Un café avec Richard Prasquier, celui qu’on aimerait avoir pour ami, par Sarah Cattan

Dans cette nouvelle rubrique l’Equipe de TJ vous invite à partager un moment avec une personnalité. Il s’agira d’une conversation à bâtons rompus, les questions étant laissées au libre choix du journaliste et les réponses, faut-il le dire, étant restituées en toute intégrité.

Richard Prasquier a accepté de jouer le jeu : merci à lui d’en avoir accepté les règles ( des thèmes hypertrophiés et d’autres n’étant pas abordés)

Merci à Lui de nous avoir consacré de son temps… précieux.

Richard Prasquier, Celui qu’on aimerait avoir pour ami

TJ à Richard Prasquier : Si l’on se livrait, pour nos lecteurs qui vous connaissent mais aussi pour les plus jeunes, à un bref récapitulatif de ce que fut votre vie ?

Je suis né à Gdansk immédiatement après la guerre (juillet 1945). Mes parents ont survécu cachés et/ou sous de faux papiers, à Varsovie depuis 1943, ils n’ont jamais été dans un camp, ont dû leur survie à la chance, à leur connaissance du polonais, à leur intelligence des situations, et aussi à l’aide d’une famille polonaise qui a fait passer ma mère pour leur fille. J’ai fait connaissance avec les descendants de cette famille il y a deux ans, en Australie où j’étais allé pour le Keren Hayessod. Une vieille dame m’a dit en polonais en me saluant: La dernière fois que je t’ai vu, c’était il y a soixante dix ans, ta mère nous avait invités à Gdansk pour nous présenter son bébé.

J’ai écouté, lu, réfléchi et pas mal protesté à propos de l’antisémitisme polonais, de sa callosité morale, de ses méfaits ou de ses crimes avant, pendant et après la guerre. J’en admire d’autant plus l’action des Justes polonais, menacés de mort et dont plusieurs centaines furent  effectivement assassinés par les nazis, parfois avec leur famille. Qu’il y ait eu, qu’il y ait encore de l’antisémitisme (presque sans Juifs…) en Pologne, c’est une triste réalité, mais suggérer que tous les Polonais ne peuvent être qu’antisémites est scandaleux, car c’est une insulte envers de très nombreux gens de bien.

En novembre 1946 mes parents sont venus en France, avec une grand-mère  et un oncle maternels, à peu près seuls survivants des deux familles. Nous sommes restés des réfugiés polonais jusqu’en 1960, date de notre naturalisation et de la francisation du nom Praszkier. Ce petit groupe de migrants Juifs polonais  venus après guerre, qualifié de verts (Gryners en yiddish, on dirait bleus en Français) était très particulier: plutôt polonophone, ayant en général rompu avec la pratique religieuse, vaccinés à l’égard du communisme, sionistes même s’ils n’étaient pas allés en Palestine déterminés à offrir à leurs enfants un avenir protégé qui serait comme la justification de leur survie, ils ont beaucoup travaillé et souvent remarquablement  réussi.

Avec l’aide de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah (FMS), nous venons autour du Farband de récolter leurs témoignages: les enfants des Gryners sont restés mes plus anciens amis,  rien n’était trop beau pour nous car nous n’aurions pas dû naître. Mon épouse qui vient du Brésil a le même parcours, mais sa famille a complètement survécu: un cas exceptionnel décrit dans un livre écrit aux Etats Unis par une cousine, Georgia Hunter[1] : We were the lucky ones : A Novel.

Ma relation  avec la Pologne, où je suis retourné de nombreuses fois depuis 1993, est à fleur de peau, entre une fierté de partage  qu’on peut qualifier d’identitaire (l’insurrection de Varsovie, Koscziusko, Chopin, Mickiewicz, Kopa, Jean Paul II ou Bronislaw Gieremek…) et la constatation qu’on ne doit pas baisser la garde tant certains préjugés anti-juifs sont près de la surface. Grâce au père Patrick Desbois, l’un de mes amis les plus proches, à l’historien Marcello Pezzetti, à Stefan Wilkanowicz, l’une des consciences morales de la Pologne, j’ai pu apporter au Musée d’Auschwitz la petite Maison rouge, qui fut à Birkenau le premier lieu de gazage des Juifs, et où fut exterminée une grande partie des déportés de France. Le cardinal Lustiger est venu à la cérémonie inaugurale. Ma fille Béatrice, qui a écrit Sonderkommando d’après le témoignage de notre ami Shlomo Venezia[2], a passé un an à Cracovie et à Auschwitz.

Je suis depuis une dizaine d’années membre du Conseil International d’Auschwitz, je participe à la FMS depuis sa création et j’en suis, conjointement avec Raphael Esrail, le vice-président sous l’efficace autorité de David de Rothschild.

C’est donc peu de vous dire que l’histoire de la Shoah me préoccupe: elle habite mes pensées.

Mais m’habitent aussi le souvenir épouvanté de mon voyage au Rwanda avec l’UEJF il y a une douzaine d’années et les témoignages du génocide arménien, dont la négation par la Turquie est insupportable et malheureusement sans recours actuellement.

Je suis entré  dans la Shoah par son côté le plus  humain  (il faut se méfier de ce mot …), celui des Justes, en devenant  Président du Comité français pour Yad Vashem, à la suite de Samuel Pisar : c’est alors que je me suis plongé dans cette histoire que je pensais, à tort, suffisamment porter en moi pour ne pas avoir besoin de la connaître davantage.

Après avoir présidé les Bonds d’Israël en France, fait partie du Comité 40 de l’ AUJF et avoir soutenu les actions du Renouveau Juif, j’étais peu à peu devenu, depuis le décès brutal de mon père en 1986, un  militant institutionnel, même si je me considérais avant tout comme un médecin, ayant passé mon internat des hôpitaux il y a cinquante ans, et continuant de recevoir encore quelques patients aujourd’hui…

C’est Yad Vashem qui m’a conduit au dialogue judéo-chrétien: le rôle de certains chrétiens dans le sauvetage des Juifs pendant la guerre, en France ou ailleurs (en Italie notamment où les médias viennent de parler de Bartali….) a été admirable. Et puis l’un des livres phares de mon adolescence avait été Jésus et Israël  de Jules Isaac.

Enfin, le Pape et le cardinal de Paris ramenaient à la Pologne. Le Mémorial en l’Honneur du cardinal Lustiger à Abu Gosh témoigne de ma respectueuse amitié pour lui. J’ai gardé une proximité affectueuse avec les acteurs de ce dialogue.

