Gaza, une autre vérité, par Sarah Cattan

C’était il y a peu. Notre émoi à tous. En cause, le reportage d’Envoyé spécial, l’émission d’information de France 2. Gaza, une jeunesse estropiée. Le personnage central en était Alaa. Un brave garçon. Censé être allé se promener et manifester paisiblement vers la frontière israélienne. C’est ballot le voilà qui se prend une mauvaise balle : il en perd la jambe. Adieu veaux vaches Adieu espoir de devenir cycliste.

Un autre, allé lui aussi vers la frontière, pour s’amuser dit-il, puni lui encore de ses actes innocents. De cette manière cruelle. Injuste. Violente. Ces salauds de Tsahal.

Gaza, une jeunesse estropiée. Ces pauvres lanceurs de cerfs volants. Incendiaires.

Ceux-là encore qui répètent à l’envi vouloir tuer des Juifs et rentrer.

Gaza, une jeunesse estropiée. Y avait bien de ci de là un membre du Hamas venu soutenir des manifestations spontanées et issues du peuple. Sic.

Gaza, une jeunesse estropiée. Y avait même, venu conforter le précédent, un membre dirigeant de Breaking the Silence, venu à son tour dénoncer ces enfoirés de soldats israéliens qui avaient ordre de tirer sur des civils désarmés.

La presse française s’en donna à cœur joie. Vous enjoignant de bien les regarder, ces ado utilisés comme boucliers humains.

La presse française? Elle fit silence sur le fait que le docu faisait l’impasse sur les dégâts causés par les joujoux de la dite jeunesse estropiée.

La presse française ? Elle ne s’offusqua guère qu’étaient tues les incitations à la haine génocidaire anti-juive diffusées sans relâche par le Hamas.

La presse française ? Elle fait l’impasse sur la nature de Breaking the Silence. Alors n’attendons pas qu’un jour elle s’intéresse à la nature du Hamas.

Le doc, ce reportage de propagande anti-israélienne, venait comme la cerise sur le gâteau des infos malhonnêtes diffusées en continu et depuis toujours par nos médias. La malhonnêteté résidant dans le choix des mots. Mais encore dans le fait de taire le prix que payait l’Etat hébreu depuis un temps insupportable.

Ainsi était offert ce soir-là un documentaire qui ne pouvait qu’émouvoir, à défaut d’informer, tous ceux qui ne manqueraient pas d’être frappés d’empathie envers cette jeunesse estropiée. Ces marcheurs peace and love. Victimes de ces salauds d’Israéliens qui, non contents d’avoir volé leurs terres leur tiraient dessus comme sur du bestiau. A bout portant.

On sait tous : ces ripostes disproportionnées de l’Etat hébreu.

Ainsi ça continuait.

Ainsi ça continuait. Infos occultées. Réalité déformée. Faits falsifiés. Plus encore ? Le documentaire en question ne se faisait-il pas relai et porte-voix des appels au meurtre de Juifs.

Tout cela au vu et au su de notre classe politique et de nos médias. Fidèles à leur complaisance, voire leur servilité et peut-être leur hostilité, sur ce sujet qui décidément les rendait hystériques.

Nos médias donc. Lesquels, recourant à un procédé stylistique éculé, en vinrent à titrer que c’était carrément Israël, l’Etat hébreu himself, qui venait à vouloir se mêler de la politique française !

Israël qui, outrepassant les limites, voulait toucher à la liberté d’expression !

C’était la guerre des images. Fût-elle malhonnête. We want to set fire to Israel so that the Jews will be burned or forced to leave their country, avait répété tant et tant Abu Al-Majd. Rejoint par ces Palestiniens affirmant sans complexe leur but ultime: brûler les Juifs et détruire Israël.

La Jeunesse estropiée ne fut que blessée.

C’est que dès la diffusion de la bande-annonce, Meyer Habib déplora l’expression d’une pareille soumission à la stratégie cynique du Hamas, alors que d’autres dénonçaient l’imposture consistant à faire accroire qu’ils étaient des anges, ces presque tous activistes du Hamas que l’organisation djihadiste envoyait à la mort.

Tous ils virent leur émotion à Dame Ernotte. La tenant comme responsable complice du fait que le service public véhiculât la haine d’Israël dont on savait les conséquences dramatiques sur les français juifs. Il en fut même un qui alla jusqu’à accuser Charles Enderlin d’avoir armé Merah. A force d’avoir usé et abusé de commentaires à charge et seulement à charge à l’encontre d’Israël.

Aliza bin Noun, elle demanda l’annulation pure et simple de la diffusion du reportage et dénonça pour ce faire un contenu pouvant inciter à la haine à l’encontre d’Israël et avoir des répercussions directes sur les Français de confession juive.

Rien n’y fit. Et outre que le mauvais film fut diffusé, l’amalgame désolant entre Juifs et Israël lui fit écho. Pire : Tout ça donnait, osèrent certains, raison à Pascal Boniface et son Peut-on encore critiquer Israël?

Certains pointèrent bien du doigt ces parents qui n’hésitaient pas à envoyer leurs rejetons fanatiques et les servir en guise de sacrifices, pratique révoltante qui engendrait le déséquilibre entre les combattants : les uns brandissaient leurs nourrissons en guise de boucliers.

Des logiciels incompatibles…

Leurs armes : de pauvres outils pour couper les barbelés qui encerclent la bande de Gaza.

