Les Etats-Unis sont-ils vraiment « marginalisés », comme l’a affirmé Emmanuel Macron après la décision américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël et d’y transférer leur ambassade?
Alors que le Guatemela a annoncé lundi 25 décembre son intention d’imiter Washington avec le déménagement de son ambassade de Herzliya (banlieue de Tel-Aviv) à Jérusalem, d’autres pays pourraient leur emboîter le pas, assure le gouvernement israélien.
Mais quels seraient ces États?
Avec le Guatemala et les Etats-Unis, on peut déjà citer les sept autres pays qui ont voté contre la résolution adoptée à l’ONU le 21 décembre, et qui condamne la décision de Donald Trump: le Honduras, le Togo, les îles Marshall, la Micronésie, la République de Nauru et l’archipel de Palaos. Trente-cinq autres se sont abstenus.
We appreciate these countries for not falling to the irresponsible ways of the @UN: pic.twitter.com/a0hUTepD8H
— Nikki Haley (@nikkihaley) 21 décembre 2017
« Nous sommes en contact avec au moins dix pays dont certains en Europe », en vue du transfert de leur ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, a affirmé la vice-ministre des Affaires étrangères Tzipi Hotovely à la radio publique, sans pour autant donner les noms des pays concernés. « La déclaration de Trump va enclencher un courant dont nous n’avons pour le moment vu que les prémices », s’est-elle bornée à affirmer.
Selon la radio israélienne, le Honduras, les Philippines, la Roumanie, le Togo, et le Soudan du Sud seraient susceptibles de prendre une telle initiative. Même s’il n’est pour le moment question que de simples contacts et non de négociations concrètes pour le transfert des ambassades dans un avenir proche.
Les alliés des Etats-Unis
Si « le Guatemala est historiquement pro-israël », comme l’a justifié le président guatémaltèque après son annonce, ce n’est pas le cas de tous les pays qui ont rejeté la résolution de l’ONU. La plupart d’entre eux sont en effet avant tout des alliés des Américains, dont ils respectent les prises de positions géopolitiques.
C’est notamment le cas des îles Marshall, de l’archipel de Palaos, ou de le République de Micronésie, comme l’explique Yves Doutriaux, ancien représentant adjoint de la France à l’ONU, à France 24. « Il s’agit d’anciennes colonies américaines qui sont très largement subventionnées. Leurs votes en faveur des États-Unis sont quasiment automatiques », analyse le professeur de géopolitique.
Pour d’autres, comme le Honduras, c’est avant tout l’argument financier et économique qui a joué. Les Etats-Unis sont en effet le premier partenaire commercial du pays, sans compter les investissements d’aide au développement, comme n’a pas manqué de le rappeler Donald Trump, dans une menace à peine voilée avant le vote à l’ONU. Plus récemment, l’influence des Etats-Unis au Honduras a été illustrée lors de l’élection présidentielle. L’adversaire du président sortant, Juan Orlando Hernandez, candidat à sa succession, a ainsi fini par reconnaître la victoire (contestée dans un premier temps) de son rival, après que les Etats-Unis ont reconnu sa réélection. « Avec la décision des Etats-Unis, je suis hors-jeu », a ainsi déclaré l’adversaire du candidat soutenu par Washington.
Les alliés d’Israël
Le Soudan du Sud fait aussi partie des pays cités par les médias israéliens. Pourquoi? Parce qu’Israël, de façon discrète, a soutenu la rébellion qui a abouti en 2011 à la création du Soudan du Sud, et que depuis, les dirigeants des deux pays font tout pour se soutenir l’un et l’autre. Pour le Soudan du Sud, l’intérêt est bien sûr de bénéficier de l’appui (financier mais aussi diplomatique) que lui offre Israël. Pour l’Etat hébreu (et son allié américain), il s’agit avant tout de mettre un pied sur le continent africain, mais aussi de profiter des (importantes) ressources pétrolières du Soudan du Sud, comme le rappelle Le Monde.
Les pays d’Europe de l’Est
A en croire les déclarations des autorités israéliennes, certains pays d’Europe seraient aussi susceptibles de déplacer leurs ambassades à Jérusalem. Si aucun pays européen n’a voté contre la résolution onusienne, plusieurs pays d’Europe de l’Est se sont abstenus: la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la République Tchèque, la Hongrie, la Lettonie et la Roumanie ont ainsi choisi de ne pas choisir. Dans la foulée de la déclaration de Donald Trump, la République Tchèque avait d’ailleurs annoncé qu’elle reconnaissait « dans la pratique Jérusalem comme la capitale d’Israël dans les frontières de la ligne de démarcation de 1967″, tout en précisant qu’un transfert de l’ambassade ne pourrait être envisagé sans négociation avec les acteurs de la région.
Cette abstention, si elle n’a pas de conséquence réelle, vient illustrer une nouvelle fois la fracture entre les pays d’Europe de l’Ouest et ceux de l’Europe de l’Est, déjà visibles sur des sujets aussi divers que l’immigration, le respect de l’Etat de droit mais aussi la diplomatie, notamment en ce qui concerne les Etats-Unis depuis l’élection de Trump mais aussi le Proche-Orient.
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