En Allemagne, plusieurs lauréats ou responsables des prix ECHO se sont indignés de la récompense remise aux rappeurs Kollegah et Farid Bang pour un album aux textes «méprisants pour la dignité humaine». Suivis, en France, par Renaud Capuçon.
Le chef d’orchestre, directeur musical du Staatsoper de Berlin, a annoncé ce lundi rendre des prix musicaux obtenus en Allemagne après que des rappeurs aux textes jugés antisémites ont été eux aussi récompensés.
Daniel Barenboim, qui a remporté ces dernières années plusieurs de ces prix, nommés ECHO, a dénoncé dans un communiqué un album de rap aux textes «clairement antisémites, misogynes, homophobes et d’une manière générale méprisants pour la dignité humaine». En conséquence, le chef d’orchestre israélo-argentino-hispano-
«Les intérêts commerciaux ne doivent pas supplanter la décence et l’humanité», poursuit dans son communiqué Daniel Barenboim.
Solidairement, en France, le violoniste Renaud Capuçon a tweeté ce lundi soir qu’il renonçait lui aussi à ses prix ECHO (il en a remporté quatre).
— renaud Capuçon (@RCapucon) 23 avril 2018
Pays hanté
La remise des prix ECHO est la cérémonie de prix musicaux la plus renommée en Allemagne, dans des domaines allant du classique à la musique pop en passant par le jazz. Les prix se fondent sur les succès commerciaux des artistes. Depuis le 12 avril et le début de la polémique, plusieurs lauréats de la manifestation cette année ont rendu leurs récompenses pour dénoncer la remise du prix de meilleurs artistes hip-hop de l’année aux rappeurs Kollegah et Farid Bang, qui ont vendu en Allemagne plus de 200 000 exemplaires de leur album «Jeune, brutal et beau gosse 3».
L’une de leurs chansons, 0815, dans laquelle les deux rappeurs se comparent aux prisonniers du camp d’extermination d’Auschwitz, a déclenché une controverse dans un pays hanté par les crimes nazis. De leur côté, Kollegah et Farid Bang ont nié tout antisémitisme.
Démissions en série
Plusieurs responsables des prix ECHO ont aussi démissionné pour protester contre la récompense remise aux rappeurs, également dénoncée par des ministres allemands et des responsables d’organisations juives. Cette polémique qui ne cesse de faire des vagues depuis mi-avril intervient dans un contexte de craintes d’une résurgence de l’antisémitisme en Allemagne.
La chancelière Angela Merkel s’est elle-même émue de cette situation à plusieurs reprises ces derniers mois, la dernière fois dimanche dans une interview accordée à une télévision israélienne.
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