Du rififi dans l’poulailler : Les dindes se lâchent… , par Sarah Cattan et Michèle Chabelski

Ça s’rait une chronique hebdo. Deux dindes qu’elles se lâcheraient. Ça papoterait dans la basse-cour. Elles s’occuperaient de tout : La banlieue. Les stilletos et la prothèse de hanche. Le Mariage pour tous. Le vernis semi-permanent. Le Procès Bensoussan. Le Rose est le noir de l’été. L’épuisette est bredouille Elles auraient rien pécho.
Ça s’appellerait Du rififi dans l’poulailler : Les dindes se lâchent

On ne pleure pas quand on est une grande fille.

Les jurés qui se réunissent pour attribuer le Nobel de littérature doivent lire les œuvres par ordre alphabétique je pense.
Et ne sont pas arrivés à la lettre « R ».
Sinon Philip Roth aurait remporté le prix Nobel de littérature bien sûr.
Il y a 2 ans ils en étaient encore à « D » puisque c’est Bob Dylan qui a décroché la timbale.
Levy l’aura avant Musso.

On ne pleure pas quand on est une grande fille.

Depuis 3 jours, je chausse régulièrement mes baskets, j’enfile ma veste et je sors chercher un cadeau pour la fête des Mères.
Sauf que je n’ai plus de mère.
La mémoire est un muscle qu’il faut régulièrement travailler dit-on.
La mienne est un peu molle du genou, ou alors, telle une infirmière attentionnée, elle protège mon cœur comme on ménage un malade à qui on ne dit pas toute la vérité.

Et puis brusquement, le pansement tombe et la plaie brûle…Et Jacob, quand il a achevé son œuvre de démolition systématique et laissé un champ de ruines fumant, eu égard à son regard acéré qui ne laisse rien dans sa forme initiale, me dit d’un air désolé: Tu dois être triste de ne plus avoir de maman le jour de la fête des mères…

On ne pleure pas quand on est une grande fille.

Mais on rit souvent quand on est soi-même une Maman et une grand Maman comblée, que 2 filles et 4 chenapans vous offrent des colliers de « Mamie – je-t’aime », joyaux précieux, tatouages indélébiles qui inscrivent l’éternité sur le cœur et la mémoire…

On dit merci quand on est une grande fille…

Que cette journée de courses sabbatiques pré fête des mères vous offre ce cadeau précieux: l’inspiration, sans laquelle le collier de coquillettes fera figure de création inédite…

Chabbat Chalom
Git chabes
Je vous embrasse

Michèle

Hey Michèle. Ben oui ma Belle. T’as raison, paraît qu’on pleure pas quand on est une grand’ fille. Bon alors on se cache pour pleurer si tu veux ? Mais t’as pensé à la suite ? Les paupières : enflées qu’elles seront. Le nez : bouffi. Les joues : écarlates. Les cheveux : tout collés. Pouark. Dis Michèle, t’as remarqué le truc, toi, que y a des filles elles sont belles quand elles pleurent, mais pas toutes ! Au cinéma, pleurent toutes en belles !

Tu l’avais pas lu ce bouquin Les Larmes des Hommes, toi ? Je pourrais pas aimer un mec qui pleure pas, moi. Non Non : ni non plus un mec qui pleure tout le temps.

N’empêche : Le truc tout pourri d’la Fête des Mères quand t’en a même plus une, de mère, j’te dis pas comment je te crois que ça craint graaave.

Hey Michèle Tu t’rappelles que j’t’ai demandé un jour si t’en avais, toi, d’ la patience avec ta mère. Et même que c’est là que tu m’as dit que t’avais même plus de mère.

Que moi ça m’a fichu la trouille.

Qu’un jour forcément ça va m’arriver. Enfin non. Ça va lui arriver. Qu’elle me plantera là. Y aura plus les senteurs. Y aura plus les goûts. Y aura plus les gâteaux qu’elle dit Y a pas d’sucre Y a pas d’huile Et que moi ça m’énerve Et que toujours je dis Ben y a quoi alors?

Et que j’en aurais plus des gâteaux pleins d’huile De sucre De miel partout

Tu vois lesquels ? Ceux qu’ils sont bons et qu’ils collent. Nos madeleines à nous quoi ! D’la cannelle D’la rose.

Y aura plus les trucs exaspérants-attachiants. Elle appellera plus le matin et le soir. Non d’ailleurs des fois même que c’est moi qui l’appelle. Juste pour qu’elle m’appelle pas.

Oui maman ça va.
Les enfants ?
Oui ils vont bien depuis hier.
Oui maman mon rhume est passé.
Oui oui j’ai beaucoup de travail mais oui maman j’exagèrerai pas.
Oui maman je serai plus prudente dans mes articles
Oui maman p’têt’ qu’un jour ma sœur et puis aussi mon p’ti neveu ils rencontreront quelqu’un et oui maman ça s’pourrait moi aussiiiiiii Oui Oui maman je s’rai moins difficile ! Je sortirai davantage. J’chercherai mieux. J’perdrai plus mon temps avec des erreurs de casting. T’inquiète maman : j’sors jamais avec des mecs mariés.

Ça craint comment ce jour-là on va m’ramasser en morceaux. Je chialerai parce que je pourrai marcher pieds nus. Qu’elle me dira plus ma fille tu vas t’enrhumer. Mange Ma fille T’aimes pas ça ou quoi ?

Ça craint Michèle. J’s’rai plus rien qu’une orpheline. Une sans mère.
Pour de vrai
Comme Toi et Toi et puis Toi Qui toutes me dites oh la la le truc combien il fait trop mal

Hey Michèle. Ma mère, tu sais quoi ? Elle a pris sa voix de cérémonie. Tu sais style je parle pointu  et Elle a dit : Je ne vous ai jamais rien demandé. Donc : je demande une chose : les 7 jours. 

Et vlan.
Que nous 4 un peu comme dans Le Tango des Rashevski on sait rien de tout ça
Que moi les 7 jours j’ai juste vu Ronit et Shlomi. Elkabetz Oui.
Que moi cette affaire ça me dit rien qui vaille : j’veux pleurer tout mon saoul. Seule seule seule. Puisqu’elle m’aura abandonnée
Voilà

Après ? Ben après tu sais bien. Commencera tout le processus de deuil Que chez nous il s’appelle le processus de culpabilisation. J’aurais dû y aller plus souvent. J’aurais pas dû m’énerver. J’aurais dû être patiente quand elle me parlait d’illustres inconnus et que leur belle-fille elle s’était cassé le poignet Et que la cousine connaissait le cousin de mon père, tu sais, celui qui voulait être rabbin mais qu’a finalement épousé un mannequin suédois

Et que moi je m’énervais Je sais, maman, un mannequin suédois c’est un homme comme un autre Le Mariage Il est pour tous Même pour les rabbins

J’aurais pas dû dire Mais maman je saaaais Tu me l’as déjà diiiiiit
Me taire. C’est ça que j’aurais dû.
Me taire. Oui mais Pas trop : Ma mère elle aime pas le silence. Ma mère elle fait les commentaires. Au ciné. Quand le PR fait son allocution. Ma mère elle commente. En direct.
Alors. Comment j’vais faire sans les commentaires de ma mère.

Va savoir… 

Que cette journée vous épargne une gabegie de neurones et d’énergie : les dindes se sont lâchées. Elles ont fait l’boulot.

Sarah & Michèle

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