L’un, l’historien que l’on sait, l’homme intègre que l’on a tous envie d’avoir pour ami, attend le verdict de la Cour d’appel : le Parquet, escorté de la police de la pensée, a interjeté appel contre la relaxe qui lui fut accordée. Son honneur est mis en balance : est-il islamophobe, Georges Bensoussan ? Est-il digne des fonctions qu’il exerce au sein du Mémorial ? Une juge tranchera.
Pendant ce temps, un triste sire, qui a certes déjà comparu effrontément devant la XVIIème Chambre, qui a certes déjà été condamné, mais modestement, indigeamment, continue, persiste et signe, et le fait impunément, au royaume de France où semble-t-il chacun à sa guise, tant qu’il n’est pas pris, peut se vouer à sa masturbation jouissive : pour celui-là, il s’agit du délire antisémite.
Fabrice Jérôme Bourbon, qui fut d’abord prof de français mais dont on raconte qu’il dut subir une pétition de collègues demandant son exclusion adhère au Front national à l’âge de 14 ans, après avoir été ébloui par les idées anticonformistes et la maîtrise de l’imparfait du subjonctif de Jean-Marie Le Pen à l’occasion d’un de ses passages dans l’émission L’Heure de vérité.
Pour ce personnage, Marine Le Pen est une gourgandine sans foi ni loi, sans doctrine, sans idéal, sans colonne vertébrale, pur produit des media, qui a multiplié les purges depuis des années et dont l’entourage n’est composé que d’arrivistes sans scrupules, de juifs patentés et d’invertis notoires et Bruno Gollnisch un homme droit, humble, rassembleur, érudit, à la vie exemplaire, d’une exquise courtoisie, aux convictions très solides. Petits meurtres entre amis ? Il nous donnerait presque envie de défendre notre mégère lorsqu’il lui reproche d’être fondamentalement une femme de gauche qui va dans les night-clubs la nuit, voire de porter des jeans. Shame.
Le FN, il le quittera vers 2002 : c’est que son admiration pour des Édouard Drumont et autres Robert Brasillach le pousse à écrire. Le voilà entré chez Rivarol, l’hebdo que tu sais : il prendra le contrôle du journal et nombre de ses rédacteurs se barrent, lui reprochant un putsch. En tout cas, le voilà pépère : un tiers des articles, il en est l’auteur.
La facture à ce jour? Marine Le Pen obtient sa condamnation pour diffamation. Le père le qualifie de taliban hystérique. En 2013, notre zig sera condamné en personne, sans l’aide de quiconque, pour contestation de crimes contre l’humanité. Régulièrement condamné à quelques euros d’amendes pour ses écrits antisémites et négationnistes, il ouvre, dès mai 2015, un compte Twitter où il multiplie les punchlines racistes. Ça lui vaut au départ quelques menus désagréments : une gifle assénée par un courageux avec mise en ligne de la vidéo de l’agression. Le mec, il a que des ennemis. Quand il est interviewé[1], c’est en qualité de représentant de l’antisémitisme contemporain.
Aujourd’hui, le vent va-t-il tourner pour lui. C’est que j’en sais qui s’occupent de son cas. Travailleurs acharnés, ils vivent avec lui. Relèvent tout ce qu’il écrit. Dur labeur s’il en est : c’est celui auquel œuvrent avec acharnement la bande de BAT. Balance ton antisémite.
Grâce à eux, les choses vont-elles reprendre leur juste place. Le verra-t-on à nouveau comparaître à la XVIIe chambre, sur le banc laissé définitivement libre par Bensoussan, et y être enfin empêché de nuire. Question d’éthique. De courage. De cohérence. Gil Taïeb. François Heilbronn. Samy Ghozlan du BNVCA. Et vous autres, du Gouvernement : il y a comme une faille.
BAT a listé les saillies ordurières de l’individu. Ne cherchez point dans ses écrits quelque colonne vertébrale, quelque cohérence. Vous perdriez en vain votre temps : notre homme y va par poussées. Telles une crise d’herpès. Une saillie qui l’obligerait.
Cet obsédé déclare le 19/12/2017, que tant qu’on resterait conditionné par le verdict de Nuremberg et par la version officielle et obligatoire de la Seconde Guerre mondiale imposée par des lois liberticides, aucun redressement ne sera possible car pour ce faire, il fallait s’inspirer, en partie au moins, des fascismes.
