Cannes : NETEMO SAMETEMO (Asako I & II), par Laurent Gahnassia

Présenté en milieu de semaine en compétition officielle, le 7ème film du japonais Hamaguchi Ryusuké est une surprenante partition sentimentale à travers laquelle on se surprendrait à déceler quelques accents de Marivaux ou Feydaux…

C’est aussi cela finalement, la magie du cinéma : ce télescopage d’univers si différents (et complémentaires) du verbe et de l’image ; fussent-ils originaires de contrées distantes de milliers de kilomètres…

Le cœur du spectateur parvient toujours battre au rythme des émotions passées, liées aux souvenirs de ses lectures d’antan… Comme avec cette chronique douce-amère et finalement très émouvante d’une jeune fille réservée, mutine mais très séduisante, qui tombe amoureuse d’un charmant séducteur, hableur, bohème et fugace – et qui ne donne soudain plus signe de vie. Même s’il promet de « toujours revenir »… L’ingénue s’éprend alors d’un autre bellâtre qui physiquement ressemble tellement au premier, qu’elle est persuadée que c’est la même personne !… Les deux tourtereaux se mettent en couple. Le jeune homme est pourtant si différent de tempérament… Et si le premier venait à ressurgir ? Sans ironie narquoise, avec au contraire une malice que renierait pas La Fontaine, le cinéaste nippon – avec élégance, sobriété et fort de ses dialogues incisifs – nous fait partager ce petit monde de bobos trentenaires aux préoccupations diffuses ou essentielles selon les moments… C’est drôle, un peu bavard parfois mais toujours charmant, délicat et profond ; sous une douce mélancolie qui en dit plus sur la solitude et les doutes de la jeunesse nippone qu’un long discours philosophique. Un prix du scénario ou du Jury n’est peut-être pas à exclure…

Laurent Gahnassia

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