L’Amitié Judéo-chrétienne de France a bien voulu me donner son prix en 2015. J’ai en juillet participé aux sessions juives organisées par le Mouvement de l’Emmanuel dans son rassemblement à Paray le Monial avec un Shabbat d’une émotion extraordinaire: j’espère qu’il aura des suites.

TJ à Richard Prasquier : Le CRIF. Vous y avez aujourd’hui une fonction honoraire. A quoi se résume-t-elle. Limite-t-elle votre liberté d’expression ?

En 2007, je suis devenu Président du CRIF et je le suis resté au cours de deux mandats, jusqu’en 2013. J’ai été franc-maçon, et Vénérable d’atelier. Sorti de charge, le Vénérable prend le poste le plus modeste de la loge, celui de tuilier (portier), excellente leçon de démocratie et intéressante préparation à la fonction de Président d’Honneur du CRIF, laquelle n’implique aucune responsabilité effective.

S’il est pathologique  de se croire irremplaçable, il est normal de s’imaginer encore utilisable, et il est sain de surmonter les frustrations de ne pas se sentir assez utilisé.

Au demeurant, Francis Kalifat, l’un de ceux qui m’avaient aidé le plus efficacement quand j’étais  Président du CRIF, effectue aujourd’hui son travail avec réflexion et courage. Il m’est arrivé d’avoir avec lui des différences d’appréciation; je le lui en ai fait part en privé; je ne suis d’ailleurs pas un maître de sagesse et j’ai commis des erreurs dans ma gestion du CRIF. Mais ne soyons pas naïfs: si c’est à juste titre que le CRIF doit convaincre les sceptiques ou répondre à des critiques, car c’est le jeu de la démocratie, il doit aussi se confronter à des opposants systématiques dont l’objectif est d’affaiblir une parole juive dans notre pays, notamment, mais pas uniquement, quand celle-ci est une parole pro-israélienne. Ce combat est rude, et il est parfois compliqué par d’inutiles tiraillements intra-communautaires, pour privilégier tel ou tel segment d’opinion politique ou religieuse à la représentation générale des Juifs de notre pays. Moi qui suis convaincu que l’identité juive a un sens très fort, qu’elle a été façonnée par le passé mais qu’elle est en prise quotidienne sur le présent, qu’elle s’exprime de façon plurielle mais que la pérennité de l’Etat d’Israël en est un trait irrévocable, et que le CRIF a rempli jusque là les objectifs qui lui sont assignés par sa charte (lutte contre l’antisémitisme, mémoire, soutien d’Israël), je pense qu’il  faut veiller à ce qu’un désaccord ponctuel ne soit pas instrumentalisé pour une mise en cause générale : il y a des observateurs à l’affut et certains ne sont pas particulièrement bienveillants.

Cela évidemment ne vaut pas quitus systématique : il y a des lieux où une critique peut s’exprimer et les instances mêmes du CRIF doivent en faire partie. Un ancien Président du CRIF a évidemment sa liberté d’opinion, mais je pense qu’il a aussi une responsabilité particulière dans son expression.

En ce qui concerne la critique sur la faible représentativité du CRIF,  répétitivement invoquée, elle n’est pas pertinente: le CRIF n’est pas une Institution des Juifs de France  (vade rétro le communautarisme!), mais une représentation des Institutions juives de France et  il rassemble l’immense majorité des institutions juives significatives. L’exception du Consistoire est voulue par le Consistoire et non le CRIF.

Ceux qui protestent et ne se donnent pas le mal de faire partie d’une organisation juive me font penser aux salariés qui s’emportent contre la faible représentativité des syndicats tout en refusant eux-mêmes de cotiser parce que ces syndicats ne sont pas représentatifs.

TJ à Richard Prasquier : L’Affaire Sarah Halimi. Aliénation ou altération du discernement du meurtrier. Que s’est-il passé pour qu’une femme soit assassinée en direct en plein Paris en 2017 devant 28 policiers.

A la suite de cet assassinat épouvantable, quelques remarques d’un citoyen lambda.

  1. Est-il vrai qu’une équipe de policiers de la BAC (on a dit 28 personnes!!!) est restée sur place sans intervenir? Les précisions que Noémie Halioua donne dans son livre sont accablantes.  Dix-huit mois après les faits, nous n’avons toujours pas de détail sur cette carence. C’est  inadmissible.
  2. Le silence  des médias au moment de cet assassinat a été stupéfiant. Il est probable, en pleine période d’élections présidentielles, que la crainte de favoriser le FN (on pensait que cela s’était produit pendant la campagne de 2002) a joué un rôle. Cela pose le problème de l’information dans notre société. Le monde médiatique est un transmetteur sélectif, toute information -ou décision de ne pas informer- provient d’un choix, qui peut relever du marketing ou des options politiques des journalistes.
  3. Quoi qu’il ait été prétendu sur le moment, l’assassin avait bien crié Allah Akbar et son radicalisme ne fait pas de doute. Le déni montre bien qu’on redoutait  de stigmatiser la communauté musulmane. Ce fut la première tentative de contorsions avec les faits.
  4. J’ignore pourquoi l’assassin n’avait pas été interrogé pendant plusieurs mois après les faits, pourquoi la prise en cause de sa responsabilité a posé et pose encore tant de difficultés, pourquoi on insiste  sur la prise de drogues comme si celle-ci valait absolution. Je  constate que l’assassin de Sébastien Selam avait été déclaré irresponsable, et n’a donc jamais été en prison, alors qu’il avait déjà agressé auparavant un rabbin: schizophrénie peut-être, mais orientée.

A tout prendre, la fixation sur les Juifs doit elle être considérée comme un symptôme de     pathologie mentale ?  En tant que médecin conscient  des fluctuations de la nosographie psychiatrique (par exemple, l’hystérie a disparu au fil des ans de la liste des maladies… comme l’homosexualité d’ailleurs! …)  je m’interroge sur cette prétention à décider qu’un individu dans le passé à un moment donné précis a été ou n’a  pas été responsable de ses actes (et dans ce dernier cas, il n’y a pas eu crime). Mais à chacun son métier…

5. Quant au caractère antisémite du crime, ne pas le retenir dans l’assassinat de Mme Halimi cela porte un nom: négationnisme.

TJ à Richard Prasquier : L’islam et l’islamisme. Etes-vous de ceux qui établissent un distinguo.