Leurs armes : des lance-pierres.

Leurs armes : des cerfs-volants enflammés.

Le reportage, à charge, entonnait la rengaine servie par des médias unanimes déjà: l’armée israélienne tirant systématiquement à balles réelles sur les manifestants, dont certains étaient non-armés et se trouvaient à plusieurs centaines de mètres de la frontière.

Certes, vous dira-t-on : la parole fut laissée à l’armée israélienne en fin de reportage.

L’ingérence israélienne

La Société des journalistes de la chaîne s’est émue de l’ingérence -sic- inédite et inquiétante des diplomates israéliens. Et Yvan Martinet, l’auteur du sujet, déclara au Monde sa consternation de voir l’ambassade d’Israël interférer dans [leur] ligne éditoriale avant même la diffusion, jurant qu’il n’y avait pas une virgule à enlever à ce reportage.

Ce cher vieux Télérama releva le caractère inquiétant d’une demande d’annulation de la diffusion d’une production journalistique par les représentant d’une puissance étrangère. A quoi l’ambassade refusa de parler de censure.

Aujourd’hui, BTA nous remet ce film, court et d’autant plus éloquent : voilà en peu de mots le travail du Hamas. Cette milice armée et financée par la république islamique d’Iran.

Puisque le documentaire d’Yvan Martinet ne répondait en rien aux critères d’objectivité revendiqués par la production, puisqu’il ne répondait pas davantage aux dispositions statutaires relatives à la neutralité du service public de l’information imposées en France par le CSA, puisque in fine le travail présenté équivalait à un ouvrage de propagande, puisque fut refusé un développement -même minime- des thèses israéliennes contradictoires aux fins d’équilibrage minimal de la thèse unique présentée au documentaire, pourquoi ne pas le diffuser.

Il donne la parole aux gazaouis.

Mais comme il ne suffit pas que la haine de l’Etat juif soit si bien partagée dans la presse française. Voilà que ce matin La LFI de Mélenchon n’oublia guère de s’occuper, alors qu’ils ont tant à faire ces jours-ci, de la visite de 185 patrons français en Israël. Con-da-mna-tion !!!! Crièrent-ils.

Rendez-vous compte. Une délégation de 185 chefs d’entreprise bretons en Israël ! Lorsqu’on sait la politique de l’État hébreu. Son régime violent, ouvertement d’extrême-droite, qui renforce et assume la poursuite de la colonisation des territoires palestiniens.

La France insoumise et Human Rights Watch

LFI, qui soutient à fond le BDS, demande donc à l’UE de rendre publique la liste des entreprises ayant participé à ce voyage etc etc etc

Mais il y a de ci de là des dépêches couleur d’espoir. Ce matin mardi 23 octobre, Human Rights Watch publia un rapport glaçant : Deux autorités, une voie, zéro contestation. Fruit de deux ans d’enquête. 147 entretiens donnent la parole à d’anciens détenus. Mais aussi à leurs avocats. Un but : mettre à jour la face sombre et méconnue de l’Autorité palestinienne et du Hamas, engagés qu’ils sont depuis 2007 dans la lutte que l’on sait. Adeptes des méthodes répressives qui font fi du droit comme des engagements pris, commettant in fine à l’égard de leurs citoyens les tortures dont ils accusent régulièrement leurs homologues israéliens : La torture pratiquée à la fois par l’AP et le Hamas peut constituer un crime contre l’humanité, dit le rapport de HRW.

Le raffinement du shabeh qui torture sans trace aucune aura ainsi lieu dans le bus, ce lieu où le prisonnier est contraint de rester debout des jours durant. D’autres décrivent des chocs électriques de plusieurs dizaines de secondes aux épaules. D’autres encore le supplice du pénis. D’autres enfin de leur punition pour crimes numériques, entendez ces messages échangés sur les réseaux sociaux.

Etonnamment, HRW en appelle à tous les états qui fournissent financements et assistance à ces forces de sécurité palestiniennes et les exhorte à suspendre leurs aides.

Sarah Cattan

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1 Comment

  1. Il n’est pire sourd…
    Et cela pour une raison simple ; l’antisémitisme, contrairement à ce que pensaient les juifs, la deuxième guerre mondiale n’a pas éteint l’antisémitisme, loin s’en faut. Il était caché, simplement, et attendait de resurgir ; ce qui se passe aujourd’hui.
    Ce phénomène, masqué par la prospérité des 30 glorieuses, explose aujourd’hui pour plusieurs raisons, et « l’antisionisme » masque mal la haine du juif, réapparue depuis longtemps.
    Parmi ces raisons, la dernière en date concerne la crise financière de 2008 au cours de laquelle revenaient, comme un leitmotiv, les noms de Lehman et de Madoff. ce seraient donc les juifs qui sont à l’origine de la récession et des difficultés qui en ont résultées.
    Une cause, plus ancienne, a alimenté silencieusement le rejet des juifs : la Shoah étrangement. Nous savons aujourd’hui l’indifférence qu’éprouvent nombre de nos concitoyens, voir la haine qu’elle suscite. Ainsi, dans les années 90, une lectrice pouvait écrire, déjà, dans un journal « les juifs m’emmerdent »
    Alors que ces signes avant-coureurs étaient perceptibles
    n’avons nous pas terriblement manqué, durant toutes ces années, du sens de l’anticipation pour nous adapter, un peu figé dans la commémoration là ou il aurait fallu de la prévision ?

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