : « La chanson d’Israël pour l’Eurovision, intitulée ‘Toy’, qui traite de l’autonomisation des femmes et de la justice sociale, n’aborde pas les massacres commis par la marine israélienne à Gaza », déclare Boycott de l’intérieur. « Elle ne cherche pas davantage à rendre tous leurs droits aux femmes de Gaza qui est une prison à ciel ouvert » (BDS France).

Un combat contre Israël n’en cache pas un autre, il l’exhibe

La règle de l’Eurovision dit que le vainqueur accueille le concours l’année suivante. Mais bien entendu, quand il s’agit d’Israël, les ennemis des Juifs sont sur tous les fronts et dégainent toutes les armes.

La dernière en date est une discrimination qui veut obliger l’Etat juif à un engagement qui n’a jamais été demandé à aucun pays organisateur : il doit signer « une garantie gouvernementale pour la délivrance des visas, et une liberté de voyager sans restrictions en Israël, indépendamment des opinions politiques des visiteurs », ce qui, concrètement, l’empêcherait de respecter la législation nationale pendant l’Eurovision. Une loi israélienne stipule, en effet, que les ennemis du pays désireux d’y entrer peuvent se voir refuser l’accès et être refoulés à la frontière. C’est d’ailleurs le cas de tous les pays, y compris ceux qui n’ont pas explicitement voté une telle loi. C’est même à cela que servent les contrôles aux frontières. On imagine mal la France, hôtesse de l’Eurovision, voyant arriver une milice de Daesh et lui ouvrant tout grand la porte en lui souhaitant la bienvenue. Ne croyez pas cette comparaison exagérée : tant qu’ils ne sont pas passés à l’acte, les jihadistes se contentent d’énoncer leur opinion selon laquelle tous les non-musulmans doivent être convertis ou tués.

Il en va de même pour les « antisionistes », dont la fin de l’existence même d’Israël est la raison d’être. Tant qu’ils n’ont pas attaqué les marins ou les soldats israéliens les armes à la main, ils se sont contentés de militer dans tous les domaines afin que d’autres se chargent d’atteindre leur objectif. D’où le refus d’Israël, unique objet de leur ressentiment, de les accueillir sur son sol, pour leur donner l’occasion de se livrer à leur passe-temps favori.

Capjpo se félicite de la discrimination de l’UER à l’encontre d’Israël

Le règlement du concours de chant n’a pas changé. Seule une discrimination a été mise en place contre Israël, afin qu’il s’engage à permettre des choses que tous les autres pays participants s’interdisent.

Pour ceux qui ne sont pas familiers avec l’antisémitisme contemporain, Capjpo est l’acronyme de « Coordination des Associations pour une Paix Juste au Proche-Orient », mais le mot « juste » est utilisé dans un sens très restrictif. Il s’agit en fait d’une paix pour « juste » les Palestiniens, ou même pas de paix du tout, du moment qu’Israël a « juste » disparu de la surface terrestre.

La Coordination pour un Proche-Orient Judenrein explique triomphalement sur son site : « L’Eurovision exige d’Israël une liberté de circulation totale. Les organisateurs de l’Eurovision viennent d’imposer à Israël, pour la tenue de l’Eurovision dans ce pays en mai 2019, une clause garantissant un « accès illimité à Israël, la liberté d’expression, et des répétitions générales pendant Shabbat (AFPS et CAPJPO) ». (Toutes les fautes sont d’origine). La Colonisation Pro-palestinienne d’un Proche-Orient sans Âme Juive a l’air drôlement contente, car les juifs pratiquants sont, paraît-il, déjà très choqués par la clause des répétitions pendant leur jour du seigneur.

Un concours de chant vaut-il vraiment une messe ?

On est surpris. De la demande, pas de la jubilation capjpienne, ça on a l’habitude. Cette exigence a-t-elle été présentée dans les pays chrétiens pour le dimanche, voire le jour de Noël, ou pour le vendredi dans l’un des 57 pays musulmans ? Et à quoi peut-elle bien correspondre ? Peut-elle être expliquée par un objectif autre que d’em…barrasser les Juifs ? Les répétitions générales auraient-elles lieu au Maroc ou en Turquie un vendredi ? Jamais au grand jamais ! D’ailleurs, il ne viendrait à l’idée de personne de le leur demander. Et même si cela ne contrevient à aucune tradition religieuse, il y a fort à parier que l’Australie refuserait si l’on exigeait d’elle la conduite routière à droite ou la suppression du décalage horaire avec l’Europe !

On rappelle que l’Eurovision est un concours de chant, pas une organisation supranationale qui peut exiger des changements dans le système juridique d’un pays. Ce n’est pas non plus l’AIEA, qui peut exiger qu’un pays accepte la présence d’inspecteurs de l’énergie nucléaire… et qui se tait quand ledit pays ne consent à laisser l’accès qu’aux installations civiles, interdisant celui des usines militaires. Enfin, même si l’UER a le melon, elle n’est pas l’ONU. Et même l’ONU, avec sa majorité automatique israélophobe, ne vote des résolutions ostensiblement suicidaires pour Israël que non contraignantes.

Ce n’est pas la paille et la poutre, c’est le cil et le bazooka !

« Le gouvernement israélien doit aussi accorder une liberté d’expression absolue à tous les participants ainsi qu’à toutes les délégations au cours de leur séjour, et assurer la liberté de la presse, est-il noté dans cette lettre » rapporte Capjpo en se léchant les babines.

On voit bien ce qu’est la liberté d’expression absolue dans les Territoires palestiniens que les Associés Pour une Paix Juste sans Juifs donnent en exemple : les journalistes sont en prison, les prisonniers meurent sous la torture et les homosexuels sont jetés du toit des immeubles.

En même temps, « qui aime bien, châtie bien » ! Et qui hait bien, fait flèche de tout bois, y compris celui dont on fait les instruments de musique.

Liliane Messika

Source : mabatim.info

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