Amazon : la stratégie du monopole, ou comment approvisionner la planète

Il semble que le message ne soit pas encore définitivement passé : Amazon, « inexorable machine de guerre », mène la vie dure aux commerces, menaçant directement les centres-villes. À partir d’une étude de l’institut américain ILSR, les chiffres s’accumulent, accusateurs, contre l’entreprise de Jeff Bezos.

C’est toute la stratégie d’Amazon que l’enquête retrace, soulignant les multiples incidences économiques, sociales, sociétales et culturelles de son action. On n’y apprend en soi rien qui ne soit déjà su : cette mise à jour a le mérite de mettre les pendules à l’heure.

En quatre points ciblés, l’étude revient sur le comportement adopté depuis la création de l’entreprise, qui se contentait, dans ses premiers temps, de vendre des livres sur internet. Presque invraisemblable aujourd’hui que l’on peut retrouver jusqu’à des couches-culottes. L’économie souffre donc, dans son ensemble, de ce que la market-place soit devenue un point d’entrée sur une multitude de territoires, et ce, pour des milliers d’entreprises.

Le nœud gordien est avant tout qu’Amazon dispose maintenant d’une force telle qu’il lui est possible de fixer les conditions d’accès. Et de priver des opérateurs des clients de ces territoires.

« Amazon fait penser aux barons du chemin de fer américains du XIXe siècle, qui décidaient quelles entreprises pourraient ou non acheminer leurs marchandises jusqu’à leurs clients et ce qu’il leur en coûterait, ou aux patrons d’ateliers de confection du même âge d’or inégalitaire, qui payaient leurs ouvrières à la tâche », relève le Syndicat de la librairie française, qui a fait traduire le rapport.

En termes de travail et d’emploi, l’enquête ne lésine pas : Amazon aurait ainsi détruit 150.000 emplois de plus que l’entreprise n’en aurait créé. En outre se retrouvent les conditions mêmes de travail, et de pointer : pénibilité, surveillance, ubérisation, robotisation… Sur ce dernier point, un robot tuerait 6 emplois directs — et Amazon dispose d’une armée de 50.000 machines, déjà.

C’est également pour des questions de liberté que l’entreprise est pointée : disposant de données personnelles à foison, Amazon repose sur un écosystème propriétaire (que ce soit pour les livres numériques, son service de vidéo à la demande, etc.) qui enferme les clients. Ces derniers fournissent chaque jour plus de données qu’il n’est concevable — exactement comme les internautes peuvent le faire sur Facebook par ailleurs. La crainte est que demain, Amazon, outre qu’il saura tout de ses clients, ne puisse imposer les choix de nos achats.

Enfin, les PME et TPE sont les premières victimes de l’expansionnisme de la firme. Sans disposer de lieux physiques — même s’il faut souligner le développement des vraies fausses librairies aux États-Unis, à venir encore en Europe — Amazon joue l’anguille. Selon le rapport, le modèle économique reposerait sur des aides publiques multipliées, des avantages pour l’ouverture de ses plateformes logistiques.

L’enquête semble d’ailleurs assurer que le montant de ces aides dépasserait les bénéfices réalisés par l’entreprise depuis sa création.

 Un autre monde est possible (il faut l’espérer !)

« Il n’est pas inévitable qu’Amazon conserve indéfiniment sa position dominante. Ses pratiques ne sont pas synonymes d’innovation numérique porteuse d’avenir. À côté d’Amazon, des foules d’entreprises indépendantes créent des modèles où le commerce est à la fois numérique et implanté localement. Il y a aussi des entreprises dans le commerce, la distribution et le transport qui versent des salaires convenables à leur personnel », poursuit le SLF.

Si de nouveaux modèles se présentent et émergent, la capacité de nuisance de l’entreprise semble difficile à contrer. Certes, en France, ou encore au Royaume-Uni, des tentatives pour faire cesser l’optimisation fiscale interviennent. Mais ce que ne dit pas suffisamment l’étude, c’est que les clients s’y retrouvent pour l’heure avec le sentiment d’avoir réalisé les meilleures affaires possible.

L’arnaque aux faux livres écrits par des robots court chez Amazon France

La force d’Amazon est d’être parvenu à bâtir toute sa réputation sur cette image d’entreprise centrée sur le consommateur — lequel ne se préoccupe pas vraiment de savoir quelles sont les pressions qui s’exercent sur les fournisseurs, partenaires ou encore employés. Créer des clients écoresponsables ne sera pas une mince histoire : le monde a plus de vingt années à rattraper. Autre bémol : l’étude traduite de l’anglais s’intéresse avant tout au comportement d’Amazon sur le territoire américain.

Cependant, les mêmes causes ont souvent les mêmes effets, en dépit du territoire…

Pour lire le rapport complet cliquer ICI

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