Aujourd’hui, en France, si vous êtes un islamiste, c’est-à-dire si vous considérez que l’Islam, tel que vous l’entendez, n’est pas seulement une croyance, mais une vision du monde qui doit prévaloir en matière de justice, éducation, science, relations sociales ou échanges interpersonnels, vous émettez une opinion, certes actuellement minoritaire  et qui peut vous valoir des difficultés administratives, mais qui ne vous empêchera pas d’aller où vous voulez.

En revanche, si vous critiquez des islamistes, vous serez qualifié d’islamophobe par les réseaux sociaux et comme ceux-ci sont inflammables, vous aurez désormais peur pour vous et votre famille, et vous risquez de perdre votre liberté de mouvement.

Si, en tant que militant islamiste, vous débordez de ce que notre droit tolère, vous écoperez  au pire  d’une peine de durée limitée.

Mais celui qui est dénoncé comme islamophobe ne sera jamais sûr que la fatwa contre lui a été levée et en subira des conséquences permanentes: demandez à Salman Rushdie.

En outre, un militant de la liberté d’expression et de la laïcité devrait, si son argumentation n’est ni absurde, ni haineuse, bénéficier dans notre pays d’une réaction de large solidarité , qui l’aiderait à supporter une situation  difficile. Mais le Nous sommes tous Charlie ne fut qu’un bref élan post-mortem, qui n’avait pas eu lieu quand le journal a été attaqué en justice pour la publication des caricatures de Mahomet. Il a exagéré , diront certains. D’autres, sur lesquels on comptait, se tairont pour ne pas être infectés par un paria en puissance, l’administration va renâcler devant les moyens financiers et humains supplémentaires affectés à la protection. Beaucoup s’interrogeront sur les risques des amalgames et jetteront le débat de fond aux orties. Et évidemment, les islamistes, premiers visés, se feront une virginité victimaire, se découvrant à cette occasion  des solidarités  même si certaines sont contre nature : Quiconque reçoit le label d’islamophobie sera critiqué par beaucoup, menacé par quelques uns, et soutenu par moins que ceux qu’il espérait.

Le débat d’idées a perdu sa rugosité démocratique stimulante: il est  pétrifié dans l’instantané: un mot qu’on isole, dont on torture  le sens, pour développer une protestation contritionnelle qui masque nos successives démissions et nous permet de fantasmer sur un monde sans ennemis. Que de précautions pour  ne pas blesser! Le  célèbre : Bien entendu, cela n’a rien à voir avec l’Islam de François Hollande arrivant à Charlie Hebdo alors que les assassins avaient crié Allah Akbar représente probablement un sommet dans ce genre de déni.

Chacun sait que quand on parle d’islamophobie, on parle en réalité d’islamismophobie, mais ce terme est trop long, trop compliqué et trop précis: il ne permet pas autant de divagations.  Or ce sont des musulmans, d’un extrême courage, qui sont les plus islamismophobes d’entre nous car ils vivent  avec intensité la différence entre islam et islamisme. Mais ce sont les Frères musulmans qui ont créé ce terme d’islamophobie, devenu une rente de situation, un épouvantail à gogos, un pied de nez à l’antisémitisme et une menace existentielle pour celui qui en est accusé.

Islam ou islamisme ? Ce débat est biaisé. La chrétienté peut être celle des buchers pour les hérétiques, et le judaïsme peut être celui du massacre des Madianites. Ils peuvent aussi, heureusement, être autre chose. L’Islam, lui aussi, a été autre chose, même si la référence à Cordoue est devenue un tic de langage. C’est là le travail des hommes qui  peuvent tirer des textes des interprétations permettant la vie commune en respect sinon en amitié. Je ne peux que constater, par exemple en lisant les rapports hebdomadaires de Memri, que pour beaucoup d’institutions ou  de chefs spirituels de l’Islam d’aujourd’hui cette volonté est absente. L’ interprétation radicale des sourates du Coran, la mise en exergue  des Hadiths les plus  meurtriers s’entend plus banalement que dans le passé. Contrairement à ce qu’a écrit le recteur Boubakeur, le célèbre hadith de Bukhari et Muslim  sur les Juifs, les arbres et les pierres  (celui de l’article 7 de la Charte du Hamas) est aujourd’hui un classique.  Bien sûr, il y a le rôle du wahhabisme du côté sunnite, du khomeynisme du côté chiite mais ils ne sont pas seuls, et la haine du koufar est plus large. Chaque religion doit lutter  contre ses tentations exclusivistes et radicalistes.  Il  est toujours  faux de prétendre que cela a toujours été ainsi , et oublier qu’il n’est pas un seul texte sacré qui ne porte la marque des coutumes et des conflits de l’époque et du lieu où il a été dévoilé et qui ne permette une réflexion pour d’autres temps et d’autres lieux.

Je pense qu’en Islam ce travail herméneutique d’ouverture doit impérativement prévaloir, mais je suis fort sceptique. L’islamisme est soluble dans la modernité technologique mais il ne l’est pas dans la modernité culturelle, fondée sur l’acceptation des différences. C’était le sens de la déclaration à laquelle Philippe Val a attaché son nom et que j’ai eu l’honneur de signer. Nous n’avons pas à imposer notre idée de l’Islam, mais nous devons dire que l’Islamisme, lui, n’est pas compatible avec la société que nous désirons pour l’avenir.

TJ à Richard Prasquier : Vous êtes, de par vos fonctions, lié à de nombreuses personnalités. Pouvez-vous nous parler de vos liens avec L’historien de la Shoah ? Nous dire à votre tour ce que vous avez pensé de ce procès ? Si nous pouvons parler de djihad judiciaire ?

J’ai fait la connaissance de Georges Bensoussan il y a près de trente ans grâce à Charles Corrin qui m’avait signalé ce jeune chercheur sur la Shoah, qui se trouvait être le professeur de lycée d’une de mes filles. Sa puissance de travail est énorme, sa finesse d’analyse peu commune, c’est un extraordinaire enseignant et ceux qui le connaissent savent que c’est un humaniste au sens vrai du terme. Il  a écrit des livres remarquables sur l’histoire de l’antisémitisme, sur le sionisme, sur les Juifs dans le monde arabe et il a été conduit à s’interroger  sur l’expression de l’antisémitisme aujourd’hui dans notre pays. C’est peu de dire que Les Territoires perdus de la République ont été un livre important. Il a été un tocsin que les décideurs et les critiques ont choisi d’ignorer, comme on a remisé aux oubliettes les rapports qui le confirmaient. On a prétendu que Bensoussan sortait de son domaine de compétence: comme si Marc Bloch était sorti du sien en écrivant l’Etrange défaite, et Jules Isaac  en écrivant Jésus et Israël.