Le même jour, il vola à la défense des Saddam Hussein, Pinochet, Salazar, franco, Mussolini et Hitler, s’élevant contre la diabolisation que nous en aurions fait, et nous exhorta à penser par nous-mêmes et à juger sans passion, en toute objectivité, les hommes, les actes, les régimes.
Le voilà, le 2/1/2018, en veine de confidence : Lorsque j’étais collégien et qu’en histoire on nous parlait, en mal bien sûr, des régimes fascistes, j’avoue que j’étais déjà fasciné par ces magnifiques défilés en uniforme, ces régimes d’ordre, de hiérarchie et de discipline, ces familles nombreuses, ces chefs charismatiques.
Comme le monde se porterait mieux sans entité sioniste. Israël est responsable de toutes les guerres au Proche-Orient depuis des décennies avec ses centaines de milliers de morts et il est le bras armé et l’instigateur de la religion de la Shoah. Israël delenda est[2], conclut-il avant d’ajouter : Si Zemmour s’attaquait aux juifs et au judaïsme comme il s’attaque aux musulmans et à l’islam, il y a bien longtemps qu’il n’aurait plus ses émissions à la radio et à la télévision et ses 30 000€ mensuels.
Il cite Himmler le 13 janvier : Comme disait à peu près Himmler : qu’on puisse être à la fois juif et allemand, ça me dépasse. C’est vrai, poursuivait-il, il faut choisir son camp. Cheminant entre Auschwitz et les Pays-Bas, Himmler se disait en lui-même : on ne peut pas être à la fois au four et au moulin.
Ce 13 janvier décidément devait l’inspirer. Il se prend à citer Desproges. A prostituer Desproges. S’en émancipant malhonnêtement et écrivant qu’il se méfie des rumeurs : quand on me dit que si les juifs allaient en si grand nombre à Auschwitz, c’est parce que c’était gratuit, je pouffe.
L’individu affirme bien sûr que tous les médecins sont juifs. Et ajoute : Enfin, pour le docteur Petiot, je suis pas sûr. Le docteur Petiot est ce médecin parisien qui a réussi à démontrer en 1944 que les juifs étaient solubles dans l’acide sulfurique.
Dès son plus jeune âge, poursuit-il, le juif recherche la compagnie des autres juifs. Et c’est pas toujours facile. Depuis que le port de l’étoile est tombé en désuétude, c’est pas évident de reconnaître comme ça du premier coup d’œil un petit enfant juif d’un petit enfant antisémite.
Ce 13 janvier fut décidément un grand jour. J’ai regardé : c’était un samedi. Tiens, voilà un bruit idiot qui court : quand on vous dit que les juifs sont vecteurs de maladie, c’est pas vrai. Regardez Schwartzenberg, est-ce qu’il est cancérigène ? Non. Comme disait mon copain Le Luron : Il suffit de pas trop s’approcher.
Le docteur Petiot n’était pas juif. Alors que Schwartzenberg, si ! Cela dit, il n’y a aucun rapport entre Petiot et Schwartzenberg, je ne sais même pas pourquoi je fais le rapprochement. Non, je veux dire que Schwartzenberg, lui, il fait pas exprès de tuer les gens !
Le 2 février, quand un enfant juif fut agressé à Sarcelles, il s’interrogea : agressé à Sarcelles parce que juif ? Encore une fausse agression antisémite ? Comme le rabbin Fahri qui s’était auto-mutilé ? Comme Alex Moïse qui s’envoyait à lui-même des messages haineux ? Comme la fausse agression à coups de croix gammées du RER D ? […] Lorsque les media et les politiciens poussent des hauts cris en relatant une agression antisémite, à chaque fois, je me demande combien de jours il faudra pour que le bidonnage soit avéré. Mais on est plus discret quand il s’agit d’avouer que l’agression était fausse. Une petite piqûre de rappel : un enseignant juif accusé d’avoir inventé une fausse agression antisémite : comme c’est étrange ! Un juif qui ment, c’est impossible, voyons !
Mais on nous ment régulièrement à propos de fausses agressions antisémites pour faire pleurer sur le peuple éternellement victime, ne nous mentirait-on pas aussi effrontément sur d’autres « faits » historiques ? Mais non je m’égare, c’est impossible : un juif ne saurait mentir !
