Quand trois rabbins débattent sur le Judaïsme

Trois rabbins, chacun représentant un mouvement du judaïsme, étaient réunis dimanche 18 février à Paris pour s’interroger sur la réforme de la religion juive.

Venus pour dialoguer avec des représentants d’autres cultes, ils ont engagé en réalité une discussion reflétant les divisions internes au judaïsme.

Quelle place pour la femme dans le judaïsme ? Quel point de vue sur la procréation médicalement assistée (PMA) ? À la tribune, dimanche 18 février à la paroisse Notre-Dame-d’Espérance à Paris, trois rabbins de trois courants de la religion juive, à l’initiative de la Coordination interreligieuse du Grand Paris (Cinpa).

Créée en 2011 par Marc Lebret et Patrice Obert, cette organisation se compose d’associations et de personnalités qui œuvrent pour le dialogue interreligieux. Après l’islam en 2016 et le christianisme en 2017, c’était au tour de représentants de la religion juive de répondre à la question : « Le judaïsme devrait-il se réformer ? » en présence du père Éric Morin, professeur au Collège des Bernardins, de l’imam Tarik Abou Nour et d’Élisabeth Drukier, bouddhiste tibétaine.

Si le judaïsme a l’habitude du dialogue interreligieux, il est moins d’usage que les représentants de ses différents courants débattent entre eux, en particulier sur des sujets comme l’homosexualité, la PMA ou l’égalité homme-femme. Trois courants, trois points de vue.

« En 2018, peut-on pourrir la vie des femmes à ce point ? »

« Le judaïsme doit évoluer face à des problèmes concrets. La femme juive ne peut divorcer de son mari que si celui-ci lui donne son accord par le guet, un acte de divorce que lui seul peut signer. En 2018, peut-on pourrir la vie des femmes à ce point ? », s’est interrogé clairement Yann Boissière, rabbin du Mouvement juif libéral de France (MJLF) né au XIXe siècle avec pour volonté de réduire les tensions entre la loi religieuse juive et le monde moderne. De l’autre côté de la table, le grand rabbin Hay Krief, représentant du grand rabbin de France et d’un courant conservateur lui a répondu que « le judaïsme fait la part belle aux femmes », provoquant des contestations dans la salle.

Pour Yeshaya Dalsace, représentant le courant Massorti prônant une loi juive adaptée au monde contemporain tout en conservant un cadre traditionnel, « la place des femmes est un vrai problème chez nous, les rabbins se sont trompés. »

Yeshaya Dalsace avait pris position en 2012 lors de la « manif pour tous » pour aider à une meilleure acceptation de l’homosexualité dans le judaïsme. Le rabbin a aussi rappelé que la PMA est moins taboue que dans d’autres religions : « Le judaïsme regarde ces avancées avec bienveillance. Ce type de procréation n’est pas condamné. »

Un reflet des tensions internes

Débat constructif selon l’un des intervenants, vain selon l’autre, la conférence de dimanche 18 février a reflété les tensions internes. Si Yeshaya Dalsace et Yann Boissière ont prôné la prise en compte de l’évolution de la société, le conservateur Hay Krief a écarté la question en soutenant, à la fin de la conférence, que la loi religieuse « est comme un panneau stop. On ne l’éloigne pas parce qu’on freine trop tard. »

Le lendemain, le grand rabbin se félicitera d’avoir pu débattre avec ces autres mouvements du judaïsme. « C’est toujours un avantage de pouvoir dialoguer et partager avec ces autres mouvements », déclarera-t-il.

Un point de vue que ne partage pas le rabbin du MJLF Yann Boissière. « Les réponses données par le mouvement conservateur aux questions abordées pendant le débat, que ce soit sur la place des femmes ou sur l’homosexualité, étaient un écran de fumée. On a eu la preuve en action que le mouvement orthodoxe est dans un refus total du dialogue, de la discussion », expliquera-t-il plus tard. Avant d’ajouter : « Notre discussion vigoureuse a été symptomatique des scissions au sein du judaïsme. »

Constance Vilanova

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6 Comments

  1. Le problème n’est pas tant de réformer le judaïsme que de ne plus accorder aux « orthodoxes » la préséance et le pouvoir reconnu, voir officiel comme en Israël, de décider qui est juif ou non, ce qui est conforme à la Halaka et tutti quanti. L’orthodoxie ou le judaïsme talmudique doit être un courant comme les autres sans prérogative, quand bien même il serait majoritaire chez les rabbins.

    Mais pour cela, il faudrait peut-être commencer par penser un peu moins en terme de « juif » et un peu plus en termes d’hébreu ou d’israélite. Israël État Hébreu, comme il est appelé parfois, me semble plus fédérateur pour la diversité éthnico-religieuse du judaïsme et même non judaïque, comme pour les samaritains, les karaïtes, les falachas voir même ces « palestiniens » qui sont pour une partie d’entre eux des hébreux islamisés se prenant pour des arabes…

    • concernant le divorce tout est faux
      je ne suis pas du tout religieux , mais je pense et croit que les femmes devraient se contenter d’etre femmes dans tout les points de vues
      de ne pas se prendre pour des rabins . a moins de se laisser la barbe comme les portugaises , car il ny a pas plus faux , que la religion d’aujourd hui , avec tout ces rabins pedo et voleurs qui font chanter le 1 er ministre israelien .
      avec tout ce qu ils veulent imposer au peuple ils sont pirent que les ayatolats car ces des hypocrites
      aussi mesdames rester dans votre coin et si vous voulez faire des reformes alors c’est simple convertisser vous au christiannisme ou a l’islam

  2. C’est GROTESQUE de decouvrir l’invraisemblable !Mettre de côté le ÉMET pour divulguer de l’A PEU PRÈS !pour être au goût du jour? C’est Grave ! BRAVER HKBH ! Ou veut-on en venir?

  3. ….. répondre à la question : « Le judaïsme devrait-il se réformer ? » … on devrait plutôt essayer de répondre à la question : « comment réformer l’islam ? », c’est plus urgent, non ?

  4. mais le judaisme n’est pas immuable ! On a bien pratiqué la polygamie et c’est l’ordonnance de Rabbi Geshom en pays ashkénaze qui l’a supprimé !
    On n’applique plus la lapidation !
    Bref pourquoi le judaisme a évolué durant des millénaires et maintenant, soudain, les orthodoxes voudraient le figer à jamais ?
    La loi on peut l’incliner dans le sens de la majorité, dit le Talmud, c’est autorisé donc.

  5. Figer le texte fut il sacre est une forme d idolâtrie
    L’important est de savoir ce que le texte veut nous dire aujourd’hui, il ne s agit pas de renier ou de s écarter du texte mais de reconnaître son caractère contextuel nécessitant d être revisité e n privilégiant l’hebraisite plutôt qu une orthodoxie «  car anisée » se voulant seule détentrice de la vérité
    Il est licite que plusieurs courants puisent dialoguer dans une relation d altérité,ce qui semble difficile pour le courant orthodoxe.

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