On sait bien que pour détruire un message le plus simple est de détruire le messager: technique que les staliniens ont popularisée, avec l’usage généralisé du terme fasciste. A la suite d’un entretien à France Culture dont le verbatim ne laisse pourtant aucun doute et au prix d’une confusion ignare sur le lait, métaphore de culture familiale, transformé en une sorte de sperme féminin, le Comité Contre l’Islamophobie, officine des Frères Musulmans, a tenté de détruire Georges Bensoussan. On a pu ainsi analyser in vivo les effets sidérants de l’accusation islamophobe . Dans le sillage du CSA, la Licra, avec d’autres, s’est malheureusement engouffrée: il fallait montrer qu’elle n’était pas ce que ses ennemis l’accusaient d’être, une agence sioniste, autrement dit donner des gages de bonne pensance. Cette façon de faire est toujours perdante, car les premiers gages en feront exiger d’autres.

On se serait attendu à ce que le Mémorial de la Shoah, connaissant les qualités de l’homme, s’élevât  contre cette évidente distorsion de ses paroles.

Cela n’a pas été le cas ; le reproche m’a été fait d’avoir signé le manifeste publié en défense de Georges Bensoussan. Certes,  nous savons que parler de la Shoah dans le 93 est difficile. Non parce que l’enseignant serait ou ne serait pas lui-même islamophobe mais parce que la haine d’Israël et le mépris envers les Juifs font que beaucoup d’élèves considèrent le discours sur la Shoah lui-même comme une fabrication intrinsèquement islamophobe. Et c’est bien cette vision complotiste dramatique qu’il faut essayer de déconstruire par sa racine. Cette racine, c’est le mépris ou la haine envers les Juifs. Plusieurs musulmans  ont témoigné publiquement que les paroles incriminées correspondent malheureusement à une réalité dans le Maghreb.

De fait, l’accusation portée contre Georges Bensoussan a mis le Mémorial de la Shoah dans une situation délicate, que la réponse n’aurait pas  dû être d’opportunité et de prudence (ne pas être emportés par une tourmente anti-islamophobe) mais de vérité et de justice: qu’avait dit et que n’avait pas dit Georges Bensoussan dans son interview ?

Une analyse impartiale, simple à faire, ne pouvait générer qu’une seule réponse, celle que le Tribunal  a émise, en première instance comme en appel. Or il semble que cette réflexion et cette discussion-là n’aient jamais été véritablement tenues, que Georges Bensoussan ait été à peine ou pas entendu et que beaucoup des responsables du Mémorial aient été laissés à l’écart. Si cela est vrai, je ne peux pas le comprendre, car après tout, il s’agit de l’honneur d’un homme et d’un homme  éminemment respectable.

Les conditions humiliantes du départ de Georges Bensoussan de son bureau dépassent également mon entendement. Oui, il avait eu des mots durs, trop durs, mais il y a eu aussi des mots très durs contre lui. Je lui ai dit que sa mise en cause de l’ establishment juif   et les allusions avec l’affaire Dreyfus n’avaient pas lieu d’être. L’insinuation de complaisance envers les pouvoirs publics ou la bien pensance est inutilement, et de ce que je connais des hommes, injustement insultante. Je pense qu’il s’agit là d’excès qui traduisent l’extrême tension de ces années de mise en cause, et j’espère qu’un apaisement aura lieu.

J’ai regretté, quant à moi, que le CRIF n’ait pas manifesté avec plus d’enthousiasme son soulagement à la relaxe en appel de Georges Bensoussan.

 TJ à Richard Prasquier : L’ONU vient de condamner la France concernant la crèche Baby Loup. De La Loi Nation au transfert de l’Ambassade américaine à Jérusalem, Israël a-t-il donc toujours tort, dans les media français.

L’admiration pour Israël a été l’épine dorsale de ma vie de militant juif. Au Keren Hayessod France je prolonge cet engagement de toujours au sein d’une très belle institution qui va fêter bientôt son centenaire et qu’on retrouve  dans toutes les grandes réalisations de la Palestine mandataire ou de l’Etat d’Israël. Deux de nos enfants ont fait leur Alyah et huit de nos petits enfants  vivent en Israël. Mais je n’ai pas la nationalité israélienne et je ne fais pas de prosélytisme, malgré ma  proximité avec l’Agence juive, dont je salue ici le travail remarquable.

L’Alyah est une décision à ne prendre qu’après une mûre réflexion; c’est un privilège que nous avons comme Juifs de pouvoir nous installer en citoyens d’Israël, privilège que nos ancêtres ont payé de leurs larmes et parfois de leur vie. Ceux qui font ce choix n’ont pas à considérer ce qu’Israël fera pour eux, mais ce que eux feront pour Israël, à l’instar des générations d’Israéliens qui ont lutté pour que ce pays soit la réussite extraordinaire que nous avons devant nous.

Nous savons la fragilité de cette réussite et le nombre d’ennemis qu’elle suscite, parfois d’ailleurs parce que ceux-ci sont très mal informés et très désinformés. Il y a un grand travail d’explication à faire sur Israël. Je comprends parfaitement que certains Juifs, qui vivent aujourd’hui dans un environnement hostile, désirent partir; c’est là un échec grave pour la France et pour moi un motif de tristesse. Si, en revanche, quelqu’un  décide que son idéal, ou simplement son bonheur, est de vivre en Israël, je ne peux que m’en réjouir.

L’israélophobie est une réalité quotidienne, que je n’assimile pas forcément à l’antisionisme, volonté de faire disparaître l’Etat d’Israël; position idéologique qui ne se distingue pas de l’antisémitisme dans la mesure où il ne faut pas être grand clerc pour imaginer ce qu’il adviendrait des Juifs israéliens si Israël disparaissait, objectif avéré des antisionistes. L’israélophobie est l’exacerbation des reproches contre Israël. On peut les résumer d’un seul mot, celui qu’utilisent les chancelleries à l’égard d’Israël quand il se défend: disproportionnés.

On peut évidemment en parler pendant des heures, et je ne le ferai pas ici. Force est de constater qu’elle ne fait que croître et, plutôt que de détailler ses innombrables occurrences, il faut se demander qui la manipule et quelle est son utilité dans la psychologie sociale et le jeu politique des pays où elle s’exprime avec virulence.