Dieudonné aurait-il raison quand il dit dans son spectacle Le Mur qu’il y a des liens entre le judaïsme et le mensonge ? Cela voudrait dire que tout ce dont on nous rebat à l’oreille à l’école, à la télé, et dans les journaux depuis l’enfance est faux ? On n’ose le croire.
La polémique Céline-Maurras aggrava le mal qui le rongeait de partout : Mais j’y pense tout d’un coup : en interdisant la réédition des pamphlets de Céline, en interdisant de commémorer Maurras, ne voudrait-on pas empêcher que des lecteurs découvrent ce que ces deux écrivains ont écrit sur un certain nombre de sujets et que les écailles leur tombent des yeux ? […] On ne peut découper en tranches la pensée de Maurras. Elle forme un tout cohérent. Sa critique de la démocratie, de la République maçonnique est inséparable de sa position sur la question juive. L’une ne va pas sans l’autre. L’une s’explique par l’autre. L’une découle de l’autre. […] L’influence et la puissance du lobby juif n’ont nullement été réduites depuis l’avant-guerre, bien au contraire. La non-réédition des pamphlets de Céline, le retrait de Maurras du livre des commémorations de 2018 en sont des signes tangibles, même s’ils sont loin d’être les seuls.
Il se prend parfois à disserter de manière plus générale, s’interrogeant de facto lui-même sur l’impunité de laquelle il bénéficie : Mais pourquoi et au nom de quoi faudrait-il absolument lutter contre l’antisémitisme, se demande-t-il. Après tout de grands personnages dans l’histoire ont été antisémites, des princes de l’église, des rois, des écrivains, des chefs de l’Etat, des saints canonisés. Et alors, où est le mal ? […] Finalement, les personnages les plus intéressants dans l’histoire n’ont-ils pas tous été antisémites ? J’irai même plus loin : un homme courageux et réfléchi peut-il être philosémite ? Faites-moi une dissertation sur le sujet, je corrigerai vos copies en écoutant Degrelle[3].
Notre zig, il a ses idoles : Yvan Benedetti professait tout de go devant un journaliste : je suis antisioniste, antisémite et anti-juif. Il est gonflé, l’ami Yvan, non ?
Parfois, une bouffée l’envahit : ça s’appelle le manque. Il tweete compulsivement : Et si on parlait un peu des juifs ce soir ? Ça me manque ! Pas vous ? Ah bon !
Nous voilà au 6 mars. Hier quoi : JMLP sur RMC : Les chambres à gaz, ce n’est pas un détail, qu’est-ce que c’est ? Les chambres à gaz, j’ai dit que je n’en connais pas, que je n’en ai pas vues, que c’est un détail de l’histoire, ce qui est évident. Ce moyen a été utilisé, semble-t-il, au camp d’Auschwitz.
Il cite ce qu’il a compris comme un pur diamant desprogien : On ne m’ôtera pas de l’idée que, pendant la dernière guerre mondiale, de nombreux juifs ont eu une attitude carrément hostile à l’égard du régime nazi. Mieux vaut entendre ça que d’être juif ! […] Dans la Collaboration, pour bien gagner a vie, il faut dénoncer des Juifs. Ce n’est pas très marrant de dénoncer. Oui mais, dans la Résistance, on ne dénonce pas les Juifs, mais il faut vivre avec !
Que l’on m’explique. Alors que Georges Bensoussan est dénoncé pour une catachrèse, alors qu’il lui est reproché d’avoir essentialisé, et ce par l’emploi abusif du déterminant Les, lui qui osa dire sur France Culture Les musulmans, comment la logorrhée de Jérôme Bourbon est-elle encore de mise. Pourquoi la loi n° 90-615 du 13 juillet 1990 et l’article 261 bis du Code pénal, dits Loi Gayssot, ne sont-ils pas appliqués.
[1] Pourquoi nous détestent-ils Série documentaire. Interview d’Alexandre Amiel.
[2] 2/2/2017
[3] Léon Degrelle. Hitlérien revendiqué. Antisémite avéré. Négationniste.
Sarah Cattan
ecoeurant ce cinglé. Cela n’est pas possible de laisser publier
cette merde.
Je ne sais pas si « tous les medecins sont juifs » mais concernant la justice ils sont plus nombreux à être avocats que magistrats. Ils préfèrent aider leur prochain, comme médecins aussi, plutôt que de le juger…