Humeur du jour. Les réseaux sociaux et moi, par Khaled Slougui

Je suis vraiment ce qu’on peut appeler un novice des réseaux sociaux, dans la mesure où, d’abord, cela ne fait pas longtemps que j’y suis; ensuite, je ne maîtrise pas toutes les techniques d’une utilisation optimale.

Je dois avouer que je ne m’éclate pas dans ce milieu, d’ailleurs, j’y ai recours surtout pour des fonctionnalités pratiques, en restant très sélectif.

PRIMO : Hier, c’était mon anniversaire twitter qu’on me demandait de fêter avec un tweet spécial créé rien que pour moi. J’en ai rédigé deux en un :

« Cela fait un an que je suis sur Twitter, ce n’est pas beaucoup, mais c’est suffisant pour faire connaître mes convictions et le sens de mon combat : la laïcité au marteau, pour paraphraser Nietzsche, comme horizon indépassable du vivre ensemble ».

« Les lecteurs commencent à s’habituer à mes slogans : décomplexer la parole laïque; semer le doute; privilégier l’amour et l’humour; plutôt la raison que l’émotion; les réponses affectives ne doivent pas prendre le pas sur les démarches réflexives; on ne badine pas avec la laïcité; ne pas s’engluer dans le théologique; emprunter les mêmes canaux que le discours qu’on veut dénoncer… Je persiste et signe ».

SECUNDO : Face à une actualité foisonnante ces deux dernières semaines, je n’ai pas pu m’exprimer sur tous les sujets; j’ai dû faire un tri, forcément discriminant que voici :

– Mon amie Djemila Benhabib, en réponse à une interview de Charles Taylor (c’est un ami de Tarik Ramadan) à un média de Montréal, s’est fondue d’un billet de haute teneur intellectuelle, fort à propos : ramage et plumage. Dans un style simple et clair, qui ne laisse pas de place à la confusion, elle vitupère les analyses de ce bigot en chef du Canada, sur ses thèses majeures. Ecoutons-la :
« Dans sa guerre contre la laïcité, Charles Taylor va encore plus loin. Il défend l’idée qu’interdire le port des signes religieux aux fonctionnaires relève du racisme et de la xénophobie. C’est donc sans surprise qu’il s’était rangé, en 2004, derrière l’idée d’instaurer des tribunaux d’arbitrage musulman en Ontario ». Oui! le Canada et le monde ont besoin de laïques et de féministes de cet acabit.

– Le crime odieux commis à PITTSBURGH doit sonner comme une piqûre de rappel : on peut encore être assassiné, décapité, lynché, pour son appartenance religieuse; en l’occurrence, l’acte antisémite ne faisant aucun doute, il est même fièrement revendiqué.

Quelque part, j’ai écrit que « une vie est une vie, et un crime est un crime »; pour autant, si la barbarie se passe de comparaisons, je ne fais pas partie de ceux qui peuvent sombrer dans des généralisations hasardeuses, parce que faciles. J’ai expliqué que l’islam de combat, pour parler comme Mohamed Arkoun, doit être jugé dans ses manifestations spécifiques et violentes, ici et maintenant.

L’assimiler à l’extrême droite n’est d’aucune pertinence, qu’il s’agisse de contexte, de doctrine, de finalité ou de stratégie.

– Mustafa Kemal Atatürk proclamait la République turque il y a 95 ans.

Merci Djemila pour ce rappel salutaire.

Mustafa Kemal Atatürk a pris le pouvoir, après la défaite de la Turquie Ottomane alliée à l’Allemagne pendant la première guerre mondiale. On doit retenir qu’il est considéré par ses concitoyens comme le héros civilisateur.

Père de la Turquie moderne, il a permis une avancée audacieuse vers la laïcité. Tandis que le reste du monde musulman n’a rien compris au mouvement de la civilisation et reste fermé au progrès des idées et des institutions.

Atatürk a incontestablement arraché son pays au conservatisme ottoman pour le lancer dans la « modernité » avec une méthode, des convictions, des modèles qui peuvent prêter à discussion. Il n’empêche, aujourd’hui, il manque cruellement à son pays.

TERTIO : « Le livre des jours » de TAHA HUSSEIN est à lire absolument; pour vous mettre en appétit, je tiens à vous faire partager ce passage de la préface signée ANDRE GIDE :

« Le livre des jours c’est l’œuvre d’un aveugle et, d’un bout à l’autre de son récit, l’auteur ne nous laissera pas l’oublier.

Et l’on doute si, des ténèbres qui l’oppressent, celles de l’ignorance et de la sottise ne sont pas plus épaisses encore et redoutables et mortelles que celle de la cécité ? »

Une bonne journée.

Khaled Slougui

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1 Comment

  1. Encore des déclarations de bonnes intentions dont «Khaled Slougui » (si tel est son vrai nom) a le secret.

    Ainsi que des affirmations gratuites. Dire par exemple « une vie est une vie, et un crime est un crime » ne coûte pas cher et signifie autant que « après chaque mardi vient un mercredi ».

    Et maintenant des vérités partielles. Comme ce dithyrambe sur Mustafa Kemal Atatürk dont on nous dit « qu’il est considéré par ses concitoyens comme le héros civilisateur. »
    Alors que la Turquie d’Erdogan a opéré un virage diamétral et ses « concitoyens » actuels diraient probablement le contraire.

    Par ailleurs, chose largement ignorée : l’influence de la Turquie d’Atatürk (ou comme Hitler l’appelait, son « étoile scintillante ») sur la pensée du Führer.
    Atatürk était un exemple pour Hitler ainsi que le génocide arménien, précédant et justifiant, à ses yeux, celui des Juifs.

    Sachant qu’Atatürk n’était certes pas à l’origine de ce génocide mais il en a largement bénéficié, ayant incorporé dans son régime des caciques de la mouvance des « jeunes turcs », largement impliquée dans ces massacres.

    Brefs, comme d’habitude les bonnes intentions servent à paver le chemin de vous savez quoi.

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