En tout cas, on ne peut que constater que la décision de transfert à Jérusalem de l’Ambassade Américaine a été commentée (autrement dit critiquée) avec mille fois plus de virulence que les aberrantes déclarations de l’Unesco niant les liens des Juifs avec Jérusalem. Et c’est cette différence qui à mon avis fait événement. Quant à la décision elle-même, un pays est libre de choisir sa capitale et voici belle lurette que les diplomates en Israël vont à Jérusalem sans protester  pour y rencontrer les autorités politiques qui y sont installées…

En ce qui concerne la question de la loi de la Nation, j’ai toujours dit que  je suis un membre du peuple juif et que ce peuple juif a un centre qui est Israël. Israël est bien l’Etat du peuple juif, mais j’ai des réserves sur le terme Etat juif, qui est une fausse traduction du livre de Herzl, Judenstaat. Les citoyens d’Israël sont des Israéliens. Ces israéliens sont majoritairement juifs, et cette caractéristique n’est pas seulement de nombre: elle est à l’origine de la création  de cet Etat, car la Palestine n’avait aucune spécificité nationale historique ou ethnique dans l’empire turc. Confirmer cela dans un texte, puisque cela n’avait pas été fait auparavant, me parait utile. Ne pas rappeler que cet Etat met à égalité tous ses citoyens, et déclencher ainsi l’hostilité de citoyens israéliens qui vivent et votent dans le même pays, et qui souvent, tels les Druzes, combattent dans les mêmes unités, est à mon avis une erreur regrettable, mais récupérable par une législation appropriée. J’espère  que ce texte ne servira pas de tremplin à une exacerbation des colères et des provocations : n’oublions jamais que les Juifs ne sont malheureusement pas vaccinés contre le racisme et qu’il est aussi peu acceptable chez eux que chez les autres.

TJ à Richard Prasquier : Des intellectuels musulmans, apostats pour la plupart, nous préviennent des dangers de la charia : Houellebecq a-t-il écrit un roman réaliste. Finkielkraut se disait hier dans les colonnes du TOI très préoccupé

Il est clair que le pourcentage des Juifs dans notre pays va diminuer. Ce n’est pas dû à un antisémitisme rabique qui frapperait la société française, comme je le lis parfois notamment dans des revues américaines.

Mais il y a ceux qui ont expérimenté l’antisémitisme, ceux qui ont peur que leurs enfants aient à en souffrir quand ils seront adultes, ceux qui ne supportent plus la critique monomaniaque envers Israël… et ceux qui se sentent heureux en Israël.

Ce n’est pas ma musique habituelle, mais j’ai écouté  ce mois-ci les chansons aujourd’hui les plus populaires dans notre pays. Ce sont des raps. Leurs paroles font frémir. Sexisme, machisme et narcissisme,  apologie de la violence, mépris du faible et rejet de la société, elles exaltent une culture où le trafic de drogue est la clé du succès. La popularité de ces textes, la qualité technique des clips témoignent d’une contre culture en rupture avec les valeurs convenues de notre société, laquelle fait mine de ne s’intéresser qu’à la créativité artistique des auteurs, sans oser s’épouvanter de ce que signifie le contenu de leurs textes. Le manichéisme islamiste prospère aujourd’hui sur ce terreau de brutalité qu’il n’a pas créé. Dans  La Haine, film de Kassovitz tourné il y a 25 ans, c’est un Juif qui est le plus violent de la bande de jeunes en révolte contre la police. Je doute qu’aujourd’hui un tel casting soit pensable. Les jeunes musulmans qui peuplent les quartiers difficiles d’aujourd’hui sont loin d’être tous des islamistes, mais ils partagent souvent les opinions de ces derniers à l’égard des Juifs. Ceux-ci ont été les canaris dans la mine, ceux qui détectent les premiers l’imminence d’un coup de grisou. Aujourd’hui ils ne sont plus les seules cibles.

Depuis longtemps, les décideurs, conscients de l’échec des mesures antérieures, sans solution crédible pour l’avenir, effrayés à l’idée de déclencher des émeutes, se sont limités à des déclarations martiales sans lendemain, ou de gérer le court terme, avec les chefs répétés des plans banlieue. Comme les gens estiment que la maison brûle, les populismes prospèrent et ceux qui le peuvent votent avec leurs pieds: cette Alyah interne ne concerne pas que les Juifs, et devrait durcir les séparations: mieux vaut des ghettos qu’une guerre civile. Que se passera-t-il plus tard, connaissant les perspectives démographiques, dans une France dont la population non musulmane est en train de vieillir du fait de la chute de la natalité ? Le catholicisme est en crise et l’islamisme est un excellent bouillon de culture des ressentiments d’une jeunesse en colère. Mais les prédictions de Houellebecq dans son livre remarquable ne pourront se réaliser que si la population estime qu’il n’y a rien à sauver dans  notre civilisation. Je pense que nous n’en sommes pas là, mais je remercie Jean Michel Blanquer de me redonner enfin un peu d’espoir pour la lucidité de notre éducation nationale. C’est loin d’être gagné…

TJ à Richard Prasquier : Les réseaux sociaux ?

J’utilise ces derniers le moins possible à titre personnel (sauf pour me communiquer avec ma famille, largement dispersée) mais je serais aujourd’hui obligé de le faire si j’étais Président du CRIF. Il y eut une époque où la politique se faisait à la corbeille, aujourd’hui elle se fait sur les réseaux. Cela vaut-il mieux ?

TJ à Richard Prasquier : Que lisez-vous. Quelle musique écoutez-vous. Quels sont vos loisirs. Vos passions.

Le groupe familial, dont mon épouse est le chef d’orchestre  est très uni. Les enfants et nos quinze petits enfants se retrouvent aux événements familiaux, Bar Mitsva ou Berith Mila. J’ai gardé des patients à mon cabinet, ce qui est peut-être utile pour eux, et l’est certainement pour moi.  Et puis bien sûr les activités associatives. J’ai la chance – ou le défaut- d’avoir des centres d’intérêt intellectuels très variés et ma curiosité n’a pas faibli avec l’âge. Mes derniers lectures? La belle Histoire du Second Empire de Gérard Unger[3] (vice-président du CRIF), Ce que le nazisme a fait à la psychanalyse de Laurence Kahn[4], A Brief History of Everyone Who Ever Lived : The Stories in Our Genes (génétique des populations), une merveilleuse biographie de Einstein[5], l’Assimil sur le yiddish (enfin!), des livres de latin remontant à mon lycée.

