Elle n’a que 32 ans et pourtant sa vie est déjà un roman. L’artiste israélienne sort son premier album, When Morning comes, à la fois intime, mélancolique et empreint d’une certaine légèreté.
En novembre dernier à l’hommage rendu à Barbara à la Philharmonie de Paris, elle avait bluffé l’audience en reprenant Perlimpinpin , un message contre la violence qu’elle a chanté en trois langues: hébreu, arabe et français. Mika Hary était aussi la seule artiste étrangère sur scène. Elle est israélienne. «C’était un immense honneur, se rappelle-t-elle. De là, elle a découvert la France en partant sur les routes aux côtés de Rufus Wainwright dont elle assurait les premières parties.
En ce début d’été, la voici de retour à Paris. Ce mercredi, elle était à l’affiche avec ses trois musiciens aux Ducs des Lombards. Mais surtout, elle a choisi Paris pour lancer son premier album. Avec sa pop matinée de jazz et sa voix cristalline, Mika Hary a réussi à se créer un univers délicat bien à elle. Ses textes comme son premier titre When Morning comes dédié à ce moment magique du petit matin sont à la fois intimes, mélancoliques et empreint d’une certaine légèreté. Elle-même est délicate, avec ce chic typique des chanteuses de jazz façon Diana Krall et Melody Gardot : blonde, discret rouge à lèvres rouge et trench-coat.
Moscou, Tel Aviv et New York
Elle n’a que 32 ans et pourtant sa vie est déjà un roman. Née à Haïfa, d’une mère professeur pour enfants en difficulté et d’un père entrepreneur, elle a baigné dès toute petite dans la musique. «Mes arrières grands-parents maternels étaient russes, venaient de Moscou et de la frontière polonaise. Ils sont venus vivre en Israël et depuis ma famille a toujours été baigné dans la musique classique. Dès l’âge de trois ans, j’écoutais des morceaux avec un casque sur les oreilles, en le tenant bien fort (elle fait le geste, ndlr). C’était une passion. Mes parents m’emmenaient dans des activités musicales, j’ai eu mon premier piano à l’âge de six ans, me suis inscrite dans une chorale à onze. À seize ans, au lycée, j’avais mon groupe, j’écrivais et je composais des chansons.»
Son premier show devant un public payant est un hommage à Joni Mitchell. Tsahal, l’armée de défense d’Israël la repère. Il n’y a que dix places pour faire son service militaire dans l’orchestre de l’armée. Non seulement, elle est prise mais en plus elle devient leur chanteuse principale. À 21 ans, elle s’installe pour sept ans à New York. Fait des études de jazz et de philosophie à la New School et rencontre plein de gens extraordinaires, des musiciens du monde entier. «L’inspiration d’un artiste ne vient pas que de son art mais de différentes formes d’art. Pour cela, il faut avoir une vie riche», dit-elle. Au fil des mois, elle trouve son style musical, monte un groupe et joue dans des clubs mythiques comme le Rockwood Music-Hall et le Living-Room où a été découverte Norah Jones. En toute logique, elle enregistre un premier album mais, entre ses études et le studio, elle y passe trop de temps.
À la fin du processus, elle ne se reconnaît plus dans certaines chansons, d’autres lui semblent mal enregistrées. Elle y a dépensé beaucoup de temps et d’énergie et est évidemment «furieuse» quand son nouveau manager lui dit de «repartir à zéro». Une décision très difficile mais en 2014, elle s’y remet. Fin 2016, elle est prête, enregistre l’album à New York et rentre vivre en Israël. Là-bas, son album sortira cet été. Elle qui aime chanter dans des lieux inhabituels a choisi un rooftop à Tel Aviv. «Il appartient à une amie designer. Cet endroit ressemble à un jardin plein de sculptures d’art contemporain. Pendant le concert, nous allons également projeter mes vidéos», raconte-t-elle, déjà excitée par l’aventure. À la rentrée, ce sera le lancement à New York. Elle veut réussir avec éclat. Vu la qualité de ce premier album, nul doute qu’elle y arrivera.
Léna Lutaud
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