Naomi, 22 ans, avait appelé le SAMU de Strasbourg pour des douleurs importantes mais n’a été prise en charge que quelques heures plus tard, avant de mourir en réanimation.
En décembre dernier, Naomi a perdu la vie quelques heures après un appel passé au SAMU, qui n’a pas été pris en compte par l’opératrice du service d’urgence. Sa mère raconte à France Bleu Alsace le choc qu’elle a ressenti à l’écoute de l’enregistrement de la conversation, largement diffusé dans les médias.
« J’étais effondrée, abasourdie, choquée », explique Bablyne Musenga, la mère de Naomi, 22 ans, après la diffusion du dernier appel de sa fille, morte en décembre dernier. La famille de la jeune femme, qui a écrit au procureur de la République de Strasbourg, a obtenu auprès des Hôpitaux l’enregistrement de cet appel.
Un choc aussi pour sa sœur Louange Musenga. « Quelqu’un a écouté cet enregistrement, on voit que c’est grave, comment on peut envoyer cela à la famille de la personne et en plus de cela ne pas le traiter correctement ? », demande-t-elle.
La mère de Naomi, aide-soignante, questionne également l’efficacité du SAMU. « Est-ce que le SAMU est toujours à sa place ou est-ce que c’est SOS médecins qui devient le SAMU ou encore les pompiers ? », interroge-t-elle. « Si elle avait été prise en charge pendant les 10 minutes où elle parlait [avec le SAMU au téléphone], peut-être [que] Naomi serait toujours en vie », renchérit Bablyne Musenga.
Victime d’un infarctus quelques heures plus tard
Les Hôpitaux de Strasbourg ont ouvert une enquête administrative le jeudi 3 mai, après la mort de la jeune femme de 22 ans en décembre dernier. La ministre de la Santé Agnès Buzyn s’est déclarée « profondément indignée » et a dénoncé de « graves dysfonctionnements ».
Les faits remontent au 27 décembre. Souffrant de fortes douleurs au ventre, la jeune femme était seule quand elle avait composé le « 15 » pour appeler à l’aide. Elle avait obtenu pour unique réponse de l’opératrice des pompiers, qui prenant en charge son appel avec dédain, lui avait recommandé d’appeler SOS Médecins.
« Vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde »
La famille de la jeune femme, qui a écrit au procureur de la République de Strasbourg, a obtenu auprès des Hôpitaux l’enregistrement de son appel téléphonique au SAMU. Dans ce document sonore, on l’entend qui peine à s’exprimer et semble à bout de force. « J’ai mal au ventre », « J’ai mal partout », « Je vais mourir… », dit-elle en soupirant. « Vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde », lui répond l’opératrice des pompiers, qui la renvoie vers SOS Médecins, retardant le déclenchement des secours.
La vidéo qui glace le sang! #JusticePourNaomi
Prise de très fortes douleurs, Naomi, à bout de force appelle le SAMU de Strasbourg et explique qu’elle va mourir
Les opératrices du SAMU rient, se moquent et refusent la demande d’assistance
La jeune maman décèdera ds l’après-midi! pic.twitter.com/fqj8wLm0FS— Emmanuel Foulon (@efoulon1) 8 mai 2018
On entend également les échanges qui précédent. Elle est moquée en aparté par l’opératrice qui régule les appels du SAMU et une femme du Centre de traitement des alertes (CTA) des pompiers du Bas-Rhin.
Une enquête administrative diligentée
Selon le journal Le Monde qui cite le rapport d’autopsie, Naomi Musenga a succombé à l’hôpital des suites d’une « défaillance multiviscérale sur choc hémorragique » : plusieurs organes s’étaient arrêtés de fonctionner.
Dans un communiqué daté du 3 mai, les hôpitaux universitaires de Strasbourg ont annoncé avoir diligenté une « enquête administrative destinée à faire toute la lumière sur les faits relatés dans l’article » du journal alsacien. Contactée mardi par l’AFP, la direction des Hôpitaux n’était pas joignable.
La ministre de la Santé Agnès Buzyn s’est dite sur Twitter « profondément indignée par les circonstances du décès » et tient « à assurer sa famille de (son) entier soutien ». Elle annonce avoir demandé une enquête de l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) « sur ces graves dysfonctionnements », s’engageant à ce que la famille « obtienne toutes les informations ». « Une réunion à ce sujet se tiendra dans les jours qui viennent au ministère », ajoute Agnès Buzyn.
Une reunion à ce sujet se tiendra dans les jours qui viennent au ministere.
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 8 mai 2018
Deux organisations d’urgentistes demandent à rencontrer Buzyn
Dans un communiqué commun, deux organisations de médecin urgentistes ont demandé mardi « un rendez-vous immédiat » avec la ministre de la Santé « pour trouver des solutions aux problèmes de régulation médicale afin qu’un tel drame ne se reproduise pas ».
« Les moyens doivent être mis en place pour avoir des régulations médicales modernes et répondant à des critères de qualité », insistent l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF) et Samu urgences de France (SUDF). Les deux organisations soulignent qu’elles « partagent la peine de la famille », se disant « profondément attristées par ce qui s’est passé à Strasbourg ».
« La prise en charge des appels relevant tant de la santé (Samu) que des secours (Pompiers) doit être moderne et traitée de façon rigoureuse par les professionnels dont c’est le métier », ajoutent-elles.
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