Reste le Talmud que je me promets chaque année d’étudier, et sur lequel j’ai beaucoup calé, à la recherche d’une clé historique, car je ne sais pas étudier autrement qu’en référence à l’histoire ; difficile, inapproprié disent certains, mais je ne désespère pas.

Le piano que j’ai repris après un arrêt d’une trentaine d’années.

Et enfin un peu de sport car il faut préparer la marche organisée en novembre par le Keren Hayessod en Galilée… et, surtout, les défis de l’âge.

Je suis heureux que mes journées soient courtes…

 

[1] Penguin Books. 2017.

[2] Sonderkommando : dans l’enfer des chambres à gaz. Albin Michel. 2007.

[3] Perrin. 2018.

[4] PUF. 2018.

[5] W&N. 2017.

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24 Comments

  1. Que de mots… et la lecture en gros diagonal ne m’incite pas trop à m’y attarder.
    Pour faire court, un seul point entraperçu rapidos :
    Prasquier (d’après ce texte) demande : « Est-il vrai qu’une équipe de policiers de la BAC (on a dit 28 personnes!!!) est restée sur place sans intervenir?».
    La réponse est NON, c’est FAUX.
    Lisez votre propre TJ ; un article du 28/07/2017 intitulé « Sarah Halimi : La question de Meyer Habib au gouvernement (Vidéo) ».
    La séquence vidéo jointe se trouve aussi ailleurs sur le web.
    Habib est d’accord; il n’est jamais revenu sur la question et qui ne dit rien consent.
    Goldnadel, qui, avant cette question au gouvernement racontait à qui voulait l’entendre qu’il entendait porter plainte contre la police pour non-assistance à personne en danger, n’en parle plus désormais ; et aucune plainte n’est en cours 18 mois après les faits.
    La réponse du gouvernement est donc véridique et il faut arrêter de calomnier la police ; d’autres s’en chargent, pour des raisons souvent inavouables ; et ils sont rarement nos amis.

    • Le premier, Sarah Cattan ? Voyons la séquence vidéo d’il y a 14 mois dans TJ:
      https://www.tribunejuive.info/antisemitisme/sarah-halimi-la-question-de-meyer-habib-au-gouvernement-video
      Suis-je le premier à l’avoir vu ? Le seul depuis 14 mois ?
      Personne d’autre ne lit TJ ? Vous non plus ?
      Sans oublier ceux qui ont vu cette vidéo ailleurs ?
      Les personnes, surtout des nombreux députés, présentes à l’Assemblée lors de la séquence de questions au gouvernement ?
      Le député Habib ayant posé la question et acquiescé tacitement à la réponse ?
      La délégué du Ministère de l’Intérieur ayant répondu ?
      Goldnadel qui ne parle plus de porter plainte contre la police ?
      Les intéressés à l’affaire, les parties civiles, les avocats, la police, les judiciaires…
      En effet, nous sommes des milliers à avoir vu cette séquence.
      Pas vous ? Alors que vous vous intéressez copieusement à cette affaire ?
      A moins que vous ne vouliez pas connaitre les faits ? Qu’il soit plus facile de pester contre la police ?

      • J’ai regardé à nouveau cette vidéo qui donc répond à vos interrogations!
        Vous vous moquez du monde.
        L’argument «  ils se seraient trompés d’appartement » vous suffit donc?
        Pas à moi.
        Votre lecture diagonale des propos de mon invité Richard Prasquier montre assez bien comment vous lisez et comprenez l’actualité: avec une fâcheuse légèreté et un sacré parti-pris.

        • C’est vous qui êtes de parti-pris. C’est à dessein que vous « oubliez » le principal. Si vous y tenez, j’analyserais les raisons, propagandistes et inavouables, qui vous font occulter la vérité.
          En attendant, la chronologie, indéniable, qui ressort de la séquence vidéo, est comme suit :
          • 4h22 : appel à la police informant, non de quoi que ce soit concernant Sarah Halimi, mais d’une tentative de séquestration dans l’appartement de la famille malienne « visitée » au préalable par Traoré.
          • 4h25 (3 minutes après l’appel) : un premier véhicule de police avec 3 policiers à bord arrive sur les lieux. Qq minutes plus tard un autre véhicule avec 2 autres policiers arrive. Ils font donc vite et sont, au début 3, finalement 5.
          • Ayant été appelé pour le problème de la famille malienne ils ignorent qu’il y a autre chose qui se déroule, simultanément, dans le logement de Sarah Halimi ; tout est fermé, il est très tôt le matin, personne dehors et rien ne leur indique que l’affaire « malienne » pour laquelle ils sont venus en cache une autre, bien plus grave.
          • 4h41 : un appel aux pompiers indique la chute d’une femme du balcon. C’est donc 16 minutes après l’arrivée des premiers policiers et déjà trop tard.
          La police, en l’occurrence, n’est pas à incriminer. Au cas contraire on verrait déposée la plainte dont parlait Goldnadel. Or, il n’existe aucune plainte en cours à ce sujet.
          J’avertis, si besoin est, de la coupable légèreté qui consiste à calomnier les institutions de la République, police et justice en premier.
          Il existe, en France et ailleurs, officines, engeances et mouvances qui voudraient jeter la République par-dessus bord et que nous fassions le sale boulot à leur place ; taper sur la police et la justice, comme vous faites souvent, va dans leur sens.
          Or, ILS NE SONT PAS NOS AMIS. Euphémisme.

          • Vous plaisantez. Vous vous basez sur cette video des Questions à l’Assemblée, moi sur les verbatim du dossier. Mes papiers citent mot à mot tout cela, les témoignages visuels ET auditifs, j’ai même pris beaucoup de « licence » pour informer nos lecteurs tant la vérité est différente de ce que vous prétendez, cher Monsieur.
            Voulez-vous mieux: je serais infiniment heureuse que vous ayez raison et moi tort, tant L’Affaire est d’importance.
            Et vous savez quoi? Nous le saurons un jour. Car la reconstitution refusée devra bien, in fine, avoir lieu
            Je vouis redis mon espérance que vous ayez raison et hélas ma certitude que vous êtes dans l’erreur.
            Cordialement
            ( Quel dommage pour mon invité qui donc n’aura pas su vous intéresser )

          • Merci, Sarah.
            Vous disposez donc, dites-vous, du verbatim du dossier. Curieux. A quel titre ?
            Mais passons ; car le plus intéressant est ailleurs.
            Ce verbatim, dites-vous toujours, contredit la déclaration solennelle, fin juillet 2017, de la représentante du Ministère de l’Intérieur (ayant grade de Ministre) devant l’Assemblée Nationale et de la France (par voie de vidéo).
            Disposeriez-vous donc d’une preuve d’un mensonge officiel au niveau ministériel devant l’Assemblée et le Pays ayant pour finalité d’exonérer la police de sa responsabilité ?
            Si tel est le cas, je vous mets au défi de produire ce prétendu « verbatim ».
            Naturellement vous n’en ferez rien puisque vous n’avez RIEN qui vaille.
            Les parties civiles et leurs avocats disposent du dossier et PERSONNE n’a jamais contesté la véracité des dires de la Ministre. Cette calomnie de prétendue négligence (voire pire…) policière est disparue des radars depuis la séance des questions au gouvernement.
            A défaut de produire les documents, votre vœu de bonheur est exaucé : j’ai raison, vous avez tort.

          • Vous savez tous que les « pièces des dossiers » circulent.
            N’auriez-vous pas remarqué le nombre de fois où les journalistes ont les infos avant … les principaux intéressés.
            Non?
            Si?
            Maître Buchinger pourra ainsi confirmer qu’il a su… après « la presse » qu’il était «  dessaisi »
            Je n’y peux rien: ç est ainsi que ça marche
            Vous savez fort bien que je ne peux ici rien produire
            Mais relisez-moi: tout est là. Et comme je suis une laborieuse, lente, maniaque, eh oui je me targue de livrer … des infos vérifiées. En haut lieu.
            J’espere Encore que vous aurez raison mais nous n’allons Pas passer le week end ensemble, n’est-il pas.
            Bien respectueusement
            Et mes regrets à mon invité . Qui mérite une lecture autre

          • Vous n’avez donc rien; aucune preuve, que des prétextes.
            Comme je l’avais prévu, zéro surprise.
            Vous êtes donc heureuse. Sympa.

          • Pour qui vous prenez-vous???Saint-Just ou Zorro???Le meurtre de Mme Halimi est la résultante de tous ceux qui font le doute, Maître Goldnadel qui gère le cas de mon neveu séquestré, violenté et je passe sur les détails est irréprochable, alors je vous en prie, taisez-vous!!!!

          • Josaphat : vous êtes hors sujet.
            Sinon vous sauriez que le débat concerne la dénonciation calomnieuse, moyennant ragots qui circulent sur les réseaux (a)sociaux, imités et véhiculés sans preuve aucune, de l’intervention policière à Belleville le matin du 4 avril 2017.
            relisez l’échange ci-dessus, et on parlera après.

          • Malheureusement, je ne suis pas vraiment hors sujet.
            Je suis en correction d’un mémoire sur la correctionnalisation des crimes qui deviennent ainsi des délits. En matière d’antisémitisme, l’attitude de l’institution policière et celle des magistrats du parquet ou du siège est assez uniforme dans sa mollesse et sa volonté de qualifier les faits…la pertinence financière et idéologique fait son travail « tout se vaut »…il y a bien des incohérences dans l’intervention et le traitement du meurtre odieux concernant Mme Halimi, ne vous en déplaise.
            Bien à vous, bien sûr.

  2. Formidable texte qui fourmille de détails et pourtant clair et instructif . Ma famille maternelle a fui Gdansk pendant la seconde guerre mondiale , sauf mon oncle ABel qui fut prisonnier à Varsovie . Shana Tova Richard Pasquier . Merci .

  3. ‘C’est drôle que de cette longue interview de M.Prasquier, certains de retiennent que

    l’affaire S. Halimi, importante certes mais laissons la justice faire son travail.
    Quelle sincérité et honnêteté et intelligence dans les propos de M! Prasquier.
    Merci Monsieur.

    • « …laissons la justice faire son travail », dites-vous.
      Parfaitement. ET la police. C’est précisément le sens de mes interventions ci-dessus.
      Ce que Prasquier dit sur lui-même peut en intéresser certains.
      Mais ce qui devrait nous intéresser TOUS est l’attaque calomnieuse permanente livrée par une certaine presse contre la police et la justice prétextant, entre autres, l’affaire Sarah Halimi.
      Ce qui constitue EXACTEMENT une tentative d’empêcher ces (les ?…) institutions de le République de faire leur travail.

  4. Chère Sarah.
    En marge de l’échange ci-dessus.
    Vous semblez regretter ma lecture « très diagonale » de l’article sur Prasquier.
    J’ai donc décidé de l’insérer dans la pile sur mon bureau (virtuel) marquée « à lire ».
    A la cadence actuelle et vu toute ma lecture en retard je suis dans l’obligation de priorisez les tâches.
    C’est donc prévu pour lecture vers avril 2037.
    On en reparlera ensuite.

  5. A Josaphat suite au « 8 septembre 2018 à 12 h 16 min ».
    Là, vous êtes effectivement de retour dans le sujet ; vu qu’il n’est plus question de votre neveu ni de Goldnadel.
    Et vous touchez à de vastes questions que je ne saurai aborder ici vue la brièveté inhérente à un commentaire de bas de page (à quand l’équivalent français du « talkback » anglais…).
    Comme le « tout se vaut » ; alias l’indifférenciation mortifère dont nous avons hérité de l’ « égalité » révolutionnaire et qui nous crétinise à petit feu vu que mal nommer les choses augmente le malheur du monde.
    MAIS notons que :
    • Si cette considération est peut-être valable pour le traitement judiciaire de l’affaire, le traitement policier lui est étranger ; technique par nature, il fut cohérent et irréprochable. En aucun cas la judéité de Sarah Halimi n’a joué un rôle dans l’intervention policière du 04/04/2017 matin à Belleville. On cesse donc de calomnier la police.
    • La même considération rend le traitement judiciaire, lui aussi, cohérent. MAIS cohérent avec l’indifférenciation qu’il faut certes combattre ; MAIS qui est indépendante, elle aussi, de la judéité de Sarah Halimi. C’est une vision du monde égalitarienne à outrance, uniformisatrice, et NON de l’antisémitisme.
    En l’espèce et dans l’immédiat c’est la notion d’irresponsabilité psychiatrique qui régi certaines « idéologies » de justice ; alors qu’elle est adaptée au droit commun classique ; et non à la cassure identitaire qui sévit désormais en France et qui génère de comportements à mi-chemin entre le psychiatrique et le religieux.
    J’abrège. Mais sachons que la justice (donc LA juge) dans cette affaire se comporte, pour l’instant, en parfaite conformité aux règles d’un monde révolu. Elle peut se considérer de bonne foi irréprochable car conforme aux procédures légales ; mais ses principes sont frappés de caducité vu que son environnement, à son insu, a changé : l’Islam est là.

    • D’accord à votre argumentaire mais il me semble que vous inversez des constats par une « pirouette intellectuelle  » dont vous êtes friand. D’une part il ne s’agit pas de reconnaître une quelconque judéité avant ou pendant les faits mais du courage de la qualifier après les faits. Vous savez mieux que moi que la séparation des pouvoirs est une hypocrisie dans le pays de Montesquieu et que la volonté politique passe par le parquet, que certaines idéologies ou doctrines dévient les juges d’instruction d’une neutralité par rapport à la LOI. Quand la justice se détache de l’histoire, ce n’est pas un « nouveau monde » qui naît c’est reconstruire pour les générations actuelles les affres de l’ancien à travers une institution qui aurait perdu une mémoire.
      Bien à vous.

      • Je crois qu’on peut déjà évacuer l’accusation de négligence (voire pire) à l’égard de la police.
        Martelée par une « certaine presse » (suivez mon regard), cette calomnie de nature à discréditer une institution de la République déjà malmenée par ailleurs (à la grande joie des nuisibles qui ne demandent que ça), provoqua mon ire. L’évacuer n’est déjà pas si mal. Entendu, Sarah ?
        La neutralité des magistrats, en revanche, est effectivement problématique. Si leurs syndicats affichent des penchants idéologiques (sinon politiques…) affirmés, que dire des membres ?
        Cela dit, la justice est lente et imparfaite ; c’est même à ça qu’on la reconnait.
        En France elle a connu récemment plusieurs naufrages judiciaires, dont l’affaire du petit Gregory et celle d’Outreau ; chaque fois déclenchés par un juge incompétent. ET pas de Juifs dans l’équation.
        Tout ça pour dire que, compte tenu aussi de la difficulté culturelle susmentionnée pour un(e) juge bien gaulois(e) d’assimiler le nouveau paradigme (un assassin fou musulman peut bien être judiciairement responsable), nous n’avons pas affaire à de l’antisémitisme mais à un blocage idéologique.
        Taper sur la petite juge (entendu, Sarah ?) pourrait donc bien être hors sujet voire contreproductif. Ne voyons pas les choses par le petit bout de la lorgnette ; il faut un changement de paradigme.

        • Quel dommage, Monsieur Aicard, que vous vous soyez contenté de lire « en diagonale » les propos de Richard Prasquier.
          En soi, c’est déjà un aveu de mépris à l’égard de l’ancien Président du CRIF, et partant, des Juifs français.
          Aussi je propose à Sarah Cattan de vous laisser baigner dans vos certitudes.

        • « blocage idéologique », je n’ai jusqu’à présent été lecteur de ce concept, vous proposez des postures adaptées à notre société et notre temps pseudo-nouveau monde.
          Le cerveau primitif collectif de l’occident chrétien antisémite se requalifie.

          IL existerait un PH- raison que vous incarneriez vis à vis d’un PH+ raison-passion exprimé par Sarah.

          Vous feriez un bon magistrat des nouveaux tribunaux criminels qui vont supprimer en première instance d’assises l’héliée du jury « imprévisible ».
          Bravo à votre algorithme sémantique qui neutralise le bien fondé de la qualifications des faits

          Vôtre propos, intelligent je l’avoue, est une mauvaise nouvelle pour les « Soral killers »!
          Bien à vous, L.Aicard

  6. Quel dommage, Monsieur Aicard, que vous vous soyez contenté de lire « en diagonale » les propos de Richard Prasquier.
    En soi, c’est déjà un aveu de mépris à l’égard de l’ancien Président du CRIF, et partant, des Juifs français.
    Aussi je propose à Sarah Cattan de vous laisser baigner dans vos certitudes.

  7. Etes-vous « les Juifs français » ? Etes-vous Prasquier ? Qui vous autorise à parler au nom d’autres personnes ?
    J’en respecte certains ; d’autres pas. Suivez mon regard.
    Effectivement je lis Prasquier en diagonal. Vous, en pointillé.

  8. A Josaphat (9 septembre 2018 à 18 h 01 min).

    Votre métaphore du pH, pourquoi pas.
    Sachant qu’en sciences dites « exactes » le positif et le négatif, + ou-, résultent de conventions arbitraires.
    S’agissant en l’occurrence de chimie ses notions indiquent la nature d’une charge électrique portant la différence entre acide et alcalin.
    C’est donc technique, « froid », étranger aux jugements de valeur, au bien, au mal et à la morale.
    Bref, user des pH en matière de « raison et passion » mélange torchons et bananes.

    Je présenterais ça autrement. Il coexiste chez nous, depuis toujours, deux tendances principales :
    • Se barricader dans le confort de la pole-position victimaire : champions du monde. A partir de laquelle nous avons automatiquement raison, les autres ont tort. TOUS. In fine cela réduit l’humanité à deux engeances : les Juifs et les antisémites ; ces derniers étant ceux qui ne nous donnent pas automatiquement raison. On est l’un ou l’autre ; un point c’est tout.
    Effet pervers : un ami non-juif en devient (à nos yeux) antisémite par définition, fini par le savoir et le devenir. Résultat : une phobie auto-réalisatrice, la confortable barricade en devient la clôture du ghetto, nous sommes assiégés dans nos propres têtes.
    Conséquence : aux minables vociférations d’un Soral (entre autres) on réagit par des contre-vociférations ; on légitimise la vocifération donc les siennes. On ne sait plus parler autrement ; loin d’être des « Soral killers » on se complète (complait…) avec lui, il est notre raison d’être, nous la sienne.
    • Celle à laquelle j’adhère : s’efforcer à une analyse froide et, si possible, chiffrée des évolutions et des motivations. Refuser d’emblée la facilité du « tous antisémites ». Entre autres au cas échéant, militer pour un changement de paradigme en matière de définition de l’irresponsabilité psychiatrique dès que le crime est reconnu comme raciste (en l’occurrence antisémite, ce qui est le cas) : pas d’irresponsabilité psychiatrique pour des crimes racistes.
    Le problème est là, et non telle ou telle petite juge.
    Et naturellement, éviter de semer panique, hystérie et colère, mauvaise conseillère, en calomniant